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si grandes exactions, sous prétexte de remplir leur devoir, qu’Honorius les supprima par une loi du 18 Août 412.

Cassien appelle aussi compulseurs ceux qui dans les Monastères indiquoient les heures de l’Office Canonique, & qui avoient soin que les Moines se rendissent à l’Eglise à ces heures.

Les loix des Visigots font mention des compulseurs de l’armée. Les Gots appeloient ainsi ceux qui obligeoient les soldats d’aller au combat, ou à l’attaque.

Ce nom est pris du latin compulsor, qui vient de compellere, obliger, contraindre.

COMPULSOIRE. s. m. Lettres de Chancellerie, que le Roi accorde à des parties pour contraindre un Greffier, un Notaire, ou des personnes publiques, à leur délivrer des actes dont elles ont besoin ; qui porte commission pour appeler les parties adverses, afin de les voir collationner. Mandatum signatoriæ cathedræ quo tabellio adigitur ad instrumenta litiganti necessaria exhibenda. ☞ C’est en général un acte de Justice, qui enjoint à un homme public de communiquer les Registres dont il est dépositaire.

Les Procureurs appellent burlesquement un morceau de fromage affiné, un compulsoire, parce qu’il oblige à boire.

COMPUT. s. m. terme de Chronologie. Computatio. Il ne se dit que des supputations des temps qui servent à régler le Calendrier & les Fêtes de l’Eglise, comme le Cycle Solaire, le Nombre d’Or, l’Epacte, l’Indiction Romaine, & le temps des Fêtes mobiles, aussi-bien que les Calendes, Ides, Quatre-temps, Bissexte, &c. Scaliger dit que c’est Julius Firmicus, qui le premier s’est servi du mot de computus en ce sens, lequel dans la basse latinité a aussi signifié un chapelet, ou plusieurs grains enfilés,

COMPUTISTE. s. m. Celui qui travaille au comput, & à la composition du Calendrier. Qui computat, computator, computorum auctor.

Computiste. Officier de la Cour de Rome, dont la fonction est de recevoir les revenus du sacré collège. Encyc.

COMTAL, ALE. adj. Qui appartient à un Comte. Comitalis. Ce mot se dit de la couronne que les Comtes mettent sur leurs armes, & qu’on appelle couronne Comtale, comme celle des Ducs s’appelle couronne Ducale. Si le Roi vouloit mettre une capitation sur les usurpateurs des couronnes Ducales & Comtales, il en tireroit des millions. Amelot de la H. Mém.

☞ On le dit aussi de la taille, taille comtale. Voyez Taille ; & des bénéfices fondés par des Comtes ; fondation comtale.

COMTAT. s. m. Le Comtat est le territoire, ou l’Etat d’Avignon. Comitatus Vindascinus. On dit, le Comtat Venaissin, ou le Comtat tout court, comme on dit la Comté tout court, pour la Franche-Comté, ou le Comté de Bourgogne. Ce nom signifie Comté, & s’est formé de l’Italien Contado, depuis que le Pape est maître de ce Pays. Le Comtat a le Dauphiné au nord, la Provence au levant & au midi, & le Languedoc au couchant. La Capitale du Comtat est Avignon. La principauté d’Orange est renfermée dans le Comtat. Nous disons ordinairement le Comté d’Avignon.

COMTADIN, INE, ou CONTADIN, INE. s. m. & f. Qui est du Comtat. Avenionensis.

COMTE. s. m. Homme noble, qui possède une terre érigée en comté en sa faveur, ou en faveur de ses ancêtres. Comes. Le Comte de Soissons, d’Auvergne. L’Evêque de Beauvais est Comte & Pair, aussi-bien que ceux de Noyon & de Châlons sur Marne. Les Comtes tiennent le milieu entre les Ducs & les Barons. Ils ont droit de porter une couronne perlée sur leurs armes. La couronne de Comte est une lame en cercle, ornée de trois pierres précieuses, & surmontée de trois grosses perles ou d’un rang de perles, qui au milieu & aux extrémités de la lame se doublent, ou se triplent, & sont plus élevées que les autres. Voyez Paschal, dans son L. IXe des couronnes, ch. 22.

