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CER

d’esprits & de goûts, que les uns sont touchés par de certaines raisons, qui choquent les autres. Nicol. L’envie de plaire répand sur toutes les actions un certain feu qui les rend plus vives & plus agréables. M. Sc. Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand. La Font. Alors le mot certain signifie proprement quelque, ou le quidam des Latins ; ce qui arrive toutes les fois qu’il est employé devant un substantif. Il y a de certains principes qui ne s’accordent pas trop avec les vérités de la Foi. En mettant certain après le substantif, & en disant un principe certain, cela feroit un sens fort différent. Ainsi il change de signification selon le rang qu’on lui donne dans la construction.

Certain, est aussi un terme de mépris, soit par rapport aux personnes d’une condition basse & obscure, ou peu estimables par elles-mêmes ; soit par rapport aux choses qu’on méprise. Nescio quis. Supervenit nescio quis. Nous fûmes troublés par un certain homme, qui est le fléau de toutes les conversations. M. Scud.

Il est bien difficile enfin d’être fidèle
A de certains maris faits d’un certain modèle. Mol.

☞ Dans cette acception, on dit en Jurisprudence, un certain quidam, de certains quidams, une certaine quidane, en parlant de gens dont on ne sait pas, ou dont on ne veut pas dire les noms.

Certain, se dit aussi pour, fixe & précis. Certus, constitutus. Donnez-moi un jour certain pour vous voir. On l’a assigné à certain & compétent jour pour venir plaider. Il faut un certain temps d’étude pour obtenir des Bénéfices comme gradué.

Certain se prend aussi dans un sens relatif à la persuasion d’esprit & signifie alors, qui a des raisons indubitables pour être persuadé d’une chose ; dans cette signification le mot certain est encore analogique à sûr & assuré, mais il semble toujours être mieux à sa place dans les choses de spéculation, & partout où la force de l’évidence a lieu. On est certain d’un point de science. M. l’Abbé Girard Syn.

☞ On dit, qu’un homme est bien certain de son fait, quand il est bien assuré de ce qu’il avance.

Certain, en termes de Palais, signifie, instruit & fondé de pouvoir suffisant. Instructus, edoctus. Ce Procureur demandoit un délai, disant qu’il n’avoit ni mémoires, ni pouvoir de la partie : il a été ordonné qu’à la quinzaine il viendra certain ; pour dire, avec pouvoir & instruction.

CERTAINEMENT. adv. Véritablement, assurément, indubitablement. Certè, certò. La mort doit arriver certainement. Les Sceptiques, n’affirmoient rien certainement. Bayl. Certainement il n’est pas raisonnable qu’un Religieux soit si absorbé dans l’étude, que l’esprit en soit accablé. L’abb. Reg. Et certainement qu’on cherche dans tous les lieux que la piété a pu consacrer pour le soulagement des affligés, on n’y verra rien de si déplorable que les captifs. Pat. Certainement la profusion, & les autres défauts suivent de près les richesses excessives. Boil.

☞ CERTAINETÉ. s. m. Vieux mot qu’on disoit pour certitude.

CERTEAU. s. m. Le Certeau d’Eté est une espèce de poire qui vient à la fin de Septembre. La Quintinie la met parmi les mauvaises poires. Le Certeau musqué est une poire d’Automne qui ne vaut pas mieux, au jugement du même Auteur.

CERTES. adv. qui sert quelquefois de liaison pour les périodes. Certainement. Certè. Certes, c’est avec justice qu’on l’a condamné. Cela est-il vrai ? Oui certes. Le Roi se faisoit remarquer à sa bonne mine, & à la grandeur de son courage, en quoi certes personne ne le surpassa jamais. Vau. Certes le Barreau n’a vu que trop de ces malheureuses entretenir l’Audience des indiscrétions de leur vie. Pat. ☞ Le P. Bouhours trouvoit que certainement vaut mieux que certes : & d’après l’usage le P. Bouhours a raison. La Bruyere trouvoit pourtant que ce mot étoit beau dans sa vieillesse, & avoit encore de la force sur son déclin. La Poësie surtout le réclame. Quoi qu’il en soit, dans l’Histoire, dans un discours d’éloquence, il a quelque chose d’énergique qui soutient & qui anime les endroits passionnés ou raisonnés. Ainsi, en le bannissant de la contestation, on peut l’employer dans le style soutenu.

☞ Les Vocabulistes décident précisément le contraire ; mais, en matière de langage, leur autorité n’est pas irrefragable.

CERTIFICAT. s. m. Témoignage qu’on donne par écrit, pour faire connoître la vérité de quelque chose. Scripta certificatio, scriptum testimonium. Les Curés délivrent des certificats de mariages qui sont faits en leur Eglise.

Certificat de descente. C’est un billet par lequel les Commis du Bureau des traites déclarent & certifient qu’ils ont vû & visité certaines marchandises, conduites ou descendues à leurs bureaux. Ce certificat se met ordinairement au dos de l’acquit à caution, & c’est ce qu’on appelle décharger cet acquit.

☞ Il y a aussi des certificats qu’on appelle dans le commerce certificats de franchise, par lesquels ou déclare que certaines marchandises sont exemtes des droits de sortie du Royaume, parce qu’elles ont été achetées pendant la franchise des foires.

CERTIFICATEUR. s. m. Celui qui se rend caution d’une caution judiciaire, qui la certifie solvable. Consponsor. Les cautions & certificateurs reçus en Justice sont solidairement obligés avec le principal débiteur, & sont également condamnés au payement de la chose dûe, parce que l’accessoire suit le principal. Mais il y a cette différence entre la caution, & le certificateur : c’est que le certificateur n’est obligé que subsidiairement, & en cas d’insolvabilité de la caution ; ensorte qu’il faut discuter le principal obligé, & la caution, avant que de s’adresser au certificateur. On les appelle dans l’ancienne pratique, contrepleiges.

Certificateur de criées. Avocat ou Procureur Praticien qui certifie en justice que les criées ont été faites dans les formes judiciaires. Testis factæ Magistratûs nomine promulgationis. Au Châtelet de Paris il y a deux Certificateurs de criées en titre d’office, dont le témoignage suffit au lieu de celui des dix Praticiens requis par l’Ordonnance.

CERTIFICATION. s. f. ☞ Terme de Pratique. C’est en général une attestation donnée par écrit. Dans ce sens c’est la même chose que certificat.

☞ En termes de Finance. C’est une attestation qu’un Comptable & un Financier mettent au bas d’un mémoire, d’un registre, d’un compte ; par lequel ils affirment véritable ce qui y est contenu. Consignatum scripto testimonium.

Certification, en termes de Palais, est une formalité qui est requise après avoir fait faire des criées pour faire un décret valable. Consignatum factæ Magistratûs auctoritate promulgationis testimonium. C’est un acte par lequel dix Anciens Avocats, ou Procureurs d’un Siége Royal, certifient que les saisies & criées ont été faites avec toutes les formes & solennités requises par le Droit, par la Coutume & par l’Ordonnance ; ensuite de quoi le Juge interpose son autorité, & donne sa sentence pour la certification des criées. Par l’art. 571. de la Coutume de Normandie, il ne faut que sept Avocats, outre le Juge, pour la certification.

Certification, se dit aussi de l’attestation qu’on donne en Justice de la solvabilité d’une caution présentée, dont on répond en son propre nom. Data pro sponsore cautio.

CERTIFIER. v. a. Rendre témoignage de la vérité de quelque chose, soit de bouche, soit par écrit. Testari verbo ; scripto, rem aliquam. Cette nouvelle m’a été certifiée par bien des gens d’honneur. Il