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&c. fille d’Henry IV, épousa Victor Amé, Duc de Savoie.

Christine. s. f. Monnoie de Suède, d’argent de très-bas alloi, qui vaut environ quinze sous de France.

CHRISTODIN, INE. s. m. & f. Au commencement du Calvinisme on donna ce nom aux Huguenots, ou Calvinistes en France, parce qu’ils ne parloient que de Christ, que dans leurs traductions du Nouveau Testament, & dans les autres livres, on trouvoit sans cesse ce mot Christ. Christodinus, a.

CHRISTOLYTE. s. m. & f. Nom de Secte. Chrystolytus, a. C’étoient des hérétiques dont parle S. Jean Damascène, ainsi appelés parce qu’ils détruisoient Jesus-Christ, assûrant qu’il étoit descendu aux Enfers en corps & en ame, & qu’ayant laissé là l’un & l’autre, il étoit monté au Ciel avec sa seule divinité, ou plutôt, sa seule divinité y étoit montée.

Ce mot est grec, composé de Χριστὸς, Christ, & λύω, je résous, & signifie des gens qui dissolvent, qui détruisent Jesus-Christ.

CHRISTOMAQUES. s. m. pl. Ce mot signifie ennemi de J. C. On a ainsi appelé les hérétiques qui nioient, ou la Divinité du Sauveur des hommes, ou sa Personalité, ou sa Consubstantialité avec le Pere & le Saint Esprit. Χριστομάχοι.

CHRISTOPHE ou CHRISTOPHLE. s. m. Nom propre d’homme. Christophorus. S. Christophle est honoré dans l’orient & dans l’occident depuis plusieurs siècles, quoiqu’on ne sache rien de sa vie & de son martyre. Quelques-uns de nos Ecrivains françois écrivent Christophle, comme Baillet, Tillemont, &c. M. de Cordemoy écrit Christophe ; & dans l’usage ordinaire on prononce Christophe plutôt que Christophle, quoi qu’en dise M. Baillet.

Ce mot s’est formé du latin, ou plutôt du grec Christophorus, Christophore, Christophre, Christophle, Christophe. Χριστοφορὸς est composé de Χριστὸς, Christ, & φέρω, je porte, & signifie Porte-Christ. C’est sur la signification de son nom qu’on le peint portant Jesus-Christ sur ses épaules.

Dans les siècles d’ignorance on croyoit qu’on ne pouvoit mourir de mort subite ni d’aucun accident, quand on avoit vu S. Christophe, suivant ce vers.

Christophorum videas ; postea tutus eas.

C’est apparemment pour cela qu’on le représentoit d’une taille gigantesque aux porches des Cathédrales, ou à l’entrée des Eglises, afin que chacun pût le voir plus facilement.

L’Île de S. Christophe est une des Îles de l’Amérique, que l’on nomme Antilles. Elle est au couchant de la Barbade. Christophe Colomb la découvrit en son premier voyage de l’Amérique, & la voyant si agréable, voulut qu’elle portât son nom ; à quoi il fut aussi convié par la figure d’une des montagnes qui sont dans cette Île, laquelle porte sur sa croupe, comme sur l’une de ses épaules, une autre plus petite montagne ; de même que l’on peint S. Christophe comme un géant, qui porte Notre-Seigneur sur les siennes en forme d’un petit enfant. L’Île est sur la hauteur de dix-sept degrés & 25 minutes. Lonv. de Poincy, Hist. nat. des Antilles, L. I, c. 4, où il la décrit. L’Île a environ 25 lieues de tour. Elle est hérissée de montagnes au milieu. Elle ne laisse pas de produire quantité de tabac, de sucre, de gingembre & d’indigo. Elle est divisée en quatre cantons, dont il y en a deux qui sont tenus par les François, & les deux autres par les Anglois.

L’Île de S. Christophe est à un tiers de lieue du bourg de ce nom, vers la montagne des Singes. Latitude 17d 19′ 22″. Des Hayes, Acad. des Sc. 1701 Hist. pag. 111.

La possession de cette Île a été cédée entièrement aux Anglois, par le traité d’Utrecht en 1733.

Il y a une autre Île de S. Christophe dans la mer Pacifique, près de la terre de Quir.

