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CEN — CEP

☞ CENTUPLE. s. m. Cent fois autant. Centuplum. Il a dépensé beaucoup dans cette affaire ; mais on lui a donné le centuple. Cette terre rend, rapporte au centuple. Centesimum fructum affert. Doubler au centuple. Centuplare, centuplicare. En style d’Ecriture, Dieu rendra au centuple tout ce qu’on lui aura fait.

☞ Centuple est aussi adj. de t. g. Une somme est centuple d’une autre. Centuplex, centuplus.

CENTURIATEUR. s. m. ☞ qui distribue, qui compile par centuries, par centaines. Ce mot n’est usité qu’en parlant de certains Auteurs Protestans, qui ont composé une histoire ecclésiastique, & l’ont rédigée par centaines d’années, & qu’on appelle Centuriateurs de Magdebourg, Centuriatores, parce que l’ouvrage fut commencé dans cette ville. Ce furent quatre Ministres de cette ville-là, qui en furent les premiers Auteurs, dont le chef étoit Matthias Flaccius Illyricus. Elle a été revue par Lucius, Professeur à Bâle, & réimprimée en 1624, en trois volumes. On dit que Baronius n’avoit entrepris ses Annales, que pour combattre les Centuriateurs de Magdebourg, dont le but étoit d’attaquer l’Eglise Romaine, & d’établir la réforme.

CENTURIE. s. f. Partie d’une chose divisée ou rangée par centaines. Centuria. Dans le temps que le peuple Romain s’assembloit pour créer des Magistrats, ou pour établir des loix, ou pour délibérer des affaires qui concernoient la République, il étoit divisé par centuries ; & afin que l’on pût recueillir plus facilement les suffrages, on opinoit par centuries. Cela se faisoit dans le Champ de Mars, & ces assemblées s’appeloient Comitia centuriata. C’étoit l’assemblée de tout le peuple. Les cohortes romaines étoient distribuées par décuries & par centuries. Le Décurion commandoit la décurie ; le Centurion, la centurie : chaque cohorte étoit composée de six centuries ; & une légion, de soixante centuries. Plusieurs Auteurs divisent leurs ouvrages par centuries. Gombaut a fait trois centuries d’Epigrammes.

Centurie, se dit particulièrement des vers de Nostradamus, rangés par centaines de quatrains ou de sixains : chaque couplet s’appelle quelquefois une centurie, centuria ; même ceux qui font des quatrains pour imiter ces prétendues prophéties, les appellent des centuries.

Centurie de Magdebourg. Histoire Ecclésiastique divisée en treize Centuries ; elle contient treize siècles, & va jusqu’à l’année 1208. Res Ecclesiasticæ per centurias annorum à Doctoribus Magdeburgensibus divisæ ac rescriptæ, centuriæ. Quelques Savans en formèrent le projet, & y travaillèrent sous la direction de Flaccius Illyricus. Voyez Centuriateurs.

CENTURION. s. m. Terme de Milice Romaine. Officier Romain d’infanterie, qui commandoit à cent Soldats ; c’est la même chose que Centenier. Centurio. Le Centurion de la première cohorte de chaque légion s’appeloit Primipilus. Il n’obéissoit qu’au Tribun, & commandoit quatre Centuries. Il gardoit l’étendard, & l’aigle de la légion. Il y avoit à Césarée un homme nommé Corneille, Centurion dans la cohorte appelée Italienne. Simon, Act. des Ap. X, 1. Le Port-Royal a dit Centenier. Corneille le Centurion est le premier Chrétien d’entre les Gentils. Chastelain. Si S. Longin est le Centurion qui se convertit à la vue des miracles qui se firent à la mort de Jesus-Christ, Corneille n’est pas le premier Chrétien d’entre les Gentils, ou du moins cela n’est pas sûr.

☞ On dit Centurion en parlant de l’Histoire Romaine. Centenier, est usité dans le style de l’Ecriture.

CENTUSSE. s. f. en latin centussis : cent sols de monnoie romaine. A la béatification & canonisation de S. François de Sales, il coûta en purs dons 3612 centusses de monnoie romaine. Le Card. Lambertini. On donne à l’Avocat consistorial cent centusses, qui se partagent entre le corps des Avocats consistoriaux. Idem.

CEO.