Comte se dit aussi des Chanoines qui sont nobles & fondés en qualité de Comtes. Les Chanoines de la Cathédrale de S. Jean de Lyon, ceux de Brioude en Auvergne, ceux de saint Pierre de Mâcon, ☞ sont qualifiés Comtes, parce qu’ils étoient autrefois Seigneurs temporels des endroits où leurs Eglises sont situées. On a appelé autrefois Comtes, des Capitaines, gens du Conseil, Secrétaires & Juges des villes sous Charlemagne ; & le Comte différoit du Duc, en ce que le Comte n’avoit qu’une ville sous lui, & le Duc une Province.

Ce mot vient du latin comes, parce que c’étoient d’abord des Seigneurs qui étoient à la Cour, ou à la suite de l’Empereur, ainsi appelés à comitando, vel commeando : d’où vient qu’on a appelé les Comtes Palatins, ceux qui étoient toujours au Palais au côté du Prince, qu’on nommoit aussi Comites à latere. Au tems de la République on appeloit Comtes chez les Romains tous ceux qui accompagnoient les Proconsuls & les Propréteurs dans les Provinces, pour y servir la République, comme les Tribuns, ceux qu’on nommoit Præfecti, les Ecrivains, &c. Cela paroît par l’Oraison de Cicéron, pro C. Rabirio postumo, n. 13. Sous les Empereurs, les Comtes étoient tous les Officiers de la Maison de l’Empereur. Il semble qu’on peut faire commencer les Comtes dès le tems d’Auguste, qui prit plusieurs Sénateurs pour être ses Comtes, ainsi que Dion le rapporte, L. LIII, c’est-à-dire, pour l’accompagner dans ses voyages, & pour l’assister dans les affaires qui se jugeoient ainsi avec la même autorité que si elles eussent été jugées en plein Sénat. Gallien paroît avoir aboli ce Conseil, en défendant aux Sénateurs de se trouver dans les armées, & ses successeurs ne le rétablirent pas. Mais s’ils n’avoient pas avec eux un corps de Sénateurs, ils ne pouvoient pas manquer d’avoir un Conseil de gens de mérite. Décébale, Roi des Daces sous Trajan, voulant peut-être imiter les Empereurs, avoir aussi ses Comtes, qui étoient considérables, mais qui n’étoient pas les premiers. C’est Dion qui nous l’apprend, L. LXVIII.

Ces Conseillers des Empereurs étoient donc véritablement Comtes, c’est-à-dire, Compagnons du Prince, & ils en prenoient quelquefois le titre, mais en y ajoutant le nom du Prince qu’ils accompagnoient. Ainsi c’étoit plutôt une marque de leur emploi, qu’un titre de dignité. Constantin en fit une dignité, & c’est sous lui qu’on commence à le donner absolument au Comte Denis, & à divers autres ; & cet usage étant une fois établi, on le donna assez indifféremment, non-seulement à ceux qui suivoient la Cour, & qui accompagnoient l’Empereur, mais généralement presque à toutes sortes d’Officiers, comme on le peut voir par la longue liste qu’en a fait Du Cange. Comes ærarii ; Comes sacrarum largitionum ; Comes sacri consistorii ; Comes curiæ ; Comes capellæ ; Comes archiatrorum ; Comes commerciorum ; Comes vestiarius ; Comes horreorum ; Comes opsoniorum, aut annonæ ; Comes domesticorum ; Comes equorum regiorum, aut Comes stabuli ; Comes domorum ; Comes excubitorum ; Comes notariorum ; Comes legum, seu Professor in Jure ; Comes limitum, aut marcarum ; Comes maritimæ ; Comes portus Romæ ; Comes patrimonii. C’étoient des Officiers en chef, dont il est parlé en plusieurs endroits du Droit Romain. On donnoit aussi le titre de Comte pour honorer ceux qui avoient bien servi le public, par exemple, dans le Code, cette qualité est donnée aux Avocats, & aux Professeurs en Jurisprudence, qui avoient servi vingt ans. Ainsi, quoique le titre ou le nom de Comte fût en usage avant Constantin, ce n’étoit point encore le nom d’une dignité particulière & déterminée. C’est cet Empereur qui en fit une dignité, & qui divisa les Comtes en trois ordres, ainsi que nous l’apprend Eusèbe dans la vie de ce Prince. Les premiers portoient le titre d’Illustres, Illustres. Les seconds celui de Clarissimes, Clarissimi