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BRO

comme son ouvrage étoit plein de sentences qu’on citoit souvent, on appela brocards les bons mots, ou maximes sententieuses, & ensuite les traits de raillerie.

Brocard. D’autres disent Broquart. Jeune cerf d’un an. Voyez Brocart.

Brocard, étoffe. Voyez Brocart.

☞ BROCARDER. v. a. Donner des brocards. Offenser par des traits plaisans & satyriques, par des railleries piquantes & malignes. Dicteria dicere, dictis mordacibus aliquem petere, mordere. Un homme sage s’abstient le plus qu’il peut de brocarder. On ne me brocardera point de m’être voulu commenter moi-même. S. Amand. Il ne fait que brocarder le tiers & le quart.

Mais ces leçons t’ont-elles engagé
A brocarder un Auteur affligé ? R.

BROCARDÉ, ÉE part.

BROCARDEUR, EUSE, s. m. & f. Ce mot se trouve dans Pomey & dans le Dict. de l’Acad. pour diseur & diseuse de brocards, de railleries piquantes. Acerbus, mordax irrisor.

BROCART. s. m. D’autres écrivent brocard. Originairement en sa propre signification c’est une étoffe tissue toute d’or, tant en chaîne qu’en trame, ou d’argent, ou des deux ensemble. Vestis Attalica, Attalicum textile. Après on l’a étendu aux étoffes où il y avoit quelques porsilures de soie pour relever & donner de l’ombrage aux fleurs d’or dont elles étoient enrichies ; & enfin, on a donné ce nom aux étoffes de soie, soit de satin, soit de gros de Naples, ou de Tours, ou de taffetas ouvragés de fleurs & d’Arabesques, qui les ont rendues riches & précieuses, comme le vrai brocart.

Brocart de soi, s. m. Coquillage. Un des espèces du rouleur. Il imite le brocart de soie par sa bigarrure brune, sur un fond blanc.

BROCATELLE. s. f. Petite étoffe faite de coton ou de grosse soie à l’imitation du brocart. Il y en a aussi de toute soie & de toute laine.

On a écrit brocatel, & il étoit masculin. Ils étoient superbement habillés de brocatel, & couleur de rose, tout couverts de broderie d’or & de perles. La Colomb.

Brocatelle, est aussi une espèce de marbre, dont le fond est jaune & violet, ou rougeâtre : il vient d’Espagne.

☞ On appelle aussi marbre de Brocatelle une autre sorte de marbre de plusieurs couleurs.

BROCCOLI. s. m. Petit rejeton que pousse le tronc d’un vieux chou après l’hyver. On mange les broccolis en salade. Ce mot vient d’Italie, & s’exprime en quelques Provinces de France par le mot de Brottons ou Broutone de choux. Voyez Broque.

☞ L’Académie écrit Brocoli, & en fait une espèce de chou qui nous vient d’Italie, dont nous avons conservé le nom italien. Les vocabulistes copient à leur ordinaire. Il est vrai qu’il y a un chou nommé brocoli, dont la feuille est d’un gros vert, frisée & bouclée comme celle du gros milan, mais alongée comme celle du chou-fleur. Des aisselles de chaque feuille il sort un drageon, qu’on nomme broque en quelques provinces ; & c’est ce dragon qu’on mange à l’huile, ou au beurre, ou cuir avec de la viande.

☞ On donne aussi le nom de brocoli à tous les rejetons des choux pommés ou frisés dont les pieds ont resté en terre pendant l’hyver, après avoir coupé les pommes, & qui repoussent au printemps. Enfin il y a le vrai brocoli qui nous vient d’Italie, qui fait une pomme comme le chou-fleur, avec cette différence qu’elle est violette, & que le grain n’est pas si fin, ni si serré.

BROCCUS. s. m. Nom d’une sorte de coquillage. Voyez Coquillage.

BROCEREUX. adj. Vieux mot. On a dit, lieu brocereux ; pour dire, un lieu plein de bois & de brossailes : & bois brocereux ; pour dire, un bois plein de nœuds.

BROCHANT. adj. Terme de Blâson. Voyez Brocher.

BROCHE. s. f. Pièce de fer longue & menue, aplatie par le milieu, qui a une roue ou une manivelle au bout, & qui sert à rotir de la viande. Veru. Il faut mettre ce rôt à la broche. Il ne lui faut que deux tours de broche. Il est temps de mettre en broche.

☞ Dans les arts & métiers on donne généralement le nom de broche à tout outil, instrument ou machine, d’une figure longue & menue, servant à traverser ou à soutenir d’autres choses.

Broche, se dit de certaines aiguilles longues de fil de fer, qui servent à tricoter des bas, à faire du ruban, du brocart & autres étoffes. Veruculum. Ce ruban est à double broche.

Broche, est aussi une pointe de fer qui est dans la serrure, qui doit entrer dans le trou d’une clef forée. On appelle broches rondes, des morceaux de fer rond, dont les Serruriers se servent pour faire des couplets & des fiches, & pour tourner plusieurs pièces à chaud & à froid. Il y a aussi des broches carrées, sur lesquelles on tourne des pièces.

Broche, est aussi la pointe de fer qui est au milieu d’un blanc, où l’on vise pour tirer de l’arc, ou de l’arquebuse. En ce sens on dit, faire un coup de broche ; pour dire, enfoncer la broche.

Broche, est aussi un terme de Cordonnier, qui signifie l’instrument avec lequel ils brochent les talons.

Broche. Terme de Balancier. Ce sont de petits morceaux de fer ronds, qui passent au travers de la virole du peson.

Broche. Terme d’Imprimerie. C’est une barre de fer, à laquelle est attachée la manivelle qui sert à faire rouler le train de la presse sur les bancs.

On appelle broche de rouet à filer, la verge de fer qui passe au travers de la noix, & qui lui sert d’aissieu. La broche du rouet passe aussi au travers des fuseaux & des aîlettes. Les fileuses ne sauroient plus filer quand on a forcé la broche de leur rouet, & qu’elle est crochue.

Broche, se dit aussi d’une petite verge de bois, ou baguette, où l’on suspend des harengs pour les faire égoutter, ou des chandelles & des cierges dans les boutiques.

Broche. Terme d’Artificier. C’est une petite verge ronde, conique, de fer ou de bois fort, tenant au culot du moule d’une fusée volante, pour ménager un trou de même figure dans la matière combustible dont on la charge, &c.

Broches. Ce sont de petits morceaux de bois poli, en forme de cône très-pointu, avec lesquels les Marchands ciriers percent les gros bouts de leurs cierges, afin qu’ils puissent entrer dans les fiches des chandeliers.

Broche, en termes de marchand de vin, se dit de la cheville qu’on met à un muid pour boucher le trou qu’on a percé. du vin vendu à la broche ou en détail.

En ce sens on dit proverbialement, couper broche à quelque chose ; pour dire, empêcher qu’elle ne continue, comme on interrompt le cours du vin, quand on a coupé la broche du tonneau. Cette femme s’est mise dans la retraite pour couper broche à toutes les médisances. Je lui ai refusé de l’argent tout plat, pour couper broche à toutes ses importunités.

Ce mot, selon Du Cange, vient de broccæ, ou brochiæ, qu’on a dit dans la basse latinité, pour dire, des pieux, ou bâtons pointus ou aiguisés. L’Abbé Gaufroi, dans la vie de S. Pierre, Archevêque de Tarentaise, dit que l’on appeloit vulgairement brocæ, broches, des bâtons pointus. Il écrivoit au XIIe siècle.

Broches, en termes de chasse, est un nom qu’on donne aux défenses du Sanglier. Aprugni dentes falcati.