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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/290

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DES

la Marche, l’avoit destitué du Gouvernement de Rome. L’Abbé Regn. Voy. Déposer.

☞ Autrefois tous les Offices en France étoient révocables à la volonté du Roi. Louis XI en introduisant la vénalité, & en même temps la perpétuité des Offices, ceux du Parlement devinrent perpétuels.

Destitué, ée. part. & adj. Destitutus. La raison seule destituée de l’autorité de l’Eglise ne peut juger du véritable sens de l’Ecriture. Il semble que l’homme n’a été créé destitué de toutes choses que pour le contraindre à cultiver la société, afin d’entrer en communication d’industrie. S. Evr.

Destitué de bon sens, de raison, qui manque de raison. Consilio, ratione destitutus. Destitué de tout secours, d’amis, &c. Inops amicorum, ab amicis. Il lui réchauffa toutes les parties qui étoient destituées de chaleur.

DESTITUTION. s. f. Action par laquelle on destitue, Amotio ex officio. Les destitutions sont odieuses. Il n’y a guère de destitution qui ne porte quelque note. La destitution des officiers appartient aux Seigneurs qui les ont pourvus gratuitement.

☞ Si les provisions ont été données à titre onéreux moyennant finance, ou pour récompense de services, le Seigneur ne peut destituer qu’en remboursant la finance, ou en payant l’estimation du service en considération duquel il a donné les provisions. Ce qui est fondé sur l’équité. Ainsi, quoiqu’il y ait dans les provisions, pour en jouir tant qu’il nous plaira, cette clause ne donne pas au Collateur de l’office la faculté de destituer ad nutum, à moins que ce ne soit pour forfaiture.

☞ La destitution ne fait que révoquer celui qui est pourvu de l’Office ; la suppression anéantit l’Office. Voy. Encore Déposition.

DESTOR. s. m. Vieux mot. Obstacle, trouble, empêchement. On a dit aussi Destourbement & destourbier dans cette signification, & destourber, pour, détourner, du latin disturbium, disturbare.

DESTOUPER. Voy. DÉTOUPER.

DESTOURBER. Vieux v. a. Troubler, faire de la peine, inquiéter. Turbare, exagitare, vexare.

DESTOURBIER. Voy. DÉTOURBIER.

DESTRAIGNANT. adj. Vieux mot, qui signifie forcé, ordonné, fait par contrainte. Coactus, imperatus.

Ce mot vient de distringere.

DESTREINDRE. Vieux v. a. de distringere, presser, serrer, tenir : il signifie aussi, Se chagriner, périr d’inquiétude.

DESTRIER. s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois un cheval de main, ou un cheval de bataille propre à un homme d’armes pour faire un coup de lance : comme qui diroit un cheval adroit qu’on manie dextrement, avec dextérité. Il est opposé à palefroi qui étoit un cheval de cérémonie ou du service ordinaire. On l’appelloit aussi coursier & cheval de lance, comme on voit dans les Coutumes d’Anjou & du Mans. En latin dextarius, dextralis, ainsi nommé, parce qu’on le menoit en main ad dexteram. Du Cange. On diroit beaucoup mieux desultorius equus, pour signifier un cheval de main, & bellator equus, pour exprimer un cheval de bataille.

Destrier, C’est aussi un gros marteau dont se servent les Forgerons, pendant que d’autres frappent à deux mains avec de plus gros. Le Maître tient la pièce de la main gauche, & son destrier de la droite.

DESTROIS. adj. Vieux mot. Triste, abattu, mélancolique. De Districtus. On a dit aussi Destreins. C’est de-là qu’on a dit aussi Détresse, pour dire, angoisse, extrêmité facheuse. Etre en grand’détresse. Villehardouin a employé détresse pour Disette.

DESTROUSSEMENT. adv. Ouvertement, directement. Il est vieux. Platon dit destroussement en sa République, que pour le profit des hommes il est souvent besoin de les piper. Montagne.

