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COS

en carré d’une autre qui est sur la pointe du milieu du ciel ; encore bien que cette distance soit de plus ou moins de quarante degrés, cet aspect s’appelle cosmique.

COSMIQUEMENT. adv. Lorsqu’on dit qu’un astre se lève & se couche cosmiquement ; c’est qu’il se lève ou se couche à l’instant que le soleil se lève : ainsi une étoile qui se lève ou se couche le matin, se lève ou se couche cosmiquement. Les Anciens distinguoient trois sortes de lever & coucher des astres, le Cosmique, l’Achronique, & l’Heliaque. Inst. Astronom. p. 373.

COSMOGONIE. s. f. description de la manière dont l’univers a été créé ou formé. La seconde partie du premier tome des Réflexions critiques de Mr. Fourmont sur les Histoires des anciens peuples développe la Cosmogonie, ou la manière dont l’univers, selon Sanchoniathon, a été formé, & l’on fait voir la conformité avec la cosmogonie de Moïse. Prévot d’Exiles. La Genèse est le seul livre digne de foi sur la cosmogonie.

COSMOGRAPHE. s. m. Auteur qui a écrit, ou qui enseigne la structure, la figure & la composition du monde. Cosmographus, qui describit aut descripsit mundum. Munster étoit un grand Cosmographe.

COSMOGRAPHIE. s. f. description du monde, ou science qui nous enseigne quelle est sa construction, sa figure, & la disposition de toutes ses parties. La cosmologie raisonne sur la figure & la disposition des parties de l’univers & sur leurs différens rapports. La cosmographie s’en tient à la simple description de ces parties. Cosmographia, mundi descriptio. La cosmographie a deux parties : l’Astronomie fait connoître la construction des cieux & la disposition des astres ; la Géométrie celle de la terre.

Ce mot vient du Grec κόσμος, mundus, & de γράφω, describo.

COSMOGRAPHIQUE. adj. m. & f. qui appartient à la Cosmographie. Ad mundi descriptionem pertinens, cosmographicus. Une carte cosmographique, c’est une Mappemonde, une délinéation du monde sur du papier, ou autre matière propre.

COSMOLABE. s. m. ancien instrument de Mathématique, qui sert à prendre les mesures du monde, tant du ciel que de la terre. Cosmolabium. C’est presque la même chose que l’Astrolabe. Il est aussi nommé Pantocosme, ou instrument universel, dans un livre exprès qu’en a fait Léon Morgard, Mathématicien de Paris, imprimé en 1612.

Ce mot vient d’ἔλαϐον, aor. 2, de λαμϐάνω, accipio, qui prend ses temps du verbe inusité λάϐω.

☞ COSMOLOGIE. s. f. Science des Loix générales par lesquelles le monde est gouverné. Ce terme est formé des mots Grecs κόσμος, monde, & λόγος, discours. Science qui discourt sur le monde que nous habitons.

☞ COSMOLOGIQUE. adj. qui appartient à la Cosmologie.

COSMOPOLITAIN, AINE. s. m. & f. Cosmopolita, Cosmopolitanus. On dit quelquefois ce mot en badinant, pour signifier un homme qui n’a point de demeure fixe, ou bien un homme qui nulle part n’est étranger. Il vient de κόσμος, le monde, & πόλις, ville, & signifie un homme dont tour le monde est la ville ou la patrie. Un ancien Philosophe étant interrogé d’où il étoit ; répondit : je suis Cosmopolite, c’est-à-dire, citoyen de l’univers. L’Auteur inconnu d’un excellent Traité de Chimie, intitulé Lumen chymicum, s’est donné le nom de Cosmopolitain.

On dit ordinairement Cosmopolite ; & comme on dit Néapolitain & Constantinopolitain, & non pas Constantinopolite & Néapolite, l’analogie demanderoit qu’on dît Cosmopolitain.

☞ L’usage a prévalu contre la prétendue loi de l’analogie, & l’on dit aujourd’hui Cosmopolite.

