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CHA — CHE

y jeter beaucoup d’eau. Quand elle est éteinte, il faut jeter quantité d’eau dessus, afin qu’elle retienne le sel le plus subtil, jusqu’à ce que ce sel nâge sur l’eau comme une espèce de crême, & qu’il se fasse un parfait mélange des sels & de l’eau.

☞ L’effervescence de la chaux & de l’eau s’explique par la théorie générale de l’effervescence. Voyez ce mot. Pour expliquer sa chaleur, dont cette effervescence est accompagnée, nos Physiciens & nos Chimistes n’avoient rien imaginé de mieux, qu’une infinité de particules de feu emprisonnées dans les pores nombreux de la chaux, formés par la calcination. Ces particules de feu, dégagees de leur prison par les particules d’eau, produisoient la chaleur. A ce méchanisme, M. Homberg ajoutoit le frottement causé dans toutes les parties de la chaux par le mouvement impétueux des particules d’eau qui pénétrent ses pores. Ces explications ingénieuses, & qui paroissent fondées sur le méchanisme, ont été reçues avec avidité, & adoptées par tous les Physiciens, pendant qu’elles avoient la grace de la nouveauté. La Chimie moderne n’a retenu que l’explication de M. Homberg.

Quand la chaux a été éteinte en cette manière, on l’enferme dans la terre. Elle s’y raffine ; & plus on l’y garde, plus elle est parfaite. C’est pour cela que les Romains éteignoient la chaux trois ans avant que de s’en servir. C’est ce qui fait que dans leurs bâtimens le mortier est plus dur que la pierre même.

Pour faire le mortier, on met deux tiers de sable sur un tiers de chaux. Les Romains mettoient les trois quarts de sable de rivière, & quatre cinquièmes de sable de terre. Et afin que le mortier fût plus tenace & plus ferme, ils le préparoient quelques jours avant que de l’employer. Ils y ajoutoient même quelquefois une troisième partie de tuile ou de brique broyée, ce qui fait un excellent ciment. Le sable de terre doit être employé aussi-tôt qu’il est tiré. Celui qui fait du bruit quand on le frotte entre les doigts, & qui est rouge, est le meilleur.

Chaux se dit en Chimie de cette espèce de cendre ou poudre très-menue, qui reste des métaux ou des minéraux qui ont été long-temps en un feu très-violent. ☞ Ce sont les métaux calcinés, auxquels l’action du feu a fait perdre leur liaison & leur forme métallique, & que cette action a changés en une substance semblable à une terre. Les précipités des métaux sont des produits tous différens des chaux métalliques. L’or & l’argent qu’on a réduits en chaux se remettent par l’art dans leur première nature. La chaux d’étain s’appelle de la potée, qui sert à polir les miroirs d’acier. La chaux d’airain s’appelle æs ustum chez les Droguistes.

On dit proverbialement, qu’une affaire est faite à chaux & à ciment ; pour dire, qu’elle subsistera, qu’elle est faite solidement & avec toutes les précautions nécessaires.

Ce mot de chaux vient du latin caleo. Clax fit ex lapidibus calefactis & adustis. Le françois chaux, & le teuton kalck, sont tirés du celtique calch. Pezr.

CHAY. s. m. Plante qui ne croît que dans le Royaume de Golconde, dont on tire cette belle couleur rouge qui fait tant estimer les toiles de Masulipatan. C’est pour cette partie des Indes ce qu’est ailleurs, & particulièrement en Europe, la cochenille.

☞ C’est une petite plante qui s’elève à la hauteur d’un pié. Ses feuilles sont petites, rangées trois à trois sur les tiges & sur les rameaux. La fleur est petite, blanche, composée de quatre pétales disposés en croix. La racine est longue, menue, ondée, & de couleur jaune pâle. C’est cette racine qui sert à faire la teinture ; mais on ignore la manière dont les Indiens la préparent & l’emploient pour faire ces couleurs si vives & si brillantes que nous admirons sur leurs toiles peintes ou imprimées.

CHAYÈRE. s. f. Vieux mot qui signifie chaire. On le trouve dans le Roman de la Rose, & il est encore en usage dans quelques Provinces.

Sans plus faire longue prière,
Il s’assit en une Chayère,
Jouxte de son Autel assise.

CHAYET. s. m. Monnoie de Perse. Le chayet vaut cinquante deniers & dix mailles de notre monnoie. Tavernier.

CHAZAN. s. m. M. Ligthfoot dit que les Evêques dont il est parlé dans l’Ecriture, tiroient leur origine du chazan, ou de l’Evêque de Synagogue.

☞ CHAZELLES. Ville de France en Forez, à sept ou huit lieues de Lyon.

CHAZINZARIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Chazinzarius, a ; Staurolatra. Hérétiques qui s’élevèrent en Arménie au VIIe siècle. On les nomma autrement Staurolatres, nom qui signifie en grec ce que Chazinzarien signifie en arménien, c’est-à-dire, Adorateur de la Croix ; car chazus en cette langue signifie Croix, dit Nicéphore, Liv. XVIII, c. 5, & on les nommoit ainsi, continue-t-il, parce qu’ils passoient pour n’adorer que la Croix. Ils faisoient une grande secte, & étoient Nestoriens, admettant deux personnes en Jésus-Christ. Ils avoient beaucoup d’autres erreurs, qu’ils disoient tenir par tradition d’un Grégoire, Evêque de la grande Arménie. Nicéphore les accuse encore d’offrir des azymes, de ne mettre point d’eau dans le calice, & d’observer un jeûne annuel au jour de la mort du chien de Sergius, le faut Docteur, qu’ils nommoient Artziburtzes. Le texte grec de Nicéphore les appelle Chatzinzariens. Χατζιντζάριος (Chatdzintdzarios).

CHAZNADAR-BACHI. Voyez Chasnatarbassi ou Chasnadar-bachi.

CHAZNAH-AGASI. s. m. Terme de Relation. Eunuque préposé à la garde du trésor de la Sultane Mere, & qui & l’intendance sur toutes les filles de sa Chambre. Senioris Turcarum Imperatricis Quæstor.

Ce nom est turc, & composé de Chasnah, trésor, & Aga, dont nous avons parlé en son lieu.

CHE.

CHÉABLE. adj. m. & f. Vieux mot. Caduc, sujet à tomber.

CHÉANCE. s. f. Vieux mot, qui veut dire, profit, utilité, avantage. Commodum, utilitas.

CHÉANTE. s. f. Vieux mot. Chûte.

CHEAUS. s. m. Terme de Chasse, qui se dit des petits de la louve & même des chiens & des renards. Catuli.

CHÉBULE. s. f. Kebula. Nom que l’on donne en Asie à ces fruits que l’on nomme en Europe Myrobolans. On les nomme chébules, du Cabulestan d’où il s’en tire une grande quantité. Voyez Myrobolans.

CHECAYA. s. m. Second Officier des Janissaires, qui les commande sous l’Aga, & qui est, dit Vigenère, dans ses Illustrations sur l’Histoire de Chalcondyle, p. 375. comme un Mestre-de-Camp, ou plutôt son Lieutenant. Il a connoissance de tout ce qui peut survenir entr’eux, & qui les concerne. C’est lui qui les range en bataille, quand il faut combattre. Il a quatre ducats par jour, & six cens de timar par ans, avec un Jazgi ou Ecrivain, pour faire les rôles, &c. On appelle encore le Checaya des Janissaires Protogero, mot grec, qui signifie, premier vieillard.

Il y a aussi le Chevaya de cuisine, qui est un Surintendant, ou Contrôleur des cuisines du Serrail, qui est le second Maître-d’Hôtel. Vigen. p. 337. Le Chevaya de l’écurie, qui est sous l’Imbroorbassi ou Grand-Ecuyer, & qui est comme son Lieutenant.

Ce mot signifie Lieutenant, & second toujours d’après le premier. Vigen.

CHECAGNI. s. m. Officier du Serrail du Grand Seigneur, Commis ou petit Trésorier. Les Checagnis