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DES

Romains est désigné Empereur. Consul désigné pour l’année prochaine.

Désigné, ée. part. Designatus.

☞ DÉSIMBRIGUER. v. a. Terme usité dans les Provinces de droit écrit & dans les Iles françoises de l’Amérique. Affranchir, libérer ou décharger un héritage qui étoit affecté ou hypothéqué à quelque charge réelle ou hypothécaire. Il est opposé à imbriguer, charger. On appelle biens imbrigués ceux qui sont chargés de beaucoup de rédevances ou de dettes. Enc.

DÉSINCAMÉRATION. s. f. Terme de droit, qui regarde la Cour Romaine. Acte par lequel on désincamère ; c’est la formalité, la cérémonie, l’action par laquelle le Pape démembre quelque terre de la Chambre Apostolique. Ceux qui avoient donné leur voix pour l’incameration de Castro ; non-seulement en approuveroient la désincamération, mais trouveroient même des éloges pour la louer. L’Abbé Regn.

DÉSINCAMÉRER. v. a. Terme de Droit, qui regarde la Cour Romaine. C’est démembrer de la Chambre Apostolique les terres qui y sont unies, qui y appartiennent. L’article portoit que Sa Sainteté désincaméreroit l’Etat de Castro. L’Abb. Regn. Cela avoit fait croire à Rome, qu’à la fin le Pape s’étoit déterminé à désincamérer. Id. Ceux des Cardinaux qui étoient d’avis de désincamérer, ou s’abstinrent de dire leur avis, ou le dirent inutilement. Id. Dans les deux derniers exemples le verbe désincamérer est sans régime.

DÉSINCORPORER. v. a. Retrancher, séparer une chose du corps auquel elle avoit été incorporée. Il ne se dit guère qu’au figuré. De corpore eximere, tollere, detrahere. On a désincorporé de ce Présidial des Officiers qui y avoient été incorporés par un Edit précédent. On a désincorporé cette Cour des Aides de la Chambres des Comptes, pour en faire une Cour séparée. Désincorporer une terre du domaine du Roi par échange.

DÉSINENCE. s. f. Terminatio casùs. Terme de Grammaire, c’est la chute, la terminaison d’un mot. On n’entend point ici par le mot de cas, ce que les Grammairiens Latins entendent par le mot de casus qu’ils emploient pour marquer les différentes chûtes ou désinences, que chaque nom peut recevoir dans chaque nombre. L’Abb. Regn.

DÉSINFATUER. v. a. Détromper quelqu’un qui s’est laissé infatuer d’un autre homme, ou de quelque opinion. Errorem alicui eripere, dedocere errorem, opinionem. On a bien de la peine à désinfatuer un opiniâtre lorsqu’il est une fois préoccupé. On ne se désinfatue pas aisément des nouvelles opinions.

Désinfatué, ée. part.

DÉSINFECTER, v. a. Oter l’infection de quelque lieu. Domum aliquam pestilentiâ infectam expurgare. On à désinfecté cette chambre. Danet. On avoit déjà désinfecté plus de 4500 maisons d’Avignon. Journ. de Verdun, Nov. 1722. Il y a long-temps que je suis désinfecté de cette opinion. Il est peu usité, tant au propre qu’au figuré.

Désinfecté, ée. part. & adj. Purgatus, a. On croyoit la Grande-Bretagne désinfectée de cet air contagieux qui excite les remuemens. Jour. de Verdun. Nov. 1722, p. 354.

DÉSINFECTION. s. f. Action par laquelle on désinfecte, on ôte l’infection d’un lieu. Purgatio, lustratio. Dans un recueil de différens Auteurs sur la peste on traite de la désinfection des villes, maisons, personnes, meubles, bêtes & marchandises ; on y traite des remèdes nécessaires pour venir à bout de cette désinfection. Journ des Sav. 1721, p. 138. Il y a une Relation composée par le P. Tamisier, Jacobin, touchant la désinfection de la ville de Montpellier. La désinfection que l’on fait en chaque ville, lorsque la peste est sur sa fin, est une des causes qui fait cesser la peste dans les villes infectées. Astruc. La désinfection a été faite très-exactement dans la ville & le Comtat d’Avignon. Merc. de Decembre 1722. On a travaillé à la désinfection de toutes les maisons, des effets & des marchandises. Journ. de Verdun, 1722. Nov. p. 364.

