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DED

Dédaigneur, euse. adj. Qui marque du dédain. Les Athéniens étoient fous de la liberté, idolâtres de leur patrie, admirateurs de leurs usages, dédaigneux ou indifférens pour tout ce qui n’étoit point d’eux. Journ. des Sav. Mars 1731. on dit dédaigneux.

DÉDAIGNEUSEMENT. adv. D’une manière dédaigneuse. Fastidiosè.

DÉDAIGNEUX, euse. adj. qui marque du dédain. Fastidiosus. C’est une beauté fière & dédaigneuse. Ces Critiques impitoyables qui prennent un air dédaigneux sur tout ce qu’on dit en leur présence, sont l’effroi des conversations. Bell. Voy. FIER. Il faut éviter de parler, & encore plus de badiner avec les personnes fières. Pour les dédaigneuses, il faut les fuir, ou ne les joindre que pour les mortifier.

Mais nous autres faiseurs de livres & d’écrits,
Du Lecteur dédaigneux honorables esclaves,
Nous ne saurions briser nos fers & nos entraves. Boil.

☞ DÉDAIN. s. m. Sentiment qui nous empêche de nous familiariser, & qui nous éloigne des personnes que nous croyons au dessous de nous, par la naissance, les biens ou les talens. Dans ce sens il est synonyme avec le mot fierté, pris en mauvaise part, avec cette différence que la fierté est fondée sur l’estime qu’on a de soi-même, & le dédain, sur le peu de cas que l’on fait des autres : ce qui rend celui-ci plus odieux & plus insuportable. Voy. les Syn. fr. Fastidium. Il y a une sorte de gens vains qui se font du dédain, une décoration personnelle, qu’ils produisent comme une étiquette pour annoncer le mérite qu’ils prétendent avoir, & où l’on ne manque pas de lire le contraire de ce qu’ils y croient écrit. Je ne suis point d’humeur à essuyer vos dédains & vos injures. S. Evr.

Quoi ! votre fermeté fait succéder sans peine,
Le respect au dédain, & l’amour à la haine ? Corn.

Malgré tout mon amour, jamais cette inhumaine,
Ne témoigna pour moi que dédains, & que haine. S. Evr.

DÉDALE, s. m. Arrière-petit-fils d’Erectée, Roi d’Athènes, a été le plus habile ouvrier que la Grèce ait jamais produit dans l’Architecture & dans la Sculpture principalement.

DÉDALE. s. m. C’est le synonyme de labyrinthe, auquel on donne ce nom, à cause que Dédale en fut l’inventeur. C’est un lieu où l’œil s’égare, où l’on se perd à cause de l’embarras de détours. Labyrinthus. Les dédales de Versailles, &c. On dit plus communément labyrinthe.

On le dit aussi figurément d’un grand embarras. Si vous entreprenez de débrouiller les affaires de cette maison, c’est un dédale dont vous ne sortirez jamais. Le dédale des loix, des procédures, de la chicane. Anfractus judiciorum.

On y voit tous les jours l’innocence aux abois,
Errer dans les détours d’un dédale de loix. Boil.

Apprenez que souvent le poids d’une cabale
Embarrasse les gens dans un fâcheux dédale. Mol.

DÉDALES. s. f. plu. Terme de Mythologie. Fêtes que les Platéens célébroient depuis leur retour dans leur patrie. Platée, ville de Béotie, avoir été ruinée par les Thebains 371 ans avant J. C. & ses habitans obligés d’aller chercher retraite chez les Athéniens, avec qui ils demeurèrent l’espace de soixante ans, jusqu’au temps d’Alexandre, qui permit aux Platéens de retourner dans leur patrie, & de rebâtir leur ville. Ils instituérent les Dédales en mémoire de cet exil, & comme il avoit duré soixante ans, à chaque soixantième année, ils célébroient cette fête avec une grande magnificence.

DÉDALION. s. m. Fils de Lucifer, & pere de Chione, fut si touché de la mort de sa fille Chione que de désespoir il se précipita du sommet du Mont Parnasse. Il fut métamorphosé en épervier.

