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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/310

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DEV

dice d’icelles ; & pour lors l’effet de l’appel est seulement dévolutif, & non suspensif.

DÉVOLUTION. s. f. Terme de Jurisprudence, est ce qui défère un droit à quelqu’un, en le laissant passer d’une personne à un autre. Voyez Dévolutif.

En matière Bénéficiale, le droit de dévolution, passe de l’inférieur au supérieur. Par exemple, quand le Collateur ordinaire néglige pendant six mois de conférer un Bénéfice, son droit est dévolu au Métropolitain, & de degré en degré au Pape, pour cette fois seulement. Le supérieur, comme l’Evêque à l’égard de l’Abbé à qui appartient la collation, a six mois pour pourvoir du jour que la dévolution a lieu en sa faveur, & ne peut être prévenu pendant ce temps. Il n’y a que le Pape qui prévient, comme étant l’Ordinaire des Ordinaires. Le Pape a eu droit de conférer ce Bénéfice par dévolution.

DROIT de Dévolution. s. f. Droit acquis par succession de degré en degré. Jus devolutum. La dévolution en général est une défense faite par quelques Coutumes au mari qui survit à sa femme, ou à la femme qui survit à son mari, d’aliéner ses biens immeubles, & qui l’oblige à les conserver pour les enfans nés de ce mariage, en sorte qu’ils y succèdent à l’exclusion de ceux du second lit. La France a prétendu que le Duché de Brabant est sujet au droit de dévolution. On a soutenu au contraire, qu’en supposant le Duché de Brabant sujet à ce droit, il ne s’ensuit pas que, par la dévolution, une fille sortie du premier mariage doive être préférée à un fils sorti du second. Voyez Stokman.

La dévolution diffère de dévolut, en ce que ce dernier est la collation d’un Bénéfice rempli de fait, mais vaquant de droit par l’incapacité du pourvu, ou par le défaut de ses lettres : au lieu que la dévolution est le droit de conférer, qui appartient au Suppérieur Ecclésiastique, après un certain temps, par la négligence du Collateur inférieur.

DEVON. s. m. Province ou Contrée d’Angleterre, qui a titre de Comté, & que les Anglois appellent Devon-Shire. Denio. Ce pays est borné au couchant par les Comtés de Sommerset & de Dorchester, & au levant par celui de Cornouailles. La mer de Bretagne le baigne au midi, & le Canal de Bristol au nord. Excester, ou Exon, en est la capitale.

DÉVORANT, ANTE. adj. Qui dévore, qui consume promptement. Consumens. Il a un feu dévorant dans les entrailles qui lui donne un continuel appétit.

On dit figurément d’un bon Chrétien, qu’il a un zèle dévorant, un feu divin & dévorant ; qu’il a un grand amour de Dieu.

On appelle, Air dévorant, un air extrêmement subtil, & qui est dangereux pour les personnes qui ont la poitrine délicate.

DÉVORATEUR. s. m. Qui dévore. Vorax, helluo, gurges. Cet homme est un dévorateur de patrimoine. Les chicaneurs, les usuriers sont des dévorateurs de gens. Le tems est le dévorateur de toutes choses. Rien n’échappe à ces dévorateurs. Bens. Ce mot n’est point en usage.

On ne le dit proprement que des bêtes féroces qui déchirent leur proie avec les dens. Vorare.

DÉVORER. v. a. Les crocodiles, les tiburons dévorent, avalent les hommes tout entiers. Daniel fut jeté dans la fosse aux lions pour être dévoré. On envoya un monstre marin, pour dévorer Andromède. Ablanc.

On le dit aussi, par extension, des hommes. Ce convalescent a bon appétit, il ne mange pas, il dévore. Un goinfre, un écornifleur, dévorent, mangent goulument.

Dévorer, se dit au figuré. Quand un amant regarde sa maîtresse, il la dévore des yeux. Un traître dont les yeux maudits assiègent routes mes actions, & dévorent tout ce que je possède. Mol. On dit aussi qu’un homme a dévoré tout son patrimoine ; pour dire, qu’il a mangé son bien. Je sens un feu qui me dévore ; pour dire, une passion violente. On dit aussi, qu’un homme dévore les livres, quand il lit beaucoup. Cet homme attend la succession de son oncle avec impatience, il la dévore par avance. Il dévore en espérance tous mes trésors. Vaug. Le chagrin me dévore. Racine. Il y a beaucoup de difficultés à dévorer dans toutes les sciences, & les commencemens en sont très-difficiles. Bouh. L’usure, sous couleur de nourrir le pauvre, le dévore. Roy. Dévorer un affront ; pour dire, cacher le ressentiment d’un affront.

Rien ne peut-il charmer l’ennui qui vous dévore ?

Racine.

Amour, impitoyable Amour,
Donnez quelque relâche au mal qui me dévore,
Et la nuit & le jour. Des-H.

Mais quoi ! toujours souffrir un tourment qu’elle ignore,
Toujours verser des pleurs qu’il faut que je dévore ?

Racine.

Dévorer, se dit aussi des choses inanimées. Le feu, les flammes ont dévoré tous ces beaux palais. Le temps dévore, consume tout.

En style de l’Ecriture-Sainte, & en parlant d’un pays, où ceux qui y demeurent ne vivent par d’ordinaire long-temps, on dit que c’est une terre qui dévore ses habitans. On peut le dire, figurément, d’une ville où l’on est obligé de faire de grandes dépenses.

Dévoré, ée. part. pass. & adj. Consumptus, absumptus.

DÉVOT, ote. adj. & subst. Qui se plaît à servir Dieu ; qui est ardent à le prier, qui est assidu aux Eglises. Pius, religiosus. Je ne suis point dévote ; mais toute ma vie j’ai eu passion de le devenir. La C. de. B. C’est un grand scandale de voir que les plus dévots sont d’ordinaire les moins raisonnables. Le P. Lamy. Il n’y a rien de plus à craindre qu’un dévot irrit : c’est un animal colérique & vindicatif ; parce qu’il s’imagine que Dieu lui doit du retour, que la Religion est blessée en sa personne, & que ses fureurs sont divines. Mén. Vous reconnoissez les dévots d’habitude, ou de vanité, à leur mauvaise humeur, à l’inégalité de leur conduite. Il faut être dévot sans superstition, & sans mélancholie. S. Evr. Le caractère des dévots de profession est suspect aux gens sages. Id. Souvent on ne prend le titre de dévot, que pour se donner le droit de censurer la conduite d’autrui. Id. Ils croient que tout leur est permis, pourvu qu’ils aient de bonnes intentions : erreur trop commune parmi les dévots, qui doivent apprendre que la vertu consiste à garder les règles. Le Gend.

Dévot, ote. Ce mot se prend pour hypocrite, & pour faux-dévot ; alors il est tantôt substantif, & tantôt adjectif. C’est un dévot : il ne faut pas s’y fier.

Abus, s’écria-t-il, hé devenez dévote !
Ne le devient-on pas à la ville, à la Cour ?
Moi dévote ! Qui, moi ? M’écriai-je à mon tour,
L’esprit blessé d’un terme employé d’ordinaire,
Lorsque d’un hypocrite on parle sans détour.

Des-Houlieres.

On peut impunément pour l’intérêt du Ciel
Etre dur, se venger, faire des injustices :
Tout n’est pour les dévots que péché véniel. Ibid.

Fâche-t-on un dévot, c’est Dieu qu’on fâche en lui.

Ibid.

Ah ! pour être dévot on n’en est pas moins homme.

Molière.

Les femmes sont appelées par S. Augustin & par l’Eglise, le sexe dévot. On dit, en parlant d’une