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COR

monie publique, avec carrosses, chevaux & autres choses, pour lui faire honneur. Honorificus comitatus. L’Ambassadeur de Rome allant à l’audience a toujours un cortège fort nombreux, tant de sa suite que de la Noblesse qui l’accompagne. Il y avoit trente carrosses à son cortège. Le mot de cortège se dit proprement de la suite de quelque grand d’Italie, & abusivement de la suite & du train de quelque Seigneur que ce puisse être, dans un jour de représentation ou de fonctions publiques. On diroit mal le cortège d’un Souverain.

Ils disoient voyant ce cortège,
Foin de l’Ambassadeur de neige. Ben.

CORTELIN. s. m. Cortelinus. Nom d’un Officier de la Cour des Empereurs de Constantinople. C’étoient les simples postiers du Palais, office bas, & au dessous de celui des Cortinaires, qu’il ne faut point confondre avec ceux-ci. Voyez Gretser sur Codin, L. I. C. V, p. 210.

Ce mot vient de Cors, cortis. κόρτη qui a signifie tente, & s’est dit aussi de la Cour d’un Prince. Gretser.

CORTES. s. f. pl. Ce mot est purement espagnol, & signifie proprement les Cours, c’est-à-dire, les Etats. Comitia. Nous nous en servons quelquefois en parlant des affaires d’Espagne.

CORTICAL, ALE. adj. Qui appartient à l’écorce, semblable à de l’écorce. Corticalis, cortici similis. On se sert de ce terme dans l’Anatomie ☞ pour exprimer une substance qui entoure une partie, comme l’écorce encoure l’arbre. Il y a une partie du cerveau qu’on appelle la substance corticale, & autrement le corps cendré. La substance corticale est grisâtre & fort molle. Dionis. La substance corticale du cerveau se nomme ainsi, à cause qu’elle est comme l’écorce du cerveau, qui l’environne de toutes parts. Ce n’est autre chose que l’assemblage d’une infinité de petites glandes rangées les unes auprès des autres. Id. Nous devons à Archange Picolemini, Ferrarois, né en 1526, la distinction de la substance du cerveau en corticale ou cendrée, & en médullaire ou calleuse.

CORTINAIRE. s. m. terme d’Histoire. Nom d’un Officier des Empereurs de Constantinople, dont parle Pachymère. Cortinarius. Les Cortinaires, dit le P. Pousine dans son Glossaire de Pachymère, étoient les Officiers de l’Empereur, qui étoient toujours en-dedans de la cortine, c’est-à-dire, de la portière de la chambre de l’Empereur, pour être toujours prêts à recevoir les ordres de l’Empereur ; c’est-à-dire, les Huissiers de son appartement. Janitores. Le Comte des Cortinaires étoit leur chef. Il ne faut point confondre, comme ont fait quelques Auteurs, les Cortinaires avec les Cortelins. Voyez Codin de Off. Const. C. V, n. 50 & 53. Gretser sur Codin, L. I, C. 5, p. 210. Meursius au mot κορτινάριος.

Ce mot vient de Cortina, comme nous l’avons indiqué cidessus, ou comme a cru Gretser, à l’endroit cité, de Cors, cortis, κόρη, tente & Cour d’un Prince.

☞ CORTINE. s. f. nom qu’on donnoit à Rome à un trépié d’airain consacré à Apollon, & qui étoit gardé chez les Quindecemvirs. Ce qu’on appeloit Cortina Phœbi, étoit une espèce de siège à trois piés, un trépié, une machine soûtenue par trois piés, où s’asseyoit la Prêtresse d’Apollon pour rendre ses oracles.

CORTONE. Cortona, Corto, Cyrtonium. Ville de Toscane en Italie, dans le Florentin, sur les confins du Pérugin. Cortone est une fort petite ville, mais ancienne & bien bâtie. L’Evêque de Cortone n’est suffragant que du Pape.

CORTUSA. s. f. Plante. Voyez Oreille d’ours.