DÉDAMER. v. n. Terme du jeu de dames. Retirer une dame du premier rang, c’est-à-dire, du rang qui est le plus proche du joueur, & l’avancer à un autre ; ce qui peut donner lieu à l’adversaire d’aller à dame, c’est-à-dire, de placer une de ses dames à la place que l’on a quittée, & de la damer. Scrupum lusorium e primo ordine removere, amovere. il faut nécessairement dédamer ce coup-ci, ou perdre quelque dame.

Dédamer. Se dit figurément, en style familier, pour quitter la place, le rang que l’on occupoit, se retirer. Dignitatem, honores linquere, recipere se, receptui canere. Si les grands n’étoient nés parmi les couronnes, s’ils n’étoient obligés de maintenir leur dignité, comme chaque particulier l’état où il se trouve ; s’il leur étoit honnête & bien séant de dédamer, je crois que beaucoup suivroient l’exemple des Empereurs Dioclétien, Lothaire & Charles V, qui renoncèrent tous librement, aussi bien qu’Amurath II. &c. Mascur. Ce mot n’est pas d’usage en ce sens.

DÉDAN. s. m. Nom d’homme. Dedanus. Il y en a plusieurs de ce nom dans l’Ecriture. Le premier est originaire de Cham par Chus, Gen. X. 7. 1. Paral. XIX. 9. Le second est descendant d’Abraham, par Cethura, Gen. XV. 3. 1. Paral. XIII. 2. C’est celui-ci qui avoit donné le nom à des peuples dont nous allons parler. Quelques-uns croient aussi que l’Oracle de Dodone, si célèbre parmi les Grecs, tiroit son nom de l’un de ces deux hommes.

Dédan, est aussi le nom d’une ville de l’Idumée, donc parlent Jérémie, XXV. 23. XLIX. 8. & Ezéch. XXV, 13. & XXVII. 20. Bochart, croit qu’elle fut fondée par Dédan fils d’Abraham & de Cethura, dont elle porta le nom. Gen. XXV. 3.

Dédan. Ville dont il est parlé dans Ezéchiel XXVII. 15. & XXXVIII. 13. Bochart, Phaleg. L. IV. C. 6. la place dans l’Arabie heureuse sur la côte du détroit Persique, & prétend que celle qu’on nomme encore aujourd’hui Daden, qu’Orteluis & d’autres Modernes placent entre le détroit de Bassora, & l’embouchure du fleuve Om, qui est le Lar de Ptolomée & le Phalg de Nubiensis, également éloignée de l’un & de l’autre. Ce qui prouve cette situation, c’est qu’Ezéchiel XXVII. 15. parle d’une ville maritime, voisine de plusieurs Îles, & d’où l’on alloit par mer aux Indes ; car l’ivoire & l’ébène que l’on en rapportoit, sont des marchandises des Indes ; que Regma, bâtie par le pere de Dedan, étoit sur cette même côte, comme Bochart le prouve au chapitre précédent ; que la famille de Scheba frere de Dédan étoit aussi voisine de ces lieux, comme il le prouve au chapitre suivant, & qu’Ezéchiel XXXVIII. 13. a joint Scheba & Dédan, comme des lieux voisins ; ainsi il ne faut pas confondre cette ville avec la précédente, qui étoit dans l’Idumée. Ezéchiel les distingue, XXVII. il parle de la première v. 20 & de celle-ci v. 15.

Au reste dans ce dernier endroit d’Ezéchiel XXVII 15. Les Interprètes Grecs traduisent בנידדן, enfans de Dédan, υἱοὶ Ῥοδίων, Enfans des Rhodiens, ce qui a fait dire à Villalpandus & à d’autres après lui, que Dédan est l’Isle de Rhodes, que c’est là son premier nom ; que de Dédan on a fait Rhedan & ensuite Rhodon, Rhodos. Mais Saint Jérôme & après lui, Bochart, soutiennent que c’est une faute de l’Interprète ou du Copiste de l’exemplaire qu’il avoit ; que l’un ou l’autre a lu רדן, Redan pour דדן, Dédan, trompés par la ressemblance qu’ont en Hébreu le ר, R, & le D ד. En effet, ajoute Bochart, qui dira que les Tyriens achetoient l’ivoire & l’ébène des Rhodiens, étant beaucoup plus facile aux Tyriens qu’aux Rhodiens, d’aller aux endroits d’où l’on tire ces marchandises ?