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CON

☞ CONNEXITÉ. s. f. Ce mot est souvent employé comme synonime de connexion. C’est proprement la disposition réciproque qu’ont deux choses pour être jointes l’une à l’autre. Mutua rerum convenientia. Il y a connexité entre la morale & la jurisprudence, entre la physique & la médecine. Quelques gens prétendent qu’il y a quelque sorte de différence entre Connexité & connexion. Ils veulent que connexité signifie une liaison, & une dépendance naturelle, qui se trouve entre les choses, sans que nous y contribuions rien de notre part, telle qu’elle est entre la Physique & la Médecine. Au lieu que connexion ne signifie, selon eux, qu’une liaison qui est à faire, & à laquelle nous devons contribuer par notre art : comme si on disoit par la connexion de ces deux propositions, vous verrez que l’une sert d’éclaircissement à l’autre. Quoique les Auteurs que nous avons pû consulter, confondent la signification de ces deux termes, il paroît pourtant qu’on doit les distinguer. Richelet semble aussi en avoir senti la différence ; puisqu’après avoir dit que connexion signifie rapport, il dit que connexité signifie, ce par quoi une chose a rapport à une autre.

☞ Le mot de connexion, disent les Encyclopédistes, désigne la liaison intellectuelle des objets de notre méditation ; celui de connexité, la liaison que les qualités existantes dans les objets, indépendemment de nos réflexions, constituent entre ces objets. Ainsi il y aura connexion entre des abstraits, & connexité entre des concrets, & les qualités & les rapports qui font la connexité seront les fondemens de la connexion ; sans quoi notre entendement mettroit dans les choses ce qui n’y est pas.

CONNIDAS. s. m. Connidas. Précepteur ou Gouverneur de Thésée, qui, au rapport de Plutarque, dans la vie de ce Héros, fut adoré comme un Dieu. On célébroit à Athènes des fêtes en son honneur nommées connidies ; on lui sacrifioit un Bélier.

☞ CONNIDIES. s. f. plur. Voyez Connidas.

CONNIFFLE. s. f. espèce de grande coquille, comme celles que les Pèlerins rapportent de Saint Jacques, & de S. Michel. C’est un excellent manger. On en trouve grand nombre dans la rivière du Havre de la Haive, sur la côte de l’Acadie. Denis, Desc. de l’Am, Sept, P. I, C. 3.

CONNIL. s. m. vieux mot. On dit aujourd’hui Lapin.

CONNILLER, v. n. chercher des ruses, des détours, des subterfuges pour s’esquiver, pour se cacher. Subterfugere. Comment la Philosophie qui me doit roidir le courage pour fouler aux pies les adversités, vient à cette mollesse, de me faire conniller par des détours couards & ridicules ? Mont. Cette expression est sur tout fort en usage dans l’Anjou. On ne s’en sert plus ailleurs.

CONNILLIÈRE. s. f. subterfuge, ou échappatoire. Il est vieux. Suffugium. C’est aux dépens de notre franchise, & de l’honneur de notre courage, que nous désavouons notre pensée, & cherchons des connillieres en la fausseté pour nous accorder. Montagne.

☞ CONNIVENCE. s. f. du latin Connivencia, qui signifie littéralement, clignement des yeux. C’est la dissimulation d’un mal qu’on peut & qu’on doit empêcher. C’est une tolérance qui nous rend complices du mal que nous devrions empêcher. Ce mot ne peut se prendre qu’en mauvaise part, parce qu’il est relatif à la conduite de celui qui favorise une action qu’on devroit punir. La connivence des parens est la cause du désordre des enfans. La connivence des Magistrats est un crime.

☞ CONNIVER, v. n. se rendre complice par tolérance & par dissimulation d’un mal qu’on peut & qu’on doit empêcher. Connivere in re aliquâ. Un Magistrat ne doit pas conniver avec un Procureur, ne doit pas conniver aux friponneries d’un Procureur. C’est un crime dans un pere de conniver aux débauches de ses enfans : ce Receveur & ce Commis connivent ensemble.

☞ CONNOISSABLE. adj. de t. g. qui est aisé à connoître. Qui facilè potest agnosci. Il est presque toujours employé avec la négative. Sa maladie l’a tellement changé, qu’il n’est plus connoissable.

☞ CONNOISSANCE. s. f. C’est en général la représentation que l’esprit se fait d’un objet, c’est-à-dire, la perception de la convenance ou disconvenance qui se trouve entre deux de nos idées, cognitio. La connoissance actuelle est la perception présente que l’esprit a de la convenance ou de la disconvenance de quelqu’unes de ses idées, ou du rapport qu’elles ont l’une à l’autre.

Connoissances, (Les) en matière de philosophie, & sur-tout en Algèbre, ne s’acquierent que par trois voies ; l’une qu’on appelle synthétique, ou de composition, lorsque d’une chose connue on descend à une moins connue, dont on tire une conséquence. La seconde analytique, lorsque de la conclusion on remonte aux principes sur lesquels elle est fondée. La troisième s’appelle d’inquisition, lorsque, sans avoir proposé aucune conséquence à démontrer, on examine avec attention les principes, & on regarde quelle conséquence on en peut tirer.

☞ On dit qu’un homme connoît une proposition, lorsque cette proposition ayant été une fois présentée à son esprit, il a apperçû la convenance ou la disconvenance des idées dont elle est composée, & qu’il l’a placée de telle manière dans sa mémoire, que toutes les fois qu’il vient à réfléchir sur cette proposition, il en voit la vérité, ou conserve la souvenir de la conviction, sans en retenir les preuves. C’est ce qu’on appelle connoissance habituelle.

☞ C’est ce précieux dépôt de vérités, confié à la mémoire, qui fait les richesses de l’esprit, auquel on donne le nom de connoissances. Cet homme a acquis plusieurs connoissances dans la physique par des expériences & une étude de trente ans. Démosthène se remplit l’esprit de toutes les connoissances qui pouvoient l’embellir.

☞ On dit qu’un homme à bien des connoissances, qu’il a de grandes connoissances ; pour dire, qu’il sait, qu’il a appris bien des choses ; qu’il a une grande connoissance de certaines choses, comme livres, tableaux ; pour dire, qu’il a une grande pratique, un grand usage de ces choses là, qu’il est en état d’en juger ; parler en connoissance de cause, être au fait de l’affaire dont on parle.

Connoissance se dit aussi de l’étude, & de l’attention qu’on a faite ou sur soi-même, ou sur les autres, pour en pénétrer le fonds, & en connoître les bonnes, ou les mauvaises qualités. Sans la connoissance de soi-même, toutes les vertus qu’on a d’ailleurs sont des occasions de chûte, parce qu’on ne sait pas mesurer ses forces à ses entreprises. Nic.

Connoissance se dit de la fonction, de l’exercice des facultés de l’ame. C’est dans ce sens qu’on dit, dans le langage ordinaire, qu’un homme a perdu connoissance, est sans connoissance. Il s’est donné un coup si violent en tombant, qu’il a perdu toute connoissance. Mens, ratio. On dit qu’un enfant est en âge de connoissance, quand il est en âge de raison, de discrétion. Rationis compos.

Connoissance signifie aussi juridiction, droit qu’on a de juger de quelque chose. Jus cognoscendi de re aliqua. Le Juge d’Eglise ne prend connoissance que des choses purement spirituelles. On a attribué au Parlement la connoissance des duels. Le Conseil a évoqué à lui, & retenu la connoissance de ce procès, & l’a interdit à tous autres Juges.

Connoissance se dit encore des personnes ☞ avec lesquelles l’on a ou l’on a eu des relations, des habitudes, qu’on voit souvent. Familiaritas, amicitia, consuetudo. On trouve bien peu de vrais amis, mais il est aisé de faire bien des connoissances. Faire de nouvelles connoissances, préférer les nouvelles aux anciennes. Je vous veux donner la connoissance de cet homme. Il lui a donné à dîner pour renouveller