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CLE

qu’on met au commencement des réglets, qui avertit du ton sur lequel on doit commencer le chant, lequel est tantôt un re, tantôt un sol, tantôt un ut, &c. Dans la clé de G, re, sol, ut, & ainsi des autres notes qui sont à la suite des lettres qui sont marquées sur la gamme. C’est un caractère qui donne connoissance du nom de toutes les notes assises sur l’échelle musicale qu’on appelle gamme. Notarum musicarum index, figura, ou signum, nota. Les trois clés, sont G, re, sol. C, sol, ut. F, ut, fa. Ces trois lettres, g, c, & f, sont appelées clés, parce que dans les notes qui suivent ces lettres, se rencontrent les ut, qui commencent & ouvrent le chant, qui n’est répété que trois fois dans toute l’étendue de la gamme : c’est pourquoi on n’admet que trois clés en Musique. Dans le Plain-chant la clé de C, sol, ut, ne peut être située que sur la première, seconde, ou troisième ligne, & jamais sur la quatrième, ou très-rarement. La clé d’F, ut, fa, n’est jamais située que sur la deuxième ligne, ou très-rarement sur la première. Nivers. Chaque clé donne son nom aux notes qui se rencontrent sur la ligne où elle est posée. Monteclair. Des trois clés du systême moderne, celle de G est affectée aux dessus, ou voix aigües : celle de F, aux voix graves, ou basses : celle de C aux voix ou parties du milieu. De Brossard. Petite clé, c’est la clé de F, quand elle est sur la troisième ligne, qui est celle du milieu ; quand elle est sur la quatrième on l’appelle grande clé.

Clé, en termes de Vénerie, se dit des meilleurs chiens & des mieux dressés, qui servent à redresser & à conduire les autres, qu’on appelle clé de meute. Canes ceterorum duces.

En ce sens on le dit de ceux qui dans des compagnies où l’on opine, où l’on dispute, entraînent les autres à leur parti.

Clé, en fauconnerie, ce sont les ongles des doigts de derrière de la main d’un oiseau de proie.

Clé, en plusieurs endroits, se prend pour le robinet d’un tonneau. Epistomium.

Clé dans plusieurs arts & métiers signifie un instrument qui n’a qu’un trou carré, qui sert à faire mouvoir des vis, des roues, des pignons, des chevilles, & qui est fait en espèce de manivelle. Clavicula. Ainsi on dit, la clé d’un lit pour en tourner les vis. La clé d’une carabine, d’un pistolet, pour en bander le ressort. La clé d’une montre, pour la monter. La Clé d’une épinette, d’un clavecin, pour l’accorder & en tourner les chevilles. La clé du robinet d’une fontaine.

On appelle aussi clé, certaines petites boëtes mobiles qui servent à boucher les trous des flûtes, & des autres instrumens semblables, sur lesquels on les applique. Clavulus.

Clé se dit aussi en Architecture de ce qui ferme, qui arrête quelque chose. La clé d’un arc, ou d’une voûte, est la dernière pierre qu’on met au haut d’une voûte, qui étant plus étroite par en bas que par en haut, presse & affermit toutes les autres. Testudinis conclusura. On l’appelle autrement mensole.

Quand la clé excède la hauteur d’un bandeau, on l’appelle clé passante. Il en est de bizarres qu’on appelle guimberges. Frézier.

La clé est différente selon les Ordres ; au Toscan & au Dorique, ce n’est qu’une simple pierre en saillie ou bossage. À l’Ionique, la clé est taillée de nervures en manière de console avec enroulemens. Au Corinthien & au Composite, c’est une console riche de sculpture avec enroulemens & feuillages. La clé en bossage, est celle qui a plus de saillie que les claveaux ou voussoires, & où l’on peut tailler de la sculpture. Clé pesante, est celle qui traversant l’architrave, ou même la frise, fait un bossage qui en interrompt la continuité. Clé pendante & saillante, c’est la dernière qui ferme un berceau de voûte, & qui excède le nu de la douelle dans sa longueur. Clé à crossette, est celle qui est potencée par en haut, & qui a deux crossettes qui font liaison dans un cours d’assise.

La clé d’un pressoir est la vis qui le fait mouvoir, & qui le tient ferme. Cochlea, fibula. Les tenons sont des clés de bois qui servent à assembler les pièces de menuiserie. Subscus, cardo. Les clés des poupées, d’un tour ou autre machine. Clavus suculæ. Clés d’une poutre sont les chevilles de fer que l’on met au bout de la poutre pour la tenir plus ferme dans le mur.

Clé, en termes de Marine, est une grosse cheville de bois qui joint un mât avec l’autre vers les barres de hune, & qu’on ôte à chaque fois qu’il faut amener le mât. Clavus ligneus. La clé des étains, est une pièce de bois qui tient les étains à l’étambot. Clé de pierrier, est une clé de fer faite en façon de goupulle qui sert à tenir la boite du pierrier en sa place. Fibula ferrea. Clé de guindas, se dit d’une pièce de bordage entaillée en rond, qui tient un des bouts de guindas sur les coittes. Clé de pompe, c’est une espèce de cheville de bois carré, qui tient la bringueballe sujette avec la pompe. On appelle aussi clé, un bout de cable qui tient un vaisseau par l’arrière, quand on le veut mettre à l’eau.

Clé, ou Pas-d’âne, terme d’Horlogerie. C’est une pièce qui tient une grande roue jointe contre un des bouts d’un cylindre d’une Pendule à secondes, ou d’une roue de cadran contre son canon, pour qu’elle soit ferme à tourner.

Clé, en termes de Cordonnier, est un morceau ede bois qu’on fourre dans une forme brisée pour élargir le soulier. Clavus ligneus. On l’appelle clé de forme. Il y a aussi un autre morceau de bois que les Cordonniers appellent clé d’embouchoir, & dont ils se servent pour élargir les bottes.

En termes de Blason, on dit des clés en pal, ou en sautoir, couchées, ou adossées, selon que les pannetons sont disposés. Claves in palum, in decussim positæ, claves observæ.

CLÉIDOMANCIE. Voyez Clédomancie.

CLÉMATIS. s. f. Plante médicinale. Voyez Pervenche, c’est la même chose. Vinca, pervinca. Il y a une autre nouvelle espèce de clématis d’Amérique, qui a quatre feuilles semblables à celles du laurier, qui a le goût d’un champignon, dont la fleur est un cornet rouge tirant sur l’orange, & semblable au jasmin d’Inde à fleurs pourprées. Elle est plus amplement décrite dans les Mémoires de Dodard.

CLÉMATITE. s. f. Clematitis. Plante ordinairement sarmenteuse, & dont on cultive dans les jardins certaines espèces à cause de la couleur de leurs fleurs. Celles-ci sont vivaces, & grimpent sur les corps voisins. Leurs sarmens sont menus, garnis de feuilles qui sont au nombre de trois, portées sur une même queue. Elles sont arrondies, lisses, d’un vert-gai, & âcres au goût, quelquefois échancrées, quelquefois entières, sans aucune dentelure sur leurs bords. Leurs fleurs, quoique sans odeur, ne laissent pas d’être agréables ; elles sont composées de quatre pétales, longs d’un pouce, disposées en croix, & bleuâtres dans certaines espèces, purpurines ou violettes dans d’autres. Ce nombre de pétales venant à augmenter, la fleur devient double, plus agréable & plus recherchée ; ce n’est cependant qu’une monstruosité. Le milieu de ces fleurs est garni d’un nombre considérable d’étamines. Le pistil, après la chûte des étamines & des pétales, devient un fruit chargé de plusieurs semences, ramassées en tête, & terminées chacune par une barbe fine, pareille à celle d’une plume. Cette plante est nommés par la Botanistes Clematitis cærulea, vel purpurea repens, flore simplici, vel multiplici. Elle croît en Italie & en Espagne dans les haies.

On pourroit joindre à celle-ci la Clématite qui a été observée en Hongrie par Clusius. Clematitis Pannonica. Elle diffère de la précédente 1°. par ses sarmens, qui se tiennent droits ; 2°. par ses feuilles, qui sont seules sur une queue, & toujours opposées deux à deux le long des tiges ;