CORU. s. m. Arbre des Indes Orientales qui ressemble à un petit oranger. Il a aussi ses feuilles semblables, sinon qu’elles ont la côte du milieu plus grosse, avec huit ou neuf autres nerfs qui en sortent à côté. Sa fleur est jaune, & ne sent presque rien. L’écorce de sa racine est d’un vert-clair, unie & déliée : cette écorce étant rompue, ou entamée, rend beaucoup de lait plus visqueux, & plus gluant que celui qui vient du macer, d’un goût fade avec quelque peu d’amertume. Ceux du pays se servent de ce suc contre toutes sortes de flux de ventre, quoiqu’il soit fort désagréable.

CORVÉABLE. adj. souvent employé substantivement. Termes de Coutumes. Gens corvéables, sont ceux qui doivent des corvées. Sujets ou vassaux, tenus à ce titre, de faire quelques ouvrages pour leur Seigneur. Angarii.

CORVÉE, s. f. servitude, redevance corporelle, qu’on doit à un Seigneur dominant pour quelque droit, ou héritage qu’on tient de lui à cette charge. Opus tributarium, Angaria. L’usage des corvées est très-ancien en France. Parmi les Gaulois les paysans n’étoient pas moins soumis à leurs Seigneurs que les esclaves à leurs maîtres : cette tyrannique coutume a duré fort longtemps. L’Ordonnance de Louis XII, en 1499, a extrêmement modéré la rigueur de ces exactions : & comme les corvées sont odieuses, on ne peut les acquérir, même par la prescription centénaire, il faut un titre positif. Les corvées sont des servitudes qui offensent la liberté publique, & marquent les violences des Seigneurs sur leurs sujets. Le Mait. ☞ L’origine des corvées, je ne parle point de celles qui ne sont fondées que sur la force & la violence des Seigneurs, vient de ce que les Seigneurs anciennement ne consentoient à l’affranchissement des serfs qui étoient dans l’étendue de leur Seigneurie, que moyennant certaines redevances en argent, en grains ou en corvées.

☞ Il y a deux sortes de corvées, les réelles & les personnelles.

☞ Les réelles sont celles qui sont dues par les possesseurs des fonds, comme devoirs réels & fonciers.

☞ Les personnelles sont celles qui sont dues au Seigneur par ses sujets, à cause de leur personne.

☞ Ceux qui ne sont pas sujets d’un Seigneur sont exemts des corvées personnelles : les réelles sont dues par tous ceux qui possedent des héritages dans l’étendue de la Seigneurie, même forains, aussi bien que par les Gentils-hommes & Ecclésiastiques ; mais ils peuvent les faire faire par un tiers. Les uns & les autres sont exemts des corvées personnelles.

Ce mot, selon Cujas & autres, est dérive de corps, quasi corpees, aut opera corporalia, ou à corpore vehendo. Mais Ménage le dérive de curbada, dont les Auteurs de la basse latinité se sont servis en cette signification, parce qu’on se courbe en travaillant ; d’autres de courbe, qui signifie deux chevaux qui remontent les bateaux sur la Seine, parce qu’une courbe de chevaux fait une bonne corvée. Ragueau le dérive avec plus d’apparence du mot de corps, & de vée, qui est un vieux mot gaulois signifiant peine & travail. Du Cange dit qu’en la basse latinité on les a appelées corvatæ, curvatæ, corveiæ, & courbiæ, eò quòd præstentur ab iis quos homines de corpore appellabant. On a appelé en latin une corvée, manopera, quand elle consistoit dans un travail des mains, du corps ; & carropera, & ensuite corvata, quand on étoit obligé de fournir des voitures au Seigneur, & qu’elles consistoient dans des charrois.

Corvée, se dit aussi par extension, de toute peine, toute fatigue, ou de tout travail de corps, ou d’esprit qu’on se donne comme à regret, en considération d’un Supérieur, ou d’un ami, sans en at-