COSMOS. s. m. breuvage que les Tartares font avec du lait de jument, & dont ils usent. Potus Tartarorum equino lacte confectus. Sacatay nous demanda si nous voulions boire du cosmos, & je m’en excusai pour lors. Fleury.

COSNE ou CONE, petite ville de France dans le Gâtinois aux confins du Nivernois, sur le bord de la Loire, & du Diocèse d’Auxerre pour le spirituel. Cosna, Conada, Conium, Condate ; selon la Notice de Valois. La coutellerie de Cône est estimée. On y faisoit autrefois du canon, & d’autres grands ouvrages de fonte. Il y a encore une ville de ce nom dans le Bourbonnois.

COSSARTS BROUN. s. m. pl. toiles de coton écrues qui viennent des Indes Orientales.

COSSAS. s. m. pl. Ce mot n’est en usage que dans les campagnes, au lieu de cosses, pour signifier la cosse qui enveloppe les pois, les féves & autres légumes. Siliqua. Les cossas de féves brûlés & pulvérisés sont employés en Médecine pour guérir la gravelle.

Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de cosse, ou coesse, qui est le nom qu’on donne encore en Bassigny aux gousses des féves. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a dit cossæ, pour dire sliliquæ.

Cossas. s. m. toile de mousseline unie & fine, que les Anglois rapportent des Indes Orientales.

☞ COSSE. s. f. Valva. On appelle ainsi les panneaux qui forment les siliques ou les gousses des légumes. On les appelle aussi battans. On dit mal cossas & écosses. Ces mots ne sont employés que par les femmes qui vendent des pois.

On appelle des pois sans cosse, ceux qui ont la cosse si tendre & si mince, qu’on la mange avec les pois sans les écosser. Pisa tenuioris teneriorisque siliquæ. On les appelle aussi pois goulus.

Cosse, espèce de graine de navette un peu plus grosse que la navette ordinaire. On en tire une huile qui est bonne à brûler.

Cosse, est aussi une espèce de fruit qui se trouve dans quelques lieux des côtes de Guinée, particulièrement sur les bords de la rivière de Serre-Lionne.

Cosse, terme de Parcheminier. On appelle du parchemin en cosse, ou en croûte, la peau du mouton telle qu’elle sort de la mégie, c’est-à-dire, dont on a fait seulement tomber la laine ; on attache le parchemin en cosse sur un chassis qui s’appelle herse : là on le rature, & l’on en ôte routes les superfluités.

Cosse se dit aussi dans les ardoisières, de la première couche que l’on rencontre, & qui ne fournit qu’une mauvaise matière. Encyc.

Cosse, en termes de Marine, est un anneau de fer cannelé, & garni de petits cordages, pour conserver les gros cordages qu’on fait passer au travers de cet anneau. Annulus striatus.

Il y a aussi des cosses de bois que l’on nomme Margouillets. Voyez MARGOUILLET.

Cosse de Geneste. Ordre de Chevaliers. Il fut institué par S. Louis à la solennité de son mariage avec Marguerite de Provence. Il a duré jusqu’à Charles VI. La devise de cet Ordre de la Cosse de Geneste étoit ce mot, exaltas humiles. Le collier de l’Ordre étoit composé de Cosse de geneste, entrelacées de fleurs de lis d’or, renfermées dans des lozanges cléchées, au bout duquel pendoit une croix fleurdelisée.

COSSER, v. n. terme d’économie rustique, qui se dit des moutons qui se heurtent la tête les uns contre les autres. Coniscare. C’est un bon signe quand les moutons cossent au sortir de la bergerie.

COSSIQUE. adj. de t. g. terme d’Algèbre. On appelle nombres cossiques les nombres d’une progression géométrique ; laquelle commence par une racine qui fait ensuite un carré, ensuite un cube, un carré-carré, & ainsi de suite à l’infini, en passant par tous les degrés ou puissances. Quelques-uns disent que Cosa en italien veut dire Algèbre, & que delà vient cossique. Ce mot n’est plus guère en usage.