DESTRUCTEUR. s. m. Qui détruit. Eversor. On le dit au propre & au figuré. Les Goths ont été les destructeurs des plus beaux édifices des Anciens.

Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens,
Cet Achille, l’auteur de tes maux & des miens.

Racine.

Destructeur impitoyable
Des marbres & de l’airain,
Le Temps, tyran souverain
De l’œuvre la plus durable. N. ch. de Vers.

Destructeurs des tyrans, vous qui n’avez pour Rois
Que les Dieux de Numa, vos vertus & nos lois.

Voltaire.

☞ Ce mot se dit de ceux qui font du ravage dans une maison, dans une ville. Les soldats sont de grands destructeurs.

☞ On dit aussi, figurément, qu’un homme a été le destructeur de sa maison par ses folles dépenses. Destructeur de l’hérésie.

DESTRUCTIBILITÉ. s. f. Qualité de ce qui peut être détruit. La destructibilité du fer. M. Boerhave l’a prouvée. Lettr. de M. de Barth, Docteur en Médecine, au sujet de l’Histoire du Ciel par M. Pluche rapportée dans les Obs. sur les Ecr. mod. tome. 19.

☞ DESTRUCTIF, ive. adj. Qui détruit, qui cause la destruction. Principe destructif : cause destructive.

☞ DESTRUCTION. s. f. Ruine totale d’une chose. La destruction du Temple de Salomon. Ce mot est souvent employé au figuré. Excidium, eversio, excisio, extinctio, exstirpatio. Les guerres causent la destruction des Provinces & de la campagne. Les excès & les débauches contribuent à la destruction de la santé. Travailler à la destruction des Hérésies. La mauvaise conduite des pères de famille cause la destruction des maisons. Ces maximes tendent à la destruction de la bonne morale.

Destruction, Terme de Philosophie Hermétique. C’est la même chose que dissolution, putréfaction. Il faut environ quarante jours, ou un peu plus pour que la destruction du Mercure philosophal se fasse. Quand la noirceur paroît, la destruction est faite. Dissolutio.

DESTRUCTRICE. s. f. Qui détruit, qui fait périr. Corruptrix, destruens, evertens. Les gelées blanches sont de grandes destructrices de fleurs & de fruits aux arbres fruitiers, où elles peuvent donner. La Quint. Ce mot ne se dit pas ordinairement, & l’autorité de la Quintinie n’est pas assez grande en fait de langage pour l’établir.

DESTRUIRE. Voyez DÉTRUIRE.

☞ DESU. Ville Capitale du Chusistan, province de Perse. On lui donnoit autrefois le nom de Suse.

DESVALISER. Voy. DÉVALISER.

☞ DÉSUÉTUDE. s. f. Du latin Desuetudo, désaccoutumance, desuetus, hors d’usage, qui n’est plus à la mode. En parlant des coutumes, des réglemens, des usages, ce mot paroît synonyme d’abolition, & se dit de ce qui est anéanti par le non-usage. Cette loi est tombée en désuétude. Les nouvelles pratiques font que les anciennes tombent en désuétude, cessent d’être observées.

DÉSULTEUR. s. m. Sauteur qui passe d’un cheval sur un autre. Desultor. Chez les Scythes, les Indiens & les Numides, les Cavaliers qui servoient en guerre étoient très-habiles désulteurs, c’est-à-dire, qu’ils menoient avec eux au combat au moins deux chevaux, & quand celui qu’ils montoient étoit las, ils sautoient avec beaucoup d’agilité & beaucoup d’adresse sur le cheval de main qu’ils avoient. Les Grecs & les Romains prirent cet usage de ces nations barbares ; mais ils ne s’en servirent que dans les jeux, & les courses de chevaux, & jamais, que je sache, à la guerre, ni dans les combats. Ils en faisoient aussi paroître dans les pompes funèbres. Ainsi c’étoit une milice chez les peuples d’Asie & d’Afrique dont nous avons parlé ; mais, chez les Romains, ce n’étoient que des sauteurs & des baladins. Quelquefois ils