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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/319

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DIA

blanc, dans une livre de laquelle on mêle une once de poudre d’Iris de Florence. Cette emplâtre digère, incise & mûrit avec plus de force que le diachylon simple. Il y a aussi le grand diachylon, ou diachylon magnum, qui est composé de litarge d’or, d’huile d’Iris, de camomille & d’aneth, de térébentine, de résine de pin, de cire jaune, de mucilages de lin & de senegré, de figues récentes, de raisins de Damas, d’ichthyocolle, de sucs d’Iris, de squille & d’œsipe. Ce diachylon ramollit les schirres & résout les enflures. Il est surnommé grand, non-seulement à cause de ses grandes propriétés, mais aussi parce qu’il reçoit un plus grand nombre d’ingrédiens que le simple. Il y a encore le diachylon gummatum ou gommé, qui n’est autre chose que la masse du grand diachylon, à laquelle on ajoûte les gommes ammoniac, galbanum & sagapenum fondues avec du vin, coulées & cuites jusqu’à l’épaisseur du miel. C’est de ces gommes qu’il prend le nom de gommé. Cet emplâtre est le plus puissant de tous pour digérer, cuire, mûrir & résoudre.

DIACO. s. m. Chapelain de l’Ordre ds Malte, Clerc Conventuel de cet Ordre. Capellanus Melitensis ; Clericus Conventualis Melitensis Ordinis. Les Diacos se présentent à l’âge de 8 ou 9 ans pour être reçus au rang de Chapelains. Le Grand-Maître leur donne une lettre qu’on appelle Lettre de Diaco, & par-là ils sont admis au nombre des Chapelains. Ils servent dans le Couvent de Malte depuis dix ans jusqu’à quinze ; c’est pourquoi ils sont appelés Clercs Conventuels.

Ce mot apparemment vient par apocope du Grec Διακονος, & l’Ordre de Malte l’a pris des Grecs, lorsqu’il étoit dans l’Ile de Rhodes, & l’a donné à ces Chapelains, parce que ce sont des Clercs fervents ; & Diaconus signifie, qui sert.

DIACODE, ou DIACODIUM. s. m. Le premier est aujourd’hui plus usité. Terme de Pharmacie. C’est un médicament fait de têtes de pavots. Il y en a de deux sortes ; le simple & le composé. Le Diacodium simple est un espèce d’opiat, fait avec l’extrait des têtes de pavots & le sapa ou le sucre. Il est propre pour adoucir les sérosités trop âcres, pour appaiser la toux & pour provoquer le sommeil. On ne se sert plus de cette préparation qui étoit fort en usage chez les Anciens, depuis qu’on a reconnu que le syrop de pavot blanc, nommé présentement diacodium, produit le même effet. Le diacodium composé est fait avec le diacodium simple, les trochisques de Ramich, l’hypocistis, la myrrhe, le safran & les balaustes. Il est propre pour arrêter & pour adoucir les catharres, les cours de ventre & les hémorragies. Ce mot vient de διὰ, & de κώδεια, tête de pavot.

DIACONAL, ALE. adj. Qui appartient à l’ordre de Diacre. Diaconalis, e. Le Cardinal Ottoboni, qui étoit Cardinal-Diacre, passa le 16 Juin 1724 à l’Ordre des Cardinaux-Prêtres, en conservant son titre diaconal de S. Laurent in Damaso. Gazette 1740, pag. 156.

DIACONAT. s. m. Le second des Ordres sacrés, Ordre & office de celui qui est diacre. Diaconatus.

DIACONESSE. Voyez Diaconisse.

DIACONIE. s. f. C’est le nom d’une charge dans les Monastères de l’Eglise Grecque. Le devoir de cette charge étoit de recevoir & de distribuer les aumônes : c’est ce qu’on appelle Aumônerie dans les Abbayes de France. Diaconia, Eleemosynarii munus. La Diaconie étoit une charge très-importante.