DÉSINTÉRESSEMENT. s. m. Détachement de tout intérêt personnel. Propriorum commodorum neglectus, privatæ utilitatis oblivio. Les Stoïques, les Cyniques, ont vécu dans un grand désintéressement, dans un grand détachement de toutes choses.

DÉSINTÉRESSER. v. a. Mettre une personne hors d’intérêt en lui donnant en dédommagement une chose dont il doit le contenter. Voy. dédommager. Il a fallu le désintéresser sous main, pour avoir son désistement. Il a perdu sur cet achat, mais il est désintéressé par un autre qui le récompense. Il suffit d’avoir causé directement ou indirectement le dommage pour être tenu de désintéresser celui qui l’a souffert.

Désintéressé, ée. part. Il est souvent adjectif, & signifie en général celui qui ne se conduit point par le motif de son intérêt personnel. Qui sui commodi studio minime ducitur, qui suis commodis non servit, suorum commodorum negligens. C’est l’homme le plus désintéressé que je connoisse.

☞ On le dit aussi de celui qui n’est touché d’aucune passion de vengeance, d’affection, de haine, &c. Un Juge doit être désintéressé. Je regarde d’un œil désintéressé. Un amour désintéressé est une chimère. M. Scud. Comme nous ne sommes pas assez désintéressés pour étudier nos propres défauts en nous-mêmes sans prévention, il faut les considérer dans les autres pour se corriger. S. Réal. Valstein étoit artificieux jusqu’à paroître désintéressé. Saras. Il ne fut jamais de passion si désintéressée que la mienne. S. Evr.

Les Mystiques appellent amour désintéressé, l’amour de Dieu, qui est dégagé de tout motif de propre intérêt ; qui exerce les vertus par rapport à la seule gloire de Dieu, sans avoir égard même à la récompense éternelle. Caritas gratuita. C’est la sainte indifférence tant vantée par les dévots contemplatifs. Fen. La contemplation passive exerce les vertus d’une manière paisible & désintéressée. Id. Une ame parfaitement désintéressée veut tout pour Dieu, & rien pour elle. Id. Cela doit s’entendre des actes particuliers, & jamais d’un Etat.

DESIR. s. m. Inquiétude qu’on ressent pour une chose absente, & à laquelle on attache une idée de plaisir, passion qui nous porte à vouloir un bien que nous jugeons nous être convenable. Desiderium, cupido. La colère est un desir ardent & opiniâtre de nuire. M. Esp. Vous avez allumé des desirs téméraires dans mon cœur. S. Evr. La piété nous ordonne de renoncer à tous les desirs mondains & criminels, aux desirs de la chair. Le desir de la gloire est ce qui anime le Héros & on lui doit toutes les actions d’un grand éclat. Le desir de trouver la vérité est tout ce qui dépend de nous, la trouver n’est-ce pas plutôt un bonheur qu’un mérite ? Un desir de gloire immodéré & une ambition trop vaste ne lui laissent point de repos. S. Evr. Je connois plus les souhaits que les desirs. M. Scud. Cela est fort judicieusement distingué ; car les souhaits doivent être l’ouvrage de la raison ; & les desirs sont presque toujours des aveugles qui naissent du tempéramment, & j’ai eu plusieurs fois des desirs pour des choses que je n’ai pas souhaitées, par ce que ma raison y est opposée. M. Scud.

☞ La force de la signification de ces deux, dit M. l’Abbé Girard, ne dit rien de bon ou de mauvais ; dans l’objet, elle n’exprime que le mouvement par lequel l’ame se porte vers lui, quel qu’il soit, bon ou mauvais ; mais avec les différences suivantes. Les souhaits & les désirs ne regardent que les choses éloignées ; les souhaits sont plus vagues ; & les désirs plus ardens. Les souhaits se nourrissent d’imagination ; ils doivent être bornés. Les désirs viennent des passions, ils doivent être modérés. On se repaît de souhaits. On s’abandonne à ses désirs. Nous souhaittons ce qui nous flatte. Nous désirons ce que nous