Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/939

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
931
COR

corps ; & d’un homme plaisant & facétieux, que c’est un drôle de corps. On dit, tant que l’ame me battra au corps ; pour dire, tant que je vivrai. On dit qu’un homme n’est pas traître à son corps ; pour dire, qu’il le traite bien, qu’il fait bonne chère ; & au contraire, qu’il est ennemi de son corps ; pour dire, qu’il se donne trop de peine, qu’il se refuse les choses nécessaires. On dit qu’un homme gagne son pain à la sueur de son corps ; c’est-à-dire, qu’il vit de son travail, ou de son industrie. On dit plus ordinairement, à la sueur de son front : phrase tirée de l’Ecriture, Gen. III, 19. In sudore vultus tui vesceris pane. On dit qu’un homme a fait corps neuf ; pour dire, que son corps s’est tout renouvellé par le rétablissement de sa santé, à cause des nouveaux alimens qu’il a pris. On dit aussi des chevaux qu’on a mis à l’herbe, qu’ils ont fait corps neuf.

☞ On dit encore proverbialement & figurément, prendre l’ombre pour le corps ; pour dire, l’apparence pour la réalité. On dit encore que l’envie suit la vertu, comme l’ombre suit le corps.

☞ CORPULENCE. s. f. Corpulentia. Volume du corps, taille, état du corps considéré, par rapport à sa grandeur & à sa grosseur. Un homme d’une grosse, d’une grande corpulence. Les gens qui sont d’une grosse corpulence sont sujets à plusieurs incommodités.

Sur le sommet de ce puissant globule, (un bol)
Je vis s’asseoir la Déesse Santé,
Au teint vermeil, à ferme corpulence
A la dent Hanche, à l’œil plein de gaieté ;
Et telle enfin qu’au siècle d’innocence
Toujours les Dieux l’accordoient aux humains.

Nouv. choix des vers.

☞ En Médecine, il est synonime à obésité, & marque l’état d’une personne trop grasse. Obesitas. On dit aussi, un homme de petite corpulence.

CORPULENT. adj. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier un homme qui a de la corpulence. Obesus, corpulentus.

CORPUS. s. m. C’est ainsi que le peuple appelle le pain à chanter sur lequel on peut faire la Consécration.

CORPUSCULAIRE, adj. m. & f. qui est relatif aux corpuscules. La Physique corpusculaire est celle qui prétend rendre raison de tout, par le moyen des corpuscules ou atomes ; qui cherche à expliquer les différens phénomènes par la configuration, la disposition & le mouvement des parties des corps. Effectus naturæ per corpuscula explicans. Si la Médecine n’a pas marché d’un pas égal vers la perfection, il faut s’en prendre à la Philosophie scholastique, amie des querelles & des disputes, à la Physique corpusculaire, fertile en imaginations ; à la Chimie, &c. Journal des Savans. La Philosophie corpusculaire est si ancienne, qu’avant qu’Epicure & Démocrite, avant même que Leucippe l’eût enseignée dans la Grèce, il y avoit un Philosophe Phénicien qui expliquoit tous les phénomènes de la nature par le mouvement, la conformation, la disposition des petits corps de matière, ainsi que l’antiquité nous l’apprend. Cette sorte de Philosophie pourroit donc être appelée Philosophie Phénicienne, à plus juste titre que la Philosophie Epicurienne. Harris.

M. Boile a réduit les principes de la Philosophie corpusculaire à ces quatre points. 1o. Il y a une matière universelle, qui est une substance étendue, impénétrable & indivisible, commune à tous les corps, & capable de toutes sortes de formes. 2o. Que pour former cette variété immense de corps naturels, il est nécessaire que cette matière ait du mouvement dans quelques-unes, ou dans toutes ses parties qui peuvent être désignées ; que c’est Dieu créateur de toutes choses qui lui a imprimé ce mouvement ; & qu’elle a toutes les manières de directions & de tendances ou d’efforts qui peuvent être. 3o. Que cette matière doit être actuellement divisée en parties, & que chacune de ces parties primitives ou fragmens, qu’on appelle atomes, a sa grandeur & son volume particulier, comme aussi sa forme & sa propre figure. 4o. Enfin, que ces parties étant de différentes grandeurs & différemment configurées, elles doivent avoir des rangs, des situations, des positions différentes ; d’où naît une variété prodigieuse dans la composition des corps. Harris. Ceux qui ont écrit de la Philosophie corpusculaire sont Lucrèce, Démocrite & Epicure dans Diogène Laërce, Gassendi & Bernier.

☞ Ce mot qui s’est d’abord appliqué à la doctrine, s’est ensuite appliqué aux personnes, & l’on dit également Physique corpusculaire de Physiciens corpusculaires. Il est aussi employé comme substantif. Voyez Atomiste.

CORPUSCULE. s. m. atome ; petit corps ou petite partie d’un corps. Corpusculum. Les corpuscules ne sont autre chose que les parties les plus déliées, & les plus subtiles de la matière. Val. Il est certain que de tous les animaux, il se fait une émission de corpuscules, dont il se forme une espèce de tourbillon qui circule autour de la circonférence du corps d’où ils émanent. Id. Cet écoulement continuel de corpuscules imperceptibles se fait par la transpiration, & par les espaces vides qui se remarquent dans la contexture des corps. Id. Il y a dans la nature, une infinité de corpuscules, dont nous en appercevons quelques-uns avec le microscope, & les autres fuient la vue la plus subtile. A le bien prendre, ces corpuscules sont la même chose que les atomes de Gassendi, & la matière subtile de Descartes.

CORPUSCULITE. s. m. Philosophe qui admet les corpuscules, les atomes. C’est la même chose qu’Atomiste. Les Aristotéliciens & les Corpusculites sont toujours prêts à s’égorger sur le plein ou sur le vide, sur la matière & sur la forme ; sur les principes des corps, & sur le dernier terme des décompositions, & tout cela sans fruit. Ils bataillent entr’eux sur la meilleure manière d’ordonner la matière, comme s’il étoit question de créer le monde, ou de le gouverner. Il est fait, il va son train sans eux. Tout leur savoir tend donc à remplir les écoles de disputes, dont il ne nous revient rien. Spectacle de la Nature, t. 4, p. 546, 547.

CORRADOUX ou COURADOUX. s. m. terme de Marine. C’est l’espace enfermé entre les deux ponts des vaisseaux.

CORREAUX. s. m. pl. On nomme ainsi à Bordeaux une espèce de bateaux, dont on se sert pour décharger les barques & autres bâtimens de sel qui se mettent en coutume pour être taillés au large.

CORRECIER ou CORROCIER, vieux mot. Facher, courroucer quelqu’un. Poës. du Roi de Nav.

CORRECT, ECTE. adj. où il n’y a aucune faute. On le dit principalement de l’écriture & du langage. Emendatus, castigatus, expurgatus, mendis carens. Cet Auteur est fort correct ; son style, son discours est fort correct. Cette copie est correcte, il n’y a pas une seule faute. Ce peintre est fort correct ; il dessine fort juste. On appelle un dessein correct, un dessein dont les parties sont bien arrêtées, & leurs contours exactement semblables à ceux que présente la nature.

Dans ce mot, & dans tous les suivans, communément, & dans l’usage ordinaire, on ne prononce point deux rr, mais dans un discours soûtenu, oratoire, ou déclamatoire, on peut les faire plus sentir qu’on ne fait dans le discours ordinaire.

CORRECTEMENT. adv. d’une manière correcte.