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CHA

l’avoir insulté d’une manière peu séante, pendant le sommeil que lui causa l’ivresse, dont il est parlé dans la Genese, IX. Il étoit l’aîné des deux autres : Sem est appelé l’aîné de Japhet seul, non pas de Japhet & de Cham, Gen. X, 21. Et parce que Noé eut l’un de ses trois fils à 500 ans, ce ne fut point Sem, car il ne naquit que l’an 502 de son père Noé, puisqu’il n’avoit que 100 ans, deux ans après le déluge, qui arriva la 609e année de Noé, Gen. XI, 10. Ce fut encore moins Japhet, puisqu’il étoit cadet de Sem. Il faut donc que Cham ait été l’aîné des trois. Sa postérité occupa l’Afrique, l’Egypte, l’Arabie heureuse & la Palestine, ou terre de Chanaan, & régna même à Babylone, comme on le voit par les noms des peuples qui les habiterent, & qui sont les enfans de Cham, Gen. X, 6, 7, 8. L’Egypte même est appelée dans l’Ecriture, les Tentes de Cham, Ps. LXXVII, 51 ; & Terre de Cham, Ps. CIV, 23, 27, CV, 22 ; & dans Plutarque Chemie. De-là encore, selon Bochart, Phaleg, L. IV, c. 1, les noms de Chemmis, Psochemmis, Psittachemmis, donnés à des cantons ou contrées d’Egypte. De-là les noms d’Hammon ; & celui d’Ἡρμοχύμιος, dans Etienne de Byzance. Le P. Lubin s’est trompé, quand il a cru que la terre de Cham dans les Pseaumes n’étoit que la terre de Gessen, petite partie de l’Egypte où habitèrent les Israëlites. C’est toute l’Egypte. Voyez de Muis, Piscator, Gejerus & Bochart, à l’endroit cité ; & en effet David, Ps. CIV, 23, prend ces deux mots מצרים, Egypte, & ארץ חם, Terre de Cham, comme synonymes. Le prétendu Bérose dit que Cham est le même que Zoroastre, l’inventeur de la Magie. L’Arabe Abenephius dit que c’est aussi l’Osiris des Egyptiens, & le feu que les Perses adoroient. Voyez le P. Kirker, Œdip. Ægypt. Tom. I, p. 84.

CHAM. s. m. est le titre qu’on donne aux Princes souverains de Tartarie. Prononcez Kam. Plusieurs même l’écrivent ainsi, comme les Auteurs des Relations de Crimée qui se voient dans les nouveaux Mémoires des Missions du Levant, imprimés en 1715. Chamus Scytharum ad Orientem, Scythiæ ad ortum Imperator. Le grand Cham des Tartares. Le Cham des petits Tartares. Cingis a été le plus fameux des Tartares. Il vivoit du temps de Saint Louis, & est l’auteur de la race des Rois de Perse & des Mogols d’aujourd’hui.

Quand le Cham de Tartarie a dîné, un héraut crie que tous les Princes de la terre peuvent aller dîner, si bon leur semble ; & ce Prince, qui ne mange que du lait, qui n’a pas de maison, qui ne vit que de brigandage, regarde tous les Rois du monde comme ses esclaves, & les insulte régulièrement deux fois par jour. Montesq.

Ce mot, en langue sclavonne, signifie Empereur, comme le dit Vincent de Beauvais. M. Sperlingius, dans sa Dissertation sur la majesté du nom Danois Koning, qui signifie Roi, croit qu’on pourroit tirer de-là le nom de Cham des Tartares, & qu’on a dit dans le Septentrion Kan, Konnen, Konge, Konning.

Cham est aussi le nom que l’on donne en Perse aux grands Seigneurs de la Cour, & aux Gouverneurs des Provinces.

CHAMADE. s. f. Terme de Guerre. C’est un certain son de tambour, ou de la trompette, que donne un ennemi pour signal qu’il a quelque proposition à faire au Commandant, soit pour capituler, soit pour avoir permission de retirer des morts, faire une trêve, &c. Signum buccinæ, tympani ad colloquium.

Ménage dérive ce mot de l’italien chiamada, qui a été fait de clamare.

☞ Ce mot ne s’emploie guère que pour exprimer le signal que les assiégés donnent, soit avec la trompette ou le tambour, soit en arborant le drapeau blanc pour demander à capituler.

CHAMÆCERASUS. s. m. Petit arbrisseau qui croît à la hauteur d’un pied & demi, ou de deux pieds. Ses rameaux sont ligneux, fragiles, revêtus d’une écorce blanchâtre, remplis d’une moëlle blanche. Ses feuilles sont faites comme celles du peryclimenum ou du xylosteum, mais plus grandes, plus larges, plus dures, moins vertes, pointues, velues, principalement en dessous, rangées vis-à-vis l’une de l’autre. Ses fleurs naissent deux à deux sur une pédicule qui sort des aisselles des feuilles. Elles sont petites, blanches, formées en tuyaux évasés & découpées en deux lèvres, soutenues chacune par un calice semblable à une petite grenade, lequel devient dans la suite un fruit ou une baie rouge, semblable à une petite cerise, marquée de deux points, remplie d’un suc amer de mauvais goût, & de quelques semences aplaties ; presqu’ovales & blanches. Cet arbrisseau croît aux lieux montagneux, comme les Alpes & les Pyrénées. Ses fruits naissent deux à deux, attachés à la même queue. Ils excitent au vomissement, & purgent aussi par bas, si l’on en avale quatre ou cinq. Son nom vient de χαμαί, humi, à bas, & cerasus, cerisier : comme qui diroit cerisier bas. Lémery, après quantité d’autres Botanistes.

CHAMÆCISSUS. s. m. Plante. Voyez Lierre terrestre. C’est la même chose.

CHAMÆDRIS. Plante. Il faut écrire chamædrys, puisque ce mot vient de χαμαί, humi, à terre, & δρῦς, arbre, petit chêne. On prend des feuilles de cette herbe, comme celles du thé, pour les obstructions des viscères. On l’appelle aussi germandrée. Voyez Germandrée.

CHAMÆLEON BLANC. s. m. Plante médecinale, qu’on appelle aussi Carline. Voyez Carline.

Chamæleon noir. Plante dont la racine est brune par dehors, de la couleur de l’aristoloche, longue en dedans, grosse, charnue, & fort rarement rongée. Chamæleon niger. Sa tige est de couleur de pourpre, de la hauteur d’environ neuf pouces, ses feuilles sont semblables à celles de l’artichaut, marquetées de taches de diverses couleurs ; ses fleurs sont en ombelle, environnées de quantité de piquans : elles sont de couleur de pourpre, oblongues, blanches par dedans, minces, ressemblant à celles de la jacinte.

CHAMÆLEUCÉ. s. f. Plante, dont les feuilles sont rondes, semblables à celles des violettes de Mars, mais plus grandes, un peu dentelées à l’entour, & d’un vert obscur. La tige est rouge & branchue. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges & des branches : elles sont à cinq feuilles, de couleur jaune ; sa graine, qui est menue & oblongue, est renfermée dans de petites siliques. On l’appelle autrement caltha palustris flore simplici.

☞ CHAMÆMELUM. Espèce de plante semblable à l’anthémis. Voyez ce mot.

CHAMÆNERION. s. m. Plante dont la tige est haute de cinq ou six pieds, rougeâtre, rameuse, remplie de beaucoup de moëlle blanche, fongueuse. Ses feuilles sont oblongues, pointues, unies & approchantes de celles du sazue, d’un goût astringent, glutineux, avec quelque légère acrimonie ; ses fleurs sont grandes, belles, ordinairement à quatre feuilles disposées en rose, de couleur bleue, rarement blanche. Il leur succède des siliques longues, taillées chacune à quatre pans, arrondies, divisées en quatre loges, remplies de semences longuettes, menues, cendrées, surmontées d’une aigrette : sa racine qui s’étend en long & en large, est blanche & d’un goût visqueux & insipide. Elle croît dans les lieux montagneux & dans les jardins : ses feuilles sont vulnéraires & détersives. On nomme encore cette plante, epilobion. Chamœnerion vient du grec χαμαί, à bas, & νήριον, laurier-rose : comme qui diroit petit laurier-rose.

CHAMÆPITIS. s. m. Plante. Il faut écrire chamæpitys, parce que ce mot vient de χαμαί, humi, à terre, & πίτυς, pin. Cette petite herbe a les feuilles de pin, & elle est bonne pour la goutte. Voyez Ivette. C’est la même chose.

CHAMÆRHODODENDROS. s. m. Nom d’une plante. Chamærhododendros pontica folio laurocerasi, flore cœruleo purpurascente. Cet arbrisseau s’élève ordinairement à la hauteur d’un homme. On