Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/962

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
954
COU

Scribere, scriptis mandare. C’est un homme qui couche bien par écrit, qui explique bien ses pensées. Dans ce sens, il est vieux & populaire.

Coucher, en Jurisprudence & en matière de comptes, c’est employer, comprendre dans un acte, dans un compte. Aliquid verbis exprimere. On a couché cette clause expressément dans cette donation. La décision de cette affaire est couchée en termes formels dans le texte de cette loi, dans les registres de la Cour. Il a couché cela en recette, en dépense, dans les articles de son compte. On dit en ce sens, qu’un homme a été couché sur l’Etat ; pour dire, qu’il a été mis & employé sur l’état, sur le catalogue de ceux qui doivent être payés de quelques gages, appointemens, pensions, &c. Alicujus nomen in rationes Regis stipendiarias referre.

COUCHÉ, ÉE. part. On dit, il est venu à soleil couché ; pour dire, un peu après que le soleil est couché. On dit de même avant & après soleil couché. Antè ou post occasum solis.

On dit prov. & populairement, qu’on est plus couché que debout ; pour dire, que le temps que dure la vie est peu considérable, en comparaison de celui qui la suit. Acad. Fr.

Couché, en termes de Blason, se dit du cerf, du lion, du chien & autres animaux. Caminga en Frise porte d’or au cerf couché de gueules.

☞ COUCHER. s. m. c’est en général la manière de se tenir couché, posture dans laquelle on se tient au lit, soit en santé, soit en maladie. Cubatio, cubatus.

Coucher se dit à peu près dans le même sens pour l’usage du lit. On dit d’un homme qu’il est délicat sur le coucher. Quand on couche dehors, il n’en coûte rien pour le coucher.

Coucher signifie encore l’action de celui qui couche. On lui a interdit le coucher avec les femmes, à cause de la foiblesse de sa poitrine. C’est en ce sens qu’on se sert de cette maxime de Coutume : au coucher se gagne le douaire, pour dire, qu’il n’est point acquis à la femme, que le mariage ne soit consommé. Concubitus.

Coucher se dit non seulement de l’action de se coucher, mais encore du temps où l’on se couche. Ainsi l’on dit se trouver au coucher de quelqu’un. Assister au lever & au coucher du Roi. Apporter le vin du coucher. On appelle à la Cour, le petit coucher du Roi, l’espace de temps qui s’écoule depuis que le Roi a pris sa chemise, & donné le bon soir aux personnes de la Cour qui se trouvent présentes, jusqu’au moment où il se met au lit. On dit, être du petit coucher du Roi. Etre au petit coucher du Roi, ou simplement au petit coucher. Cela fut dit au petit coucher.

Coucher se dit aussi de la garniture d’un lit. Matelas, lit de plume, &c. On dit en ce sens, un bon, un mauvais coucher.

En termes d’Astronomie, le coucher du soleil & des astres se dit du tems où ils se cachent sous l’horison. Occasus. A l’égard des astres, il y a trois sortes de lever & de coucher ; le cosmique, le chronique & l’héliaque ou solaire. Le cosmique ou véritable est quand un astre se couche en même temps que le soleil monte sur l’horison. Le chronique est quand un astre se couche avec le soleil. L’héliaque ou coucher apparent est lorsque l’astre entre dans les rayons du soleil, & en est offusqué & effacé ; en sorte qu’il commence à disparoître, & à cesser d’être vu.

Coucher vient de cubare. Nicod. Ménage, après de Valois, le dérive de collocare. Du Cange est de même avis, eò quod nosmetipsi in lecto collocemus.

COUCHETTE. s. f. petit lit qui n’a point de ciel, ni de rideaux, ni de piliers. Lectulus.

Tout est aux écoliers couchette & mattelas.
Un honnête homme en pareil cas
Auroit fait un saut de vingt brasses. La Font.

COUCHEUR, EUSE, s. qui couche avec un autre. Lecti comes, socia. Un mauvais coucheur est un homme qui empêche son camarade de dormir. Concubitor molestus, importunus.

L’Amour est un mauvais coucheur,
Car la nuit sans cesse il fretille. La Font.

Coucheur. s. m. terme de Papeterie, ouvrier qui travaille dans les Papeteries à renverser les feuilles de papier sur les feutres, à mesure que les formes ou moules lui sont présentés par celui qui les a plongés dans la cuve où est la pâte.

COUCHIS. s. m. c’est la forme de sable d’un pié d’épaisseur, qu’on met sur les madriers d’un pont de bois pour y asseoir le pavé : les poutres, le sable & la terre tout ensemble qui sont sous le pavé. Corium, crusta ex arenario, statumen.

COUCHOIR. s. m. terme de Doreur, petit morceau de buis fort propre, avec lequel on prend les tranches d’or pour les appliquer sur les bords des livres. Buxum applicandæ bracteæ idoneum.

COUCI-COUCI, façon de parler familière, qui signifie tellement quellement. Il s’est acquitté de cette commission couci-couci. Quoquo modo, utcumque.

Puisse l’enfant sans merci
Vous forcer à rendre hommage
A quelqu’Iris de village,
Dont le cœur fourbe & volage
Vous aime couci-couci. Des-H.

Par vos bienfaits avons de quoi manger
Couci-couci ; mais item il faut boire. Nouv. ch. de Vers.

Cette façon de parler vient de l’italien cosi, cosi, qui signifie la même chose.

COUCI. Codiciacum, Catusiacum, Coccium, Cociacum. Bourg de l’Île de France, entre Soissons & la Fere ; il a donné autrefois son nom à l’illustre Maison de Couci. La tour de Couci a 172 piés de hauteur, & 305 de circonférence. Dom Duplessis a imprimé en 1728, une nouvelle histoire de la ville & des Seigneurs de Couci. La forêt de Couci. Silva Vosagus.

COUCON, Voyez Cocon.

COUCOU. s. m. oiseau dont le nom est tiré de son chant. Cuculus. Il ne paroît & ne chante qu’au printemps.

☞ Le Coucou ne fait point de nid ; il s’empare du nid des autres oiseaux, y met son œuf, (car il n’en pond qu’un) & l’abandonne. L’oiseau propriétaire du nid, couve l’œuf du coucou, & prend soin du petit lorsqu’il est éclos. C’est pourquoi les Anciens ont fait du mot coucou, un terme d’injure & de mépris. Ils appeloient coucou, un lâche, un stupide, un sot, qui laisse faire aux autres ce qu’il doit faire lui-même. Vossius dit qu’il met des œufs dans le nid des autres, parce qu’il est extrêmement froid, & qu’il n’a point assez de chaleur pour couver & faire éclorre ses œufs. Quelques-uns mettent le coucou au nombre des oiseaux de rapine : c’est une espèce d’épervier.

Albert, Aristote & Avicenne, distinguent deux différens genres des coucous, l’un grand, l’autre petit.

Le grand coucou de la grande espèce a le bec assez long, & presque d’égale grandeur à celui des ramiers, mais il est plus gros, plus aigu, & un peu plus crochu. Sa partie de dessus à l’extrémité est un peu courbée, & plus longue que la partie inférieure. Celle de dessus est noire, & celle de dessous de couleur de corne. L’ouverture du bec avec tout ce qui paroît en dedans, & la langue, sont jaunes. Les narines sont rondes & ouvertes, l’iris de l’œil est d’un jaune éclatant ; la prunelle est brune, ou plutôt noire. Toute la partie courbée en avant, tant celle qui est cendrée que la blanche, est distinguée de lignes, ou plutôt de marques obscures