CHROCTILDE. s. f. Nom de femme, qui se trouve pour CLOTILDE. Voyez ce mot.

CHRODEGAND. s. m. & nom d’homme. On dit aussi Godegranc. Chrodogangus. S. Chrodegand, issu d’une des premières noblesses du Royaume d’Austrasie, vivoit au VIIIe siècle. Il fut fait Evêque de Metz en 742.

Les Chanoines de S. Chrodegand sont les Chanoines de S. Etienne de Metz, que ce saint réduisit à la vie commune, & auxquels il donna une règle, que plusieurs autres Eglises reçurent dans la suite. La règle de S. Chrodegand contenoit trente chapitres, tirés des saints canons, des ouvrages des Peres, & principalement de la règle de S. Benoît. Ils ne faisoient aucun vœu : mais ils abandonnoient leurs biens à l’Eglise de Saint Paul de Mete, en s’en réservant l’usufruit, aussi-bien que les aumônes qu’on leur donnoit pour les messes, la confession, &c. Ils demeuroient tous dans un même cloître fermé, d’où il leur étoit permis de sortir le jour. C’est de-là que nos anciennes Cathédrales, & même quelques Collégiales ont encore des cloîtres, le cloître de Notre-Dame, le cloître de S. Honoré à Paris, &c. Non-seulement la prière & le chant, mais le vêtement & le vivre étoit prescrit, & ils mangeoient en commun dans un même réfectoire. Voyez les Bolland. Au 6e de Mars, & le P. Thomassin, Discip. Eccl. T. II, Par. III, L. I, c. 26. P. IV, C. 24.

CHRODOR. s. m. Terme de Mythologie. Dieu des anciens Germains, qu’on croit être Saturne. On le représentoit sous la forme d’un vieillard qui a la tête nue, qui appuie des piés sur un grand poisson. Il est couvert d’une robe qui ne laisse voir que les piés ; & est ceint d’une écharpe, tenant de la main gauche une roue, & de la droite un panier plein de fleurs & de fruits.

☞ CHROMATIQUE. adj. de t. g. Terme de Musique. Genre de Musique qui procède par plusieurs demi-tons de suite, majeurs & mineurs alternativement. Musique dans le genre chromatique. Il est aussi substantif. Il y a du chromatique dans cette musique. Chroma. Il a été appelé de ce nom, à cause que les Grecs le marquoient avec des caractères de couleurs, qu’ils appeloient χρῶμα. Le P. Parran dit que chromatique veut dire la même chose que varié & coloré, parce que le genre chromatique varie & embellit le genre diatonique par ses demi-tons, qui font dans la musique le même effet que la variété des couleurs dans un tableau. Les genres chromatiques & enharmoniques ne contiennent que les moindres degrés diatoniques ; de sorte qu’ils ont la même raison ou proportion avec le diatonique, que les nombres entiers avec les nombres rompus. Le B mol appartient au genre chromatique. Boëce, & après lui Zarlin, ont dit que le genre chromatique fut inventé par Timothée Milésien, du temps d’Alexandre le Grand. Les Spartiates le bannirent de leur ville, à cause que cette musique étoit trop molle, & qu’ils n’avoient accoutumé d’user que du genre diatonique. Le chromatique est dans la musique entre le diatonique & l’enharmonique, ce qu’est dans la Peinture la couleur entre le blanc & le noir. Plusieurs assûrent qu’on n’a jamais oui le pur chromatique ; toutefois Aristide assure qu’il l’a chanté. P. Parran.

Dans la mélodie le chromatique consiste en une suite de chant qui procède par semi-tons, tant en montant qu’en descendant : ce qui produit un effet merveilleux dans l’harmonie, parce que la plupârt de ces semi-tons, qui ne sont pas dans l’ordre diatonique, causent à tout moment des dissonances qui suspendent ou qui interrompent les conclusions, & donnent même de la facilité à remplir les accords de tous les sons qui les composent, sans déranger l’ordre diatonique des parties supérieures. Le chromatique n’est en usage que dans les tons mineurs. Il est plus difficile à comprendre, lorsque les parties descendent, que lorsqu’elles montent. Ram. Le chromatique ne consiste que dans la sixième note du ton, que l’on fait procéder par