Diaconie, est aussi un nom qui est demeuré à des Chapelles & Oratoires qui étoient dans la ville de Rome, gouvernées par chaque Diacre en sa région. Diaconia. Les Diaconies étoient des hôpitaux, ou bureaux pour la distribution des aumônes. Elles étoient gouvernées à Rome par sept Diacres régionnaires, que l’on appeloit Cardinaux-Diacres de la ville de Rome. Il y en avoit un pour chaque région ; l’Archidiacre étoit leur Chef. L’hôpital, joint à l’Eglise de la Diaconie, avoir pour le temporel un Administrateur, nommé le père de la Diaconie, qui étoit tantôt clerc, tantôt laïque. Fleury. Diaconie néanmoins, en ce sens, n’étoit point du tout ce que nous appelons hôpital ; car on n’y logeoit & on n’y entretenoit pas les pauvres ; mais seulement on leur y distribuoit les aumônes qu’ils emportoient chacun chez soi. C’étoit le bureau, le lieu où ils s’assembloient pour les recevoir, où ils les venoient quérir. Ce mot s’étendit à quelques autres Bénéfices. Il y en a aujourd’hui quatorze, dont les noms sont rapportés par Du Cange, qui sont affectés aux Cardinaux Diacres : les voici. La Diaconie de Sainte Narie dans la voie large, la Diaconie de S. Eustache près du Panthéon, la Diaconie de Sainte Marie-la-Neuve, la Diaconie de S. Adrien, la Diaconie de S. Nicolas dans la prison Tullienne, la Diaconie de Sainte Agathe au cheval de marbre, la Diaconie de Sainte Marie in dominicâ : c’étoit dans celle-ci que demeuroit l’Archidiacre, qui seul étoit appelé le Cardinal Diacre ; la Diaconie de Sainte Marie in Cosmédin, autrement l’Ecole Grecque, la Diaconie de S. Ange dans le marché au poisson, la Diaconie de S. Grégoire-au-voile-d’or, la Diaconie de Ste Marie-du-Portique, la Diaconie de Sainte Marie in Aquiro, la Diaconie de S. Côme & de S. Damien, la Diaconie de S. Vite dans le Marché des Martyrs. Dans les commencemens il n’y avoit que sept Diaconies ; dans la suite on en ajouta sept autres, ce qui fit quatorze, autant que de quartiers dans Rome. On en ajouta encore quatre autres après, qui sont la Diaconie de Sainte Lucie dans le Cirque, la Diaconie des SS. Sergius & Bacchus, la Diaconie de S. Théodore, la Diaconie de Sainte Lucie dans le roc, appelée autrefois Orphéenne, Orphea. Enfin Léon X ajouta la Diaconie de S. Onuphre dans le Vatican, qui est aujourd’hui le titre d’un Cardinal-Prêtre, & sous Paul III il y eut 19 Cardinaux-Diacres tous vivans, pourvus de ces Diaconies, nombre qui ne s’est jamais vu. Frison, Appar. Gall. Purpur. C. 4. Du Cange, Gloss. au mot Diaconia. Ce mot Diaconie s’est dit aussi pour Diaconique, ou Sacristie. Voyez Diaconique.

DIACONIQUE. s. m. Sacristie ; lieu autour de l’Eglise où l’on conservoit autrefois les vases sacrés, & les ornemens destinés au service de l’Autel. Diaconicon, Sacrariarum, Secretarium. Le premier Concile de Laodicée, rapporté dans la Collection du P. Labbe, T. I. pag. 1495. & suiv. défend par son 12e Canon que les Ministres demeurent dans le Diaconique, ἐν τῷ διακονικῶ, & qu’ils touchent les vases sacrés. Une ancienne version traduit, in secretario ; un exemplaire de Rome, & Denis le Petit conservent en Latin le mot Diaconicon. Il est vrai que Zonatas & Balsomon entendent ce mot du Canon 21. de Laodicée, de l’Ordre de Diacre, & non pas d’un lieu ou bâtiment, & que Léo Allatius a suivi leur sentiment dans son Traité De Templis Græcorum : mais tous les autres Interprètes de ce Concile l’entendent d’une Sacristie ; & jamais ailleurs Διακονικὸν n’a donné d’autre sens. Zonaras lui-même semble l’entendre ainsi, en parlant sur le 25e des Canons de l’Eglise d’Afrique, qu’il appelle le 28. Enfin le Code Théodosien, Leg 3. de hæret. ou le Code de Justinien, Leg 3. de hæret. le Typicon de Sabas, C. 2. le Catalogue des Patriarches de Constantinople, l’Euchologe des Grecs, Codin ; De Officiis Aulæ Constant. parlent des Diaconiques comme d’un lieu, d’une Sacristie. Philostorgius, Liv. VII. C. 3. & