aides des Profès ; mais ils ne peuvent pas, comme eux, parvenir au quatrième vœu, qui est celui d’obéissance au Pape. Les Coadjuteurs temporels se donnent à l’Ordre pour servir les autres dans les plus vils Offices de la Maison, comme la Cuisine, la Cordonnerie, &c.
COADJUTORERIE, s. f. qualité ou charge de Coadjuteur ou de Coadjutrice. Dignitas designati successoris. Episcopo alicui. Les Bulles de Coadjutorerie portent provision, & collation du Bénéfice par expectative, en sorte qu’il n’est point besoin de nouveau titre pour succéder à l’ancien Evêque, ou à l’ancienne Abbesse.
Il y avoit autrefois un grand abus dans ces coadjutoreries, que les Papes accordoient à des enfans & à des jeunes gens, avec la clause, donec ingressus fuerit, jusqu’à ce qu’il puisse entrer dans l’administration du Bénéfice : on les donnoit à des personnes qui n’étoient point encore dans les Ordres, avec la clause, donec accesserit, & même à des personnes absentes & éloignées avec cette clause, cum regressus. La restriction que le Concile de Trente fait des Evêchés & des Abbayes pour les coadjutoreries est si claire, qu’il est surprenant que quelques Canonistes aient voulu étendre son décret aux autres Bénéfices. Ceux qui ont appuyé les coadjutoreries des Canonicats & des Dignités dans la trois Evêchés, ont prétendu qu’elles étoient plus souhaitables en ces lieux-là que les résignations, parce qu’on envoyoit moins d’argent à Rome, on ne tolère point en France ces sortes de coadjutoreries, qui sont un abus manifeste. Les Romains ont beau dire que Metz, Toul & Verdun, étant une partie de la Lorraine où le Pape a tout pouvoir sur les Bénéfices, il doit avoir aussi le pouvoir d’y faire des Coadjuteurs ; on n’écoute point ces raisons dans les Parlemens, & celui de Paris prononça en 1642, un Arrêt contre un Pourvû par coadjutorerie, d’un Canonicat de l’Eglise Cathédrale de Metz.
COADJUTRICE, s. f. est une Religieuse que le Roi nomme pour aider une Abbesse à faire des fonctions, & qui lui succède en vertu du même titre. Vicaria Abbatissæ eidemque succedendo designata.
Coadjutrice, femme qui aide une autre personne à quelque chose, qui y travaille conjointement avec elle. Adjutrix, auxiliatrix. Vous être par là les Ministres de la miséricorde de Dieu, vous en êtes les coopératrices & les coadjutrices. Bourd. Exh. T. I, p. 107.
Chez les Religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, dites Jésuitesses, on donne ce nom aux Sœurs Converses, qu’on appelle Sœurs compagnes ou coadjutrices, comme on appelle chez les Jésuites, Coadjuteurs, les Freres Laïcs. L’habit des Sœurs compagnes ou coadjutrices est plus court que celui des Meres. P. Hélyot, 5. VI, pag. 355.
Coadjutrice se dit, en quelques Communautés, d’une Officière ou Sous-Supérieure de la Communauté. Coadjutrix. Dans la Congrégation de S. Joseph, chaque Maison est gouvernée par une Supérieure qui a le titre de Prieure, par une Intendante, & une Coadjutrice. P. Hélyot, T. VIII, p. 188.
Coadjutrice. Aide. Adjutrix, Coadjutrix. On appelle ainsi dans la Congrégation des Dimesses ou Modestes, deux filles qu’on élit tous les ans dans chaque Maison, pour être le Conseil & les Aides de la Supérieure, & on les appelle Adjutantes, Majeures & Coadjutrices. P. Hélyot, T. VII, C. 3.
Coadjutrice, se dit d’une Maîtresse par rapport à un homme marié. Malgré le mauvais usage que la dépravation du siècle a établi, il n’a point donné à sa femme de Concurrente & de Coadjutrice. Il l’aime toujours aussi tendrement que le premier jour. Madame du Noyer.
