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COL

☞ Ces diminutifs ne sont plus usités.

COLOMBIER. s. m. Bâtiment en forme de tour, pour y nourrir des pigeons. Columbarium. Dans la plûpart des Coutumes de France, le droit de colombier n’est pas un droit féodal. Il n’est permis qu’aux Seigneurs qui ont haute Justice d’avoir des colombiers à pié. Les autres Seigneurs ne peuvent avoir de colombier, à moins qu’ils n’aient un certain nombre d’arpens de terre. En Normandie le droit de colombier est attaché au plein fief de Haubert. Il n’est pas permis de bâtir un colombier sur une roture.

Un colombier à pié, est celui qui a des boulins depuis le sommet jusqu’au rez-de-chaussée. Les autres s’appellent des volets, des fuie. Voyez ces mots.

On dit attirer les pigeons à un colombier ; ou au contraire, chasser les pigeons du colombier ; pour dire, attirer par quelque amorce, par quelque bon accueil, les chalands dans une boutique, les passans dans une hôtellerie : parce qu’au propre on attire les pigeons étrangers au colombier, quand on y met quelque saline, ou autre drogue qu’aiment les pigeons.

COLOMBIERS, en termes de Charpenterie, ce sont deux pièces de bois endentées qui servent à soûtenir un navire quand on veut le mettre à l’eau. Columbar.

Colombier, en termes d’Imprimerie, se dit par allusion quand on laisse trop d’espace entre les mots.

Colombier. On donne ce nom à une sorte de papier.

COLOMBIN, INE. adj. Espèce de couleur qui est du violet lavé, du gris de lin entre le rouge & le violet. Color violæ dilutior.

☞ Ce mot vieillit : on dit mieux gorge de pigeons.

Colombin. s. m. C’est la pierre minérale d’où l’on tire le plomb pur & sans mêlange d’aucun autre métal. On l’appelle plombacine, quand on y trouve de l’argent mêlé avec le plomb.

Colombin, terme de Fleuriste. Nom de Tulipe. Colombin & blanc à grand bord ; il y en a une printanière & une tardive.

COLOMBINE. s. f. Nom qu’on donne à une plante appelée autrement ancolie, & en Latin aquilegia. Voyez Ancolie.

On le donne aussi à la verveine mâle, parce que les pigeons, selon Dioscoride, la recherchent beaucoup. Voyez Verveine.

Colombine, s. f. terme de Fleuriste. Anémone à peluche qui est toute d’une couleur, qui tire plus à la fleur de pêcher, qu’au colombin. Ainsi elle a été mal nommée. Elle est fort vulgaire. Morin.

Colombine, s. f. terme de jardinage. Fiente de pigeon. Stercus columbinum. Prenez bien garde, disent les habiles Jardiniers, quand vous voudrez employer la colombine, que ce soit toujours fort à propos, autrement elle peut causer beaucoup de dommage. Liger. ☞ Ce fumier est trop rempli de parties volatiles : il ne convient qu’aux prés trop usés. Dans les potagers, il doit être mêlé avec d’autres engrais qui en modèrent la chaleur.

☞ COLOMBO, Ville des Indes orientales, sur la côte occidentale de l’Île de Ceylan, ainsi nommée de Christophe Colomb. Les Hollandois l’enlevèrent aux Portugais en 1556.

☞ COLOMBS ou COULOMBS. Columba. Bourg de France, avec une Abbaye de l’Ordre de S. Benoît, dans la Beausse, sur la rivière d’Eure, près de Nogent le Roi.

COLOMIERS. Petite ville de France dans la Brie inférieure, & du Diocèse de Meaux, sur le Morin. Colomeriæ, Columbaria. Colomiers est une ancienne Pairie, qui fut rétablie en son premier état par Louis XIV, en faveur d’Henri d’Orléans, Duc de Longueville.