CEOLS. s. m. Nom d’homme. Celsus. S. Celse, vulgairement appelé S. Ceols, ou S. Ceouls, & par corruption S. Sous, dans le Diocèse de Paris, & en Berry, nom que les Géographes ont encore plus défiguré en l’écrivant sur leurs cartes, Cinqsoles, & que les anciens titres d’une Paroisse du Diocèse de Paris, vers les limites de l’Evêché de Chartres, nomment saint Cheours, étoit un jeune enfant qui fut martyrisé à Milan dans le premier siècle avec S. Nazaire. Voyez Bailler, 28 de Juillet.

CEP.

CEP. s. m. Souche, pié de vigne. Vitis, vinea, stirps, truncus. Arracher un cep. Il n’y a que trois ceps à cette treille. Ménage dérive ce mot de cippus, qui veut dire tronc, quoique d’autres le dérivent de capo, ou caput. Quelques-uns écrivent sep par abus.

CEP, ou CEB. s. m. Espèce de Satyre, ou plutôt de singe, dont parie Solin, c. 30. Cepus, ou Cebus. On en vit a Rome au temps de Jules César, si l’on en croit Solin. Pline cependant dit que ce fut à des jeux que donna le grand Pompée ; mais tous deux conviennent que c’est la seule fois qu’on en ait vu à Rome. Ils avoient les pieds de derrière semblables à ceux de l’homme, & ceux de devant à peu près semblables à nos mains. Diodore de Sicile leur donne une tête de lion, le corps de panthère, & la grandeur d’une chèvre. C’est une fable, quoique Strabon dise la même chose, Liv. XVI, après Artémidore. Quelques Auteurs ont prétendu que ce mot étoit grec, κῆπος, qui signifie jardin, & qu’on l’avoit donné à cet animal, à cause que sa variété imitoit celle d’un jardin. Mais Saumaise, sur l’endroit de Solin que j’ai cité, a très-bien remarqué que ce mot étoit éthiopien, & que les Grecs l’avoient pris, comme beaucoup d’autres des langues étrangères ; & Bochart a très bien montré, Hierozoicon, p. I, L. III, c. 31, que c’étoit la même chose que כוף, koph, animal que la flotte de Salomon apportoit de Tharsis, & que les Traducteurs ont rendu par Simia ; un singe. C’est apparemment la même chose que les Bavianes de l’île de Ceïlan, dont nous parlons au mot Satyre. Au reste, je ne sais où certain Auteur a pris que le Ceb, ou comme il dit, Cebus, a le visage d’un Satyre, & le reste du corps de chien & d’ours.

Ceps, se dit au pluriel des fers qu’on mer aux pieds & aux mains des prisonniers. Compedes. En ce sens il est vieux. On le dit aussi de deux pièces de bois échancrées où l’on engage les pieds du criminel pour le tenir plus surement prisonnier. On s’en sert aussi pour lui donner la question.

Ce mot vient de cippus, dont les Latins se sont servis en la même signification. Ménage. Joannes de Janua en tire l’origine ex eo quod capiat pedes. Dans les vieux titres on trouve cheps pour signifier prison : & ainsi on a dit un chep à mettre un malfaiteur, pour dire, un cachot ; & on a appelle chepier, ou cheper, un Geôlier. D’autres prétendent que c’est le prisonnier que l’on appeloit chepier ; & pour le Geôlier, Nicot dit qu’on l’appeloit ceppier. Mais comme il n’y a pas beaucoup de différence entre cheppier & ceppier, on pourroit bien les avoir confondus.

CEPÆA. s. f. Petite plante qui fait beaucoup de petites tiges rondes de la hauteur d’un pied & demi, qui traînent par terre. Cepæa. Ses feuilles sont épaisses, semblables à celles du pourpier, mais plus petites, plus étroites & plus longues. Sa racine est fort petite. Ses fleurs sont petites, blanches, à cinq feuilles. Sa semence est fort menue. C’est une espèce de joubarbe.

☞ CEPEAU. s. m. Voyez Ceppeau.

CÉPÉE ou SÉPÉE. s. f. Terme d’exploitation & de commerce de bois. Ce terme signifie quelquefois des buissons : mais le plus souvent on le dit d’une touffe de plusieurs tiges de bois qui repoussent d’une