COAGIS, s. m. terme en usage dans le Levant parmi les Négocians : il signifie Commissionnaire. Il y a des François, Hollandois, Anglois & Italiens, qui sont établis dans les Echelles du Levant en qualité de Coagis, ou Commissionnaire : ils font commerce par commission, chacun pour les compte des Marchands & Négocians de leur nation. Ménage, qui les nomme Coogiers, dit que l’origine de ce mot ne lui est pas connue. Ne vient-il point du Latin Coactor, Receveur, ou du verbe coaggerare, amasser, par rapport aux marchandises dont les Coagis font des magazins ?
COAGULATION, s. f. terme didactique. Epaississement qui arrive à un corps liquide, sans qu’il perde aucune des parties sensibles qui causoient sa fluidité ; comme il arrive au lait, au sang, à la chaux, au plâtre. {(lang|la|Coagulatio}}. On distingue ainsi cette espèce d’épaississement de celui qui se fait par la perte d’une partie de la substance ; comme quand la boue s’épaissit par l’évaporation des parties aqueuses ; car cet épaississement ne s’appelle point coagulation, mais endurcissement. Il y a un mot général, savoir concrétion, qui est commun à coagulation, épaississement, endurcissement.
Il y a de grandes variétés dans les coagulations. Prenez du lait de vache, mêlez-y du suc d’épurge, catapucia minor, de l’esprit acide de miel, de l’esprit de nitre, ou quelques autres astringens, la coagulation se fait beaucoup plutôt, que si vous l’exposiez seulement à l’air. Au contraire jetez-y du sel fixe & sulfureux de tartre ou de nitre, de l’esprit de sel ammoniac, du miel, du sucre ; ces matières, aussi-bien que presque toutes les plantes aromatiques, empêchent ou retardent la coagulation. Le sel commun, le sel gemme, l’hyffope, &c. n’on ni l’un ni l’autre de ces effets. La coagulation se fait plutôt dans un air sec & chaud, que dans un air humide ; en été qu’au printemps.
L’esprit acide du sel commun, ou de nitre distillé, jeté dans des blancs d’œufs bien battus, fait une coagulation très-ferme. L’huile de vitriol en fait une fibreuse & moins ferme ; l’esprit acide de miel & le vinaigre n’en produisent point ; l’esprit de sel ammoniac, & l’huile de tartre n’en donnent point non plus. L’esprit de vin purifié fait une coagulation assez ferme, mais divisée en grumeaux. Le suc tiré de l’épurge, le sel ammoniac réduit en poussière, le sel de persil, le sel de tartre, le sel commun n’ôtent rien aux blancs d’œufs de leur fluidité, mais l’extrait de noix de galle, & l’alun en donnent une prompte & ferme. La dissolution du vitriol de cuivre, qui rougit le fer, ne fait qu’une médiocre coagulation : celle de vitriol de Mars n’en fait aucune, non plus que celle du vitriol blanc.
Il en est de même des coagulations du sang des animaux ; le sang tiré de la jugulaire d’un agneau, & partagé en différens vases, sans y rien mêler, s’est coagulé en une demi-heure : en y jetant de l’esprit de sel commun, la coagulation s’est faite sur le champ, & la couleur rouge du sang s’est changée en couleur noire ; l’huile de vitriol produit le même effet. Le vinaigre distillé a de même noirci le sang, mais le coagulum a été moins ferme. L’esprit de sel ammoniac & l’huile de tartre ont également empêché la coagulation, mais le premier a produit un rouge plus foncé, & le second un rouge plus vif & tirant plus sur la couleur de feu. L’esprit de vin a produit sur le sang le même effet que sur le blanc d’œuf, c’est-à-dire, qu’il a fait une coagulation assez ferme, mais grumeleuse, & un rouge semblable à celui de l’ocre mis au feu. L’esprit de miel a rendu ce sang noir, & d’une consistance molle & inégale. L’extrait de noix de galle a aussi donné une coagulation grumeleuse. L’esprit de rouille l’a durci & noirci. L’esprit de nitre & l’esprit de sel commun lui ont ôté toute sa couleur rouge, & l’ont réduit en grumeaux. La dissolution de sel commun dans de l’eau a un peu changé sa couleur sans coagulation. Le sang tiré de l’artère carotide a pris une consistance plus solide ; demeurant par tout rouge, du reste il a éprouvé avec les mêmes liqueurs les mêmes coagulations que le sang veineux. Duhamel, Hist. Acad. p. 74, 75. Le P.