COLON, s. m. signifie en général celui qui cultive une terre, colonus du verbe colere cultiver. Par cette raison, on appelle Colons, les peuples d’une Colonie qui défrichent, plantent & cultivent les terres. Voyez Colonie.

On le dit par extension de ceux qui cultivent des terres en quelque pays que ce soit. Dans quelques-unes de nos Provinces on manque de Colons.

Colon, (en Jurisprudence) signifie, dans quelques Provinces, Fermier, ou celui qui cultive un héritage. Le Fermier ou colon doit faire les cultures en leur temps, & selon l’usage. Domat, Loix civiles.

Colon, terme d’Anatomie. Quelques-uns écrivent Colum, selon la forme latine : Ainsi le fait toujours M. Littre dans un Mémoire qui se lit dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1703, p. 90.

C’est le nom du second des gros boyaux, qu’on appelle autrement boyau culier, qui est entre le cœcum & le rectum. Il va depuis le rein droit jusqu’à la cavité du foie. De là s’attachant au fond du ventricule, & portant sur la rate, il est lié au rein gauche, d’où il descend en forme d’une S jusques au dessus de l’os sacré, & va se terminer au rectum, de sorte qu’il enferme presque tous les boyaux grêles. C’est dans ces replis que s’arrêtent & se figurent les excrémens. Pour cette raison, quelques-uns font venir ce mot de κωλύειν retarder. D’autres le tirent de κοῖλον creux, à cause de cet intestin. Suivant d’autres, ce mot vient du verbe grec κολὰζεθαι qui signifie être tourmenté, parce qu’il est souvent tourmenté de tranchées & de cruelles douleurs. C’est de lui que la colique a pris son nom.

☞ COLON, en Grammaire. Quelques Grammairiens emploient ce mot pour ce que nous appelons en fait de ponctuation, les deux points : Le mot est purement grec κωλόν & signifie membre, & par extension, membre de période : car les deux points divisent les membres des périodes.

☞ COLONEL, anciennement on prononçoit Coronel, s. m. Officier qui commande un Régiment d’Infanterie Françoise. Legionis Tribunus, Chiliarchus. Colonel du Régiment de Picardie, de Champagne. Ceux qui commandent des Régimens de Cavalerie s’appellent Mestres de Camp. Voyez ce mot. On appelle pourtant Colonels ceux qui commandent des Régimens de Cavalerie Etrangère. Tribunus, Magister Equitum.

☞ On appelle aussi Colonels ceux qui commandent des Régimens de Dragons, qui sont réputés des Corps d’Infanterie. Magister Equitum quos Dracones vocant.

Le terme de Colonel est venu des Italiens & des Espagnols. Skinner croit qu’il pourroit venir du mot colonie, colonia, & que les chefs des colonies ont peut-être donné leur nom aux chefs des troupes.

Colonel se dit aussi des Chefs des Régimens de la Milice bourgeoise dans les villes. Tribunus urbanæ Militiæ. Il y a seize Colonels à Paris ; & un Colonel des Archers de ville.

Colonel Général de l’Infanterie. Officier d’armée qui commandoit autrefois toute l’Infanterie Françoise. Cette charge a été supprimée en 1661, à la mort du Duc d’Epernon. Tribunus Generalis Militiæ Gallicæ pedestris. C’étoit un grand Officier du Royaume, dont l’autorité s’étendoit sur tous les gens de pié françois, & qui avoit les Mestres de Camp pour Lieutenans-Colonels. C’est sous son nom que toutes les Ordonnances de guerre étoient publiées, & que la Justice s’exerçoit par le Prévôt des bandes. Le P. Anselme, dans son Histoire des Grands Officiers de la Couronne, a donné une liste chronologique des Colonels Généraux de l’Infanterie Françoise. Anciennement les Capitaines, encore qu’ils commandassent à de grosses troupes, n’étoient appelés simplement que Capitaines, & non Colonels. Brantôme. M.  de Tais a été le premier Colonel Général des Bandes Françoises. Id.