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CON

appelé le contretenant de Vaugelas, dans le livre qu’il a écrit contre ses remarques.

CONTRE-TERRASSE. s. f. terrasse élevée au-dessus d’une autre terrasse, pour quelque élévation de parterre, ou racommodement de terrain. Terrenus agger aggeri terreno impositus.

CONTRE-TIRER, v. a. copier un dessein, un tableau, en observant les mêmes traits & mesures. Exemplar aliquod pingendo imitari, ce qu’on fait par le moyen d’une toile fine, d’un papier huilé ou autres matières transparentes, en marquant les mêmes traits qu’on voit à travers. On le fait aussi avec des instrumens, comme avec le châssis, le singe, ou le parallélograme des géomètres.

On appelle aussi en Imprimerie contre-tirer, lorsque l’on tire une contr’épreuve sur une épreuve fraîchement tirée, & qu’on en imprime une autre. Imaginem ab excusa recens imagine exprimere.

Contre-tiré, ée. part.

CONTRETRANCHÉES. s. f. pl. terme de fortification. Ce sont des tranchées que l’on fait contre les assiégeans, lesquelles, par conséquent, ont leur parapet tourné du côté des assiégeans. Fossa munita vallo obsidentibus objecta. Elles sont d’ordinaire enfilées de plusieurs endroits de la place, afin d’empêcher les ennemis de s’en servir, en cas qu’ils s’en rendent les maîtres.

CONTRÉTRAVE. s. m. Pour l’explication, voyez Contretrave.

CONTRE-VAIR, terme de Blason, c’est le contraire de Vair. Il se dit des fourrures dont les peaux sont opposées les unes aux autres, & comme elles peuvent l’être en trois manières, contre-vair se dit aussi de trois façons. Si les bases sont opposées aux bases, ayant argent contre argent, & azur contre azur, on l’appelle simplement contre-vair ; mais si les bases sont opposées aux pointes, on dit contre-vair en pointe, & si les pointes étoient opposées aux pointes, on l’appelleroit contre-vair opposé en pointe.

CONTREVAIRÉ, ÉE. adj. terme de blason, qui se dit d’un écu chargé de contre-vairs. C’est l’opposé de vair, & il se dit quand le métal autre que l’argent est opposé à l’azur. Contrapetasatus. Contrevairé en pointes, & contrevairé opposé en pointes. Voyez Contrevair où cela est expliqué. La maison du Plessis-Auger porte contrevairé d’argent & d’azur.

CONTREVAL, vieux adv. en descendant, en bas. Deorsùm. C’est le contraire de contremont.

Ce mot est composé de contra, contre, & vallis, val, vallée. Ce qui va contre la vallée, va en descendant.

CONTREVALLATION. s. f. terme de l’art militaire. Contreligne ou fossé qu’on fait autour d’une place assiégée, pour empêcher les sorties de la garnison quand elle est forte. Fossa munita vallo, obsessæ urbi circumducta. Il est bordé d’un parapet du côté de la place, & flanqué de distance en distance.

CONTREVENANT, ANTE. adj. ordinairement employé substantivement. Les sentences qui contiennent les défenses, portent souvent permission d’emprisonner les contrevenans à ce qu’elles ordonnent. Violator, violatæ rei cujuspiam reus.

CONTREVENIR, v. n. faire quelque chose contre quelque loi, quelque coutume, ou quelque obligation qu’on a contractée. Legis statuta, pacta, fœdus violare, persringere. La procédure est nulle, quand on contrevient à la dernière Ordonnance. Les Infidèles contreviennent souvent aux traités qu’ils ont fait avec les Chrétiens. Le Roi fit punir sévèrement ceux qui contrevinrent à ses ordres. Choisi. Il contrevint aux ordres de l’Empereur. Ablanc.

CONTREVENT. s. m. grand volet qui s’ouvre & se ferme en dehors, & qui a toute la hauteur de la fenêtre. Exterius fenestræ ostium. On en met sur-tout aux maisons de campagne, tant pour garantir les vitres des vents & de la grêle, que pour les fermer & défendre les maisons des voleurs.

On appelle aussi contrevens, les pièces de bois qui servent à affermir les fermes contre la violence des vents ; quand les toits ont beaucoup de hauteur, on les met en croix de S. André.

CONTREVENTER, v. n. c’est mettre des pièces de bois obliques dans les charpentes des bâtimens, pour résister à la violence des vents.

☞ CONTRE-VERGE. s. f. instrument du métier des étoffes de soie. Baguette ronde, sans écorce, qui sert à apprêter les verges quand il y a du poil, à fixer les divers composteurs dont on se sert au métier, & à séparer le poil de la chaîne, pour donner la facilité d’habiller les fils & de remettre. Encyc.

CONTREVÉRITÉ. s. f. discours évidemment faux & opposé à la vérité, fait exprès pour faire comprendre tout le contraire de ce qu’on dit ; par exemple, en donnant des louanges à quelqu’un sur des bonnes qualités qu’il n’a pas, on fait entendre qu’il a les vices opposés. Dire d’un poltron que c’est un brave, d’une femme reconnue libertine, que c’est une Lucrèce, ce sont des contrevérités.

CONTRE-VISITE. s. f. seconde visite des lieux contentieux qu’une partie fait ordonner en justice, quand elle prétend que la première visite faite à la requête de sa partie adverse, est nulle ou vicieuse.

On appelle aussi contre-visites, de secondes visites de Police, ou de Commis, pour empêcher les fraudes qui pourroient avoir été faites dans les visites fixées & ordonnées par les réglemens.

CONTREUVE, s. f. vieux mot qui signifioit un conte inventé, une fable faite à plaisir. On a dit aussi controuvaille dans le même sens.

☞ CONTR’EXTENSION. Voyez Contre-extension.

CONTRIBUABLE, adj. m. & f. terme de finances, qui doit fournir sa part de quelque imposition ou dépense commune. Qui de suo tribuere quidpiam tenetur. Les nobles ne sont point contribuables pour les tailles. Le rôle contient le nombre des contribuables.

CONTRIBUER, v. n. fournir sa part d’une imposition ou dépense commune. Contribuere, conferre. Tous les habitans doivent contribuer aux charges de ville. Ces paroissiens contribuent à la construction du presbytère. Dans ce sens, c’est payer extraordinairement une somme pour quelque nécessité publique.

☞ CONTRIBUER, en termes de guerre, se dit en parlant des sommes que l’on paye aux ennemis pour se racheter du pillage & des exécutions militaires. Pecuniam imperatam conferre. Tout le pays a contribué. Le Général a fait contribuer tout le pays.

☞ On le dit par abus des voleurs de grand chemin qui font contribuer les passans. J’entrai dans une troupe d’hommes courageux qui faisoient contribuer les voyageurs.

Contribuer signifie encore aider, de quelque manière que ce soit, au progrès, au succès d’une entreprise, à l’exécution de quelque projet. Conferre. Un homme puissant contribue à la fortune, à l’avancement de son protégé. Le soldat contribue au gain d’une bataille. Contribuer de ses deniers, de ses soins, de son crédit, &c. Opes, vires, auctoritatem conferre ad aliquid.

Contribuer se dit encore d’un nombre de créanciers qui doivent porter une partie de la perte qu’il y a à souffrir dans une banqueroute. Aliquid cedere de jure suo, decedere. Quand il n’y a que des effets mobiliaires & insuffisans pour leur entier payement, ils sont obligés de contribuer, de perdre sur leur dette à proportion de leur dû ; ce qui s’appelle autrement, être payé au sou la livre, au marc la livre,

Contribué, ée. part.

CONTRIBUTION. s. f. payement que chacun fait de la part qu’il doit porter d’une impostion, ou d’une dépense commune. Pecuniæ collatio. Il y a des contributions forcées, comme celles des tailles & des impots. Il y a des contributions volontaires,