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meritorius ; cheval de bagage, equus sarcinarius, dossurarius ; cheval de relais, veredus gradarius ; chevaux de poste & de relais, equi publici.

On appelle courbe de chevaux, deux chevaux attelés ensemble pour remonter des bateaux, bigæ ; cheval de haras ou étalon, equus admissarius ; cheval de main, equus honorarius ; cheval de parade, anciennement palefroi, equus ad pompam.

On appelle cheval de bataille, non seulement le cheval fort & choisi qu’on réserve pour les grandes occasions, mais encore figurément toutes les choses de parade, de faste, ou propres à faire remporter quelque avantage dans une dispute où il s’agit de la gloire, Bellator equus. Quand on prie un tel Auteur de dire quelques-uns de ses vers, il récite un tel Sonnet, c’est son cheval de bataille. Ce Musicien chante un tel air, c’est son cheval de bataille.

A l’égard des bonnes qualités, on dit, cheval fier, ardent, plein de feu, souple, léger à la main, obéissant, fidèle, qui porte bien sa tête, fort déchargé.

A l’égard des défauts, on dit, un cheval vicieux, vitiosus ; ombrageux, meticulosus, restitans ; fort en bouche, duri & contumacis oris ; fourbu, præproperâ aquatione perfusus equus ; morveux, mucosus ; poussif, anhelator, suspiriosus, cheval élancé, amaigri de faim & de travail, sirigosus equus, macie confectus ; outré, longioris itineris labore exhaustus ; cheval qui est sur les dents, enectus inedia, labore confectus ; ruiné des jambes, perditus cruribus ; qui est pesant à la main, gravis ad manum ; cheval refait & engraissé, refectus ac saginatus ; cheval neuf, novus, intractatus ; fougueux & indompté, asper & indomitus ; cheval qui rue & qui mord, mordax & calcitro ; cheval qui se couche, cubitor ; cheval qui bronche, offensator ; cheval qui prend le frein aux dents, qui contra fræna tendit ; qui jette son homme par terre, sternax : boiteux, claudus ; borgne ou déferré d’un œil, unoculus, altero oculo captus. Un cheval chargé de ganache ; cheval vairon, bégu, cujus alter oculus alteri dissimilis est. Celui qui est trompé dans l’achat d’un cheval vicieux, peut intenter l’action redhibitoire, pour contraindre le vendeur à le reprendre. Si le vice est apparent, par exemple, si le cheval est borgne, comme l’acheteur a pu s’en appercevoir, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même ; mais pour les vices latents, comme la ppousse, la morve & la courbature, l’acheteur a l’action redhibitoire dans les huit jours de la vente, dans quelques coutumes ; & dans les quarantes jours en d’autres cooutumes, parce que ces vices peuvent être cachés & suspendus pendant quarante jours.

Monter à cheval, signifie non-seulement, monter en selle, mais encore apprendre le manége, in equum ascendere, equum conscendere ; equos domandi, regendi artem perdiscere. Un tel Seigneur monte à cheval chez un tel Ecuyer, il sait bien manier un cheval.

On dit picquer un cheval, pour dire, l’essayer, tractare. Promener un cheval entre deux talons, agere, agitare. Panser, curare ; ferre, calceare ; étriller, distringere, strigili defricare ; brider, frenare ; seller un cheval, sternere, ephippio instruere ; dresser un cheval, domare, condocefacere. Pousser vertement un cheval, commencer un cheval, travailler un cheval, acheter un cheval, mettre un cheval dans la main, mettre un cheval dans les talons, assembler un cheval. Combat à cheval, pugna ex equo. Bon logis à pié & à cheval, hospitium equiti & pediti commodum. On appelle un bon homme de cheval, celui qui sait bien dompter & manier un cheval. Equitandi peritus. Être bien à cheval.

☞ Être bel homme de cheval, avoir bonne grace à cheval. Comme il n’y avoit point de Seigneur à la cour qui fut plus curieux que lui de beaux chevaux, personne aussi n’étoit mieux à cheval.

☞ Commencer un cheval, en termes de Manége, c’est le mettre au pilier, entre deux piliers, le dresser à toute sortes d’airs & de manéges. Monter à cheval, apprendre à monter à cheval. Il monte sous un tel. Uti aloquo equitandi magistro. Mettre quelqu’un à cheval, lui enseigner à monter à cheval. C’est tel Ecuyer qui l’a mis à cheval.

☞ Être à cheval, être monté sur un cheval, ou sur quelque autre animal, ou même sur toute autre chose, jambe deçà jambe delà. A cheval sur une muraille, sur une poutre, sur un bâton.

☞ Dans l’Art militaire, être à cheval sur une rivière, c’est en occuper les deux rives avec des troupes.

☞ Tirer à quatre chevaux. Supplice qu’on fait souffrir aux criminels de léze-Majesté au premier chef. Écarteler un criminel, en attachant un cheval à chaque membre, à chaque jambe & à chaque bras, & les faisant tirer chacun de son côté en même temps. Voyez Écarteler.

Chevau-Léger, est un cavalier ordinaire & légèrement armé, qu’on appelle autrement Maître, & qui est dans un corps de Régiment. Levis armaturæ eques. On l’appelle ainsi, par opposition aux Gens d’armes, qui étoient autrefois des gens pesamment armés & de toutes pièces. Il y a pourtant plusieurs compagnies d’ordonnances qu’on appelle particulièrement Chevaux-légers, qui n’entrent jamais en corps Régiment, qui sont les Chevaux-légers de la Garde du Roi, de la Reine, de Monseigneur le Dauphin, de Monsieur, &c. & on dit au singulier un Chevau-léger, & au pluriel, vingt & un chevaux. Eques levis armaturæ è Regis Custodia. Le Roi est Capitaine des Chevaux-légers. Il y a sous lui un Capitaine-Lieutenant. On dit Chevaux-légers, & Cehvaux-légers de la Garde. Contre l’ordre, de ce pluriel s’est formé le singulier, Chevaux-léger, & l’on dit, c’est un Chevau-léger, il est Chevau-léger de la Garde. Le Dict. de l’Acad. Françoise met Chevau-légers au pluriel, & cette ortographe paroît la plus suivie. Chaque Chevau-léger a 540 liv. par an, 90 à chaque montre de deux en deux mois.

On se sert aussi du nom de chevaux en général, pour désigner la cavalerie, des gens de cheval. Equitatus, equites. Il y avoit dans cette armée trente mille hommes de pié, & dix-mille chevaux, c’est-à-dire, deux mille combattant à cheval. Un escadron de deux cens chevaux. Ac. Fr. Les gens de guerre disent Capitaine de chevaux, pour dire, Capitiane de cavalerie : cela est du style familier.

Le cheval est un animal guerrier, & un symbole de la guerre. Le cheval, dans les médailles Puniques, est le symbole de Carthage, bâtie selon l’Oracle, au lieu où l’on trouva une tête de cheval. Les chevaux paissans marquent la paix & la liberté, ou simplement un pays abondant en pâturages. Le cheval bondissant marque l’Espagne, où il se trouve d’excellens chevaux ; quelquefois les victoire remportées aux jeux publics ; comme sur les médailles du Roi Hiéron. Quelquefois c’est le Bucéphale d’Alexandre, ou simplement le symbole des Rois de Macédoine, où il se trouve de très-beaux chevaux. P. Jobert.

Les Incitati à Rome ont pour devise un cheval barbe courant, avec ce mot, dant animos plagæ. Et les Erranti de Bresce, un barbe aussi ; & pour arme, velocitate palmam. Un cheval de bataille tout armé, avec cet hémistiche de Virgile, 2. Georg. v. 145. Capo sese arduus infert, est la devise d’un grand Capitaine.

Cheval de Frise, en termes de Fortification, est une grosse pièce de bois percée & traversée de plusieurs pieux armés de pointes de fer, & longs d’environ cinq ou six piés. Ericius. Il sert à défendre un passage, ou à boucher une brèche, ou à faire un retranchement pour arrêter la cavalerie. On en met aussi sur des roues avec des feux d’artifice, pour faire rouler en bas dans les assauts. Le Prince d’Orange fermoit son camp avec des chevaux de Frise, en les faisant accrocher les uns aux autres, à ce que dit Jean Errard. On les appelle chevaux de Frise, parce que cette machine a été inventée en Frise