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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/408

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CHA

déens sont appelés Chasdens, כשדאין כשדים. Philon, dans ses Gloses ou Interprétations des noms hébreux, interprète ce mot μαντεις, ἤ μάγος, ἢ ὣς δαιμόνες, c’est-à-dire, selon l’interprétation de Saint Jérôme, Ut dæmones vel feroces, ou plutôt Devins, ou Mages, ou comme Démons. Ce Père suit encore ailleurs le sentiment de Philon, & dit que personne ne doute que ChaUeen signifie Dimon, Cela supposé, il est clair que Philon & Saint Jérôme ont cru que ce nom hébreu étoit compose d’un כ, marque de similitude, ou de ressemblance, & de schedim, qui signifie Démons, & vient de שלד, schalad, ravager ; & le ש ou s, s’est changé en l, comme le d dans Ulysse. Mais il est bien plus probable que ces Peuples ont été ainsi appelés de כשד, Cased, ou Chesed, dont il est parlé, Gen. XXII. Dans ces premiers temps, toutes les Nations portoient le nom de leur Fondateur. Saint Jérome est de ce sentiment dans ses Questions hébraïques, & Bochart. Dans ce sentiment, il faut dire que, quand l’Ecriture se sert du mot Chaldéen avant le temps de Chesed, fils de Nachor, c’est une anticipation, ou prolepse. On pourroit dire aussi que ce nom leur venoit peut-être de quelqu’autre Chesed, plus ancien que le fils de Nachor. D’autres croient que ce nom vient de celui d’Arphaxad, père des Chaldéens, comme le dit Josephe, Antiq. Jud. Liv. I, ch. 7, que ce nom, dis-je, en vient par apocope, c’est-à-dire, en retranchant le commencement alpha, reste en hébreu כשד ; d’où confondant le כ, ou c, & ש, ou s, en un ξ, ou x, les Grecs ont fait Ἀρφαξὰδ, Arphaxad. Ce sentiment est de tous le plus vraisemblable.

Les Chaldéens passoient dans l’Antiquité pour les inventeurs de l’Astronomie, & ils étoient fort adonnés non-seulement à cette science, mais encore à l’Astrologie, à la Devination, &c. C’est pour cela que Chaldéen, dans l’Ecriture & dans les Auteurs profanes, est la même chose que Mathématicien, Astrologue, diseur de bonne aventure, faiseur d’horoscope, magicien, comme on le peut voir, dans Daniel, II, 2, 4, 5, 10, IV, 7, V, 7, 11 ; dans Cicéron, De Divin. lib. I, n. 2, 31, & lib. II, n. 42, 87, & Lib. II, n. 42, 87, & Lib. I. Tuscul. quæst. n. 95. Strabon, Liv. VI ; Aulu-Gelle, Liv. I, ch. 9, & Liv. XIV, ch. 1 ; Suétone, dans Vitellius, ch. 14 ; Saint Jérôme, sur Daniel, ch. 11 ; Juven. Sat. X, vers. 94.

Chaldéen, avec l’article défini, signifie la langue chaldaïque, que parloient les Chaldéens. Chaldaica lingua. Le chaldéen est un dialecte de l’hébreu. Un Auteur qui écrivoit, il y a quelques années en Hollande, une Dissertation sur ces Médailles (Samaritaines), s’est imaginé y trouver du chaldéen. P. Souc. Dissert. sur les Médailles Hébr. Il signifie aussi quelquefois le Paraphraste Chaldaïque ; c’est-à-dire, Onkelos, quand on parle du Pentateuque ; & Jonathan, s’il s’agit des autres Livres de l’Ecriture : car pour Jonathan sur le Pentateuque & le Paraphraste de Jérusalem, il ne faut point les appeler simplement & absolument le chaldéen. Le chaldéen paroït à plusieurs Chrétiens & Juifs convertis fournir des preuves de la distinction des personnes en Dieu, & marquer la seconde par le mot ממדא, verbe.

Chaldéen, enne, est aussi adj. Chaldaïque, qui appartient aux Chaldéens, ou à la Chaldée. Chaldæus, Chaldaicus. Strabon rapporte qu’il y avoit deux Sectes parmi les Philosophes Chaldéens ; les Orchènes, & les Borsippènes. La langue chaldéenne.

☞ CHALDRON. Mesure d’Angleterre. Voyez Chaudron.

CHALEMÉE. Vieux s. f. Flûte, chalumeau. Tibia, calamus.

CHALEMEL. s. m. Calamus. Ce mot s’est dit autrefois pour chalumeau, comme ormel & mantel pour ormeau & manteau. De chalemel on en fait chalemeler, pour dire, jouer de la flûte, du chalumeau ; ce verbe n’est plus en usage.

CHALEMELER. v. a. Vieux mot. Faire danser au son de la flûte.

Et tint un frestel de rosiaux,
Si chalemoit les danziaux.

CHALEMELLE. s. f. Vieux mot. Flûte, chalumeau. Tibia, calamus.

CHALEMIE. f. 1. Flûte champêtre, chalumeau, espèce de musette. C’est plus proprement ce qu’on appelle cornemuse. Pastoritius calamus. La chalemie est différente de la cornemuse, en ce qu’elle n’a point de bourdon. Ce mot n’est en usage que dans le burlesque.

Ains est couru voir la solennité,
Et a souné sa flûte & chalemie
Tout à ton loz, honneur & dignité. Marot.

☞ CHALENTON. Ville de France, en Auvergne, selon quelques Atlas. Ville imaginaire.

CHALET. s. m. C’est ainsi que les Suisses nomment certains bâtimens bas, qui se trouvent répandus dans les montagnes de Griers, uniquement destinés à faire des fromages.

CHALEUR. s. f. ☞ On peut considérer la chaleur comme l’effet que produit en nous un corps chaud, & sous ce point de vue c’est une perception, une modification de notre ame occasionnée par l’action du corps qu’on appelle chaud, qui ne peut avoir rien en lui de semblable à cette sensation de l’ame. Ou bien comme une qualité qui constitue le corps chaud, & qui le rend propre à exciter dans nos organes la sensation de chaleur. Calor.

☞ On peut définir la chaleur, un sentiment qui résulte de l’action & du mouvement des petits atomes de feu qui agissent sur les corps, & qui entrent dans leurs pores. Quand nous sentons la chaleur du feu, c’est que nous sentons de petits atomes de feu qui se détachent, & qui viennent fraper nos sens : & elle est d’autant plus violente, que ces corpuscules sont en plus grand nombre, & plus agités. Si l’on expose au feu, un vase rempli d’eau, vous verrez cette eau s’échauffer & bouillir, aussitôt qu’un grand nombre de particules ignées aura communiqué à ses globules sensibles & insensibles le mouvement dont elles sont animées. On fait fondre les métaux les plus durs, en les plongeant dans quelqu’une de ces liqueurs où le feu se trouve en grande abondance, telles que sont l’eau forte, l’eau régale. Quand on veut communiquer de la chaleur aux corps solides les plus froids, on n’a qu’à les jetter dans le feu. Bientôt leurs pores seront remplis de particules ignées. Une infinité d’expériences de cette nature donne lieu aux Physiciens de conclure que l’on doit regarder le feu comme la vraie cause de la chaleur.

☞ Ce feu est répandu également partout, & il existe en égale quantité, dans toutes les parties de l’espace ; mais il est caché & imperceptible, & ne se découvre que par les effets qu’il produit ; effets qui dépendent de certaines circonstances qui concourent ensemble, dont la première, & la plus essentielle, est que ce feu également répandu partout, soit amassé & réduit dans un plus petit espace. On a cru que les grandes chaleurs de la zone torride la rendoient inhabitable. Æstus. Les pointes & les imaginations de Séneque sentent un peu la chaleur d’Afrique. S. Evr. La chaleur du Soleil aux jours les plus froids de l’hiver est égale à celle des jours les plus chauds de l’été : Ce qu’on a prouvé avec le miroir de la Bibliothèque Royale ; parce qu’il fait aussi-bien en hiver qu’en été cet effet surprenant, de vitrifier les pierres & les briques en peu de temps.

La chaleur du Soleil en été est assez forte pour échaufer une barre de fer de six pieds de longueur, & la rendre plus longue qu’elle n’étoit en hiver, ayant été exposée à la gelée, de deux tiers de ligne.