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COR

reposer quelque temps ; mais on ne leur donne à manger qu’à la fin de la pêche, durant laquelle ils ont le gosier lié avec une petite corde, de peur qu’ils n’avalent les petits poissons, & qu’ils n’aient plus envie de travailler. P. le Comte.

On appelle ordinairement cormoran, un homme extrêmement sec & maigre.

CORNAC. s. m. terme de relations. On appelle aux indes le Conducteur de l’Éléphant cornac. Il est assis sur le cou de l’animal, & tient en sa main, au lieu de bride, deux crochets de fer de différentes grandeurs, dont il se sert pour le faire aller où & de manière qu’il lui plait. Le moindre de ces crochets est celui qui lui sert le plus ordinairement ; il en frappe légèrement l’Éléphant au front, pour le gouverner. Ainsi cet animal a toujours à la tête une playe ouverte & sanglante. Lorsque l’Eléphant refuse d’obéir, & qu’il y a du danger qu’il ne se révolte, & ne fasse du désordre, ce qui arrive principalement quand il est en chaleur, le cornac le frappe avec le grand crocher : par ce moyen, il le ramène à son devoir. Voyages de Dellon, t. 1. c. 26, p. 210.

CORNACHINE. s. f. terme de Pharmacie. C’est une poudre purgative composée de scammonée, de crème de tartre, & de diaphorétique minéral. Elle est ainsi appelée du nom de son Auteur, Cornachinus, Professeur en Médecine à Pise.

CORNADOS. s. f. petite monnoie de compte, dont on se sert en Espagne. C’est la quatrième partie du maravédis ; à peu-près comme en France, les pites & les demi-pites sont les diminutions du denier.

CORNAGE. s. m. terme de coutumes. Droit qui ☞ est dû à quelques Seigneurs, principalement dans le Berri, pour chaque bœuf qui laboure la terre dans leur Seigneurie, par ceux qui sèment du blé l’hyver. On appelle ce droit cornage, parce que les bœufs, sont des bêtes à cornes. Le droit de cornage est la même chose que le droit de colage.

CORNAILLER, v. n. terme de Charpentier. On dit qu’un tenon cornaille dans une mortaise, quand il n’y entre pas carrément, & qu’il n’a pas été bien dégauchi. Non quadrare.

CORNALINE, s. f. pierre précieuse qui n’est pas diaphane. On fait des bracelets de cornaline, des cachets, &c. Onyx corneola. Il y en a de blanche, & de rouge tirant sur l’orangé. Elle est estimée pour sa dureté. Les plus belles gravures de l’antiquité, tant en creux qu’en relief, sont sur la cornaline, particulièrement sur la rouge. Elle souffre la violence du feu, & l’on peut peindre dessus en émail, comme sur une plaque d’or ; & cette peinture prend au feu tout le poliment & l’éclat qu’on peut souhaiter. Les plus grands morceaux qui s’en trouvent n’excèdent point trois pouces de haut. On l’appelle aussi carneol ou corneole. Les Italiens l’appellent corniolos, de corno, corne, à cause qu’elle ressemble à la corne.

CORNARD. s. m. Cocu, terme injurieux qu’on donne à celui dont la femme est infidelle. Corruca. Quelques-uns croient que ce mot vient des habits de sous, qui portoient autrefois des cornes, parce qu’on accuse de sottises, ou de folie, ceux qui souffrent le libertinage de leurs femmes. Borel dit qu’il vient de cornettes de femme, & qu’on a dit qu’un homme qui obéissoit à sa femme portoit la cornette, comme on dit de celle qui est la maîtresse dans la maison, qu’elle porte le haut-de-chausse. Ce mot est bas. Le même Borel, sur le mot cornard, qui veut dire sot en vieux langage, dit que cornard a été formé de conard, ou qu’on a dit cornard pour conard, parce que ceux dont les épouses sont infidelles sont méprisés & regardés comme des sots.

CORNARD, l’Abbé des Cornards : Abbas Cornardorum, dans la basse latinité, signifie celui qui étoit choisi pour présider à la fête des fous. Voy. Fête des fous. M. l’Abbé le Bœuf pense que le mot de Cornard pourroit être dérivé des Joueurs de cornet ou d’autres instrumens semblables, & que l’Abbé des Cornards pouvoit être le chef des Menestriers, Corneurs & autres Joueurs d’instrumens. Jean Régnier se sert du verbe corner.

Encore vouldroye bien avoir
Des Menestriers trois ou quatre,
Qui de corner feissent devoir
Devant le corps pour gens esbattre.

Cornard. Keratophorus. Ce mot se trouve dans le même sens qu’on le dit dans la plupart des langues modernes, dans une épigramme grecque de Lucilius & dans Artémidore.

CORNARDISE. s. f. Condition, qualité, état de l’homme dont la femme est infidelle. Ce mot se trouve dans Rochefort. S’il est reçu, ce ne peut être que dans le style bas. La cornardise est un caractère qui ne s’efface jamais. Rochef. Montagne avoit dit avant lui : le caractère de la cornardise est indélébile, p. 870.

CORNARTISTE. s. m. & f. Nom de secte. Cornartianus, cornurtianes. Les Cornartistes sont des Protestans disciples de Cornhart, ou Cornhert, Secrétaire des Etats de Hollande, qui fut une espèce d’Enthousiaste.

CORNE. s. f. partie dure que plusieurs animaux ont à la tête & qui leur sert de défense. Cornu. Les bœufs ont deux cornes qui leur sortent de la tête, avec lesquelles on les attache au joug. Les chèvres, les boucs, les vaches ont des cornes. Le Rhinocéros, les licornes n’ont qu’une corne. On tient qu’il n’y a que les seules bêtes à pié fourché qui aient des cornes. Le bubale a les cornes tournées en rond l’une vers l’autre. Le daim des Anciens les a crochues en devant, & le chamois en arrière. Les béliers les ont tournées en ligne spirale. En 787, le Concile de Calcuth en Angleterre défendit d’offrir le saint Sacrifice dans des Calices & des Patènes de corne. La coutume de boire dans la corne d’un animal à quatre piés a duré long-temps dans le Septentrion. Voyez Vossius, de Idol. L. III, c. 71.

Carn, ou Corn, une corne, est un mot Celtique. Pezron. Ce nom, aussi-bien que le latin cornu, vient de l’hébreu קרן, keren, corne.

On appelle un troupeau de bêtes à corne, un troupeau de bœufs, de vaches, ou de chèvres seulement. Cornutis bestiæ.

On fait plusieurs ouvrages de corne, comme des peignes, des lanternes, des demi-cercles divisés &c. Des chapelets de corne de bufle.

Corne de cerf, signifie chez les Ouvriers ce qui s’appelle le bois de cerf chez les Chasseurs. Cervinum cornu. On fait des manches de couteaux de corne de cerf. La raclure de corne de cerf est astringente. On en fait de la gelée, qu’on appelle gelée de corne de cerf.

Corne de cerf. s. f. Coronopus. s. m. plante qui approche beaucoup du plantain. Sa racine est grosse au plus comme le petit doigt, blanchâtre & un peu astringente au goût. Elle pousse plusieurs feuilles couchées sur terre, disposées en rond, & elles sont oblongues, étroites, incisées sur leurs bords assez profondément ; en sorte qu’elles ressemblent en quelque manière par leurs découpures au bois d’un cerf, d’où vient aussi le nom qu’on a atribué à toute la plante. Du milieu de ses feuilles sortent un ou plusieurs épis longs de quelques pouces, & garnis de fleurs & de semences pareilles à celles du plantain ; on ne distingue aussi ces deux plantes que par leurs feuilles, qui dans le plantain sont entières, & déchiquetées à la corne de cerf. La corne de cerf croît communément à la campagne : on la cultive dans les jardins, où ses feuilles deviennent plus grandes, plus charnues, plus tendres, & propres à être mangées en salade. Coronopus hortensis, ou cornu cervinum. La graine de la cor-