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CHE

CHÉLONITE. s. f. C’est une pierre qui se trouve au ventre des jeunes hirondelles, qu’on croit bonne pour le mal caduc. Chelonia. Il y a une autre chélonite qui se trouve aux tortues des Indes, qui a la propriété de résister au venin. Quelques-uns la confondent avec la crapaudine.

Chélonite. s. f. Pierre figurée, représentant le corps d’une tortue qui n’a point de tête.

CHÉLONOPHAGES. s. m. pl. Peuples qui habitent un coin de la Carmanie. Ils ne mangent point d’autre chair que celle des tortues, dont les écailles servent à couvrir leurs maisons. Voyez le Dict. d’Hoffman.

☞ CHELVET. s. m. C’est-à-dire, retirez-vous, faites place. Cri par lequel on annonce au serrail que le Grand-Seigneur veut aller au jardin des Sultanes : à ce cri tout le monde se retire, & les Eunuques occupent toutes les avenues. Il y va de la vie d’approcher dans ces momens-là des murailles de ce jardin. Ricaut. de l’Emp. Ottom. cité par Mor.

☞ CHÉMA. s. m. Sorte de poids en usage chez les Athéniens. Ils en avoient deux. L’un pesoit trois gros, l’autre deux.

☞ Le Chéma des Romains étoit une mesure de fluides, contenant une livre & demie. Encyc.

☞ CHEMACK. Ville de la Natolie, dans le gouvernement de Chipre, sur les frontières de celui d’Alep.

CHEMAGE ou CHINAGE. Voyez Chinage.

CHEMAHICOGIN. s. m. C’est le nom que les Japonois donnent au Portugal. Chemahicoginum.

CHEMBALIS. s. m. Sortes de cuirs qui viennent du levant par la voie de Marseille.

CHEMER (se) v. récip. Terme populaire, qui se dit particulièrement des enfans qui ont du chagrin, du dégoût, ou de quelque mal inconnu qui les fait crier, & les empêche de prendre nourriture & de profiter. Tomber en chartre, Conficere se, confici tædio. On le dit quelquefois des personnes un peu plus avancées en âge. Cet enfant s’est chemé depuis qu’on l’a changé de nourrice.

Ce mot vient du latin gemere.

☞ CHEMERAGE. Terme de Coutume. Avantage du droit d’aînesse, en vertu duquel les puînés dans les Coutumes de parage tiennent de l’aîné leur portion de fief en parage, c’est-à-dire, sous son hommage.

CHEMIER. s. m. Vieux terme de Coutume. C’est l’aîné d’une famille noble, ou celui qui le représente dans un partage de fiefs, comme qui diroit le chef de la famille qui a un préciput, ou chef premier, qui jouit du droit de chemerage. Natu maximus ou gentis caput. Tous les puînés s’appellent paragers, parce qu’ils partagent également entr’eux.

☞ CHEMIN. Terrain qu’on suit, sur lequel on marche pour faire sa route, pour aller d’un lieu à un autre. Via. ☞ La plupart de nos Dictionnaires, comme le Vocabulaire, d’après l’Académie, confondent ces trois mots, chemin, route, voie ; espace, disent-ils, par où l’on va d’un lieu à un autre. Cependant ils ne sont nullement synonymes, quoiqu’ils soient relatifs à l’action de voyager.

☞ Le mot de route enferme dans son idée quelque chose de fréquenté & de battu. Route de Lyon, route de Flandres. On le dit proprement de tous les lieux par lesquels il faut passer pour aller d’un lieu à un autre dont on est éloigné. On va de Paris à Lyon par la route de Bourgogne, ou par la route du Nivernois.

☞ Le mot chemin, signifie précisément le terrain qu’on suit, l’espace de terre sur lequel on marche pour faire sa route. Si vous passez par tel endroit, vous aurez un beau chemin. Le grand chemin est toujours le plus sûr. Les routes diffèrent entr’elles par la diversité de leur situation & de leurs contours. On suit le chemin pavé ou le chemin des terres.

☞ On se sert quelquefois des mots de route & de chemin, pour désigner la marche, avec cette différence, dit M. l’Abbé Girard, que le premier ne regardant alors que la marche en elle-même, s’emploie dans un sens absolu & général, sans admettre aucune idée de mesure ni de quantité. Ainsi, l’on dit simplement être en route, faire route ; au lieu que le second, ayant non-seulement rapport à la marche, mais encore à l’arrivée qui en est le but, s’emploie dans un sens relatif à une idée de quantité, marquée par un terme exprès ou indiquée par la valeur de celui qui lui est joint, de sorte qu’on dit faire peu ou beaucoup de chemin, avancer chemin.

☞ Le mot voie, marque une conduite certaine vers le lieu dont il est question. Il ne désigne nullement la marche, mais la manière dont on voyage, la voiture ou la façon dont on fait cette marche. On va d’un endroit à un autre, par la voie de la poste ou par la voie du messager, par la voie de terre, ou par la voie d’eau. Voyez plus bas ces mots pris au figuré.

☞ Bergier, dans son livre des Grands chemins de l’Empire, dit que ce mot est du vieux françois. Quelques-uns le font venir de caymum, qu’ils disent signifier la même chose : d’autres du latin semita, d’où l’on a fait semin, chemin.

☞ On appelle chemin royal, via regia, le plus grand de tous les chemins, ordinairement le plus beau, le plus court & le plus commode.

Chemin public, ou grand chemin, via publica, se dit de tout chemin droit ou traversant, où tout le monde peut passer.

Voit-on les loups brigands, comme nous inhumains,
Pour détrousser les loups courir les grands chemins.

Boil.

Chemin des arbres, dans l’Artois & dans les pays conquis en Flandre, signifie grand chemin, chemin royal, chemin des troupes. Via militaris. Ce nom a été donné aux grands chemins par les gens de ce pays-là, parce que le Roi, en faisant élargir & accommoder les grands chemins, fit planter des arbres des deux côtés, d’où il revenoit deux avantages considérables ; l’un, que les troupes n’avoient pas besoin de guides pour connoître les chemins les plus courts & les plus commodes ; l’autre, qu’on avoit dans le pays une ressource pour tout l’attirail de la guerre, & sur tout de l’artillerie.

On appelle chemin du halage, un chemin que les Riverains des rivières navigables sont obligés de laisser sur les bords, pour le passage des chevaux qui halent ou tirent les bateaux. Voyez Tirage.

On appelle chemin de travers, Transversum iter, un chemin détourné, ou qui n’est pas sur la route des grandes villes, mais qui va d’un bourg ou d’un village à un autre, ou qui n’est pas le chemin ordinaire pour aller d’un lieu à un autre, si c’est quelque grand lieu. Via devia. ☞ On appelle aussi chemin de traverse tout sentier de détour plus court que le chemin ordinaire. Trames, semita. On appelle aussi chemin particulier, un chemin de traverse, & on l’oppose au chemin public, qui est la même chose que grand chemin.

☞ Le Chemin particulier est proprement celui qui est fait pour la communication du château d’un Seigneur au grand chemin, ou à quelque autre endroit.

Chemin creux, qui est enfoncé au-dessous du rez-de-chaussée. Iter depressum. Chemin fourchu, celui qui se divise pour aller en divers endroits, bivium, trivium, quadrivium, selon le plus ou le moins d’endroits où il conduit. Chemin difficile, qui est âpre, raboteux, ou qui est mal-aisé à tenir étant coupé en plusieurs endroits ; asperum, durum, difficile. Chemin bas, qui est dans la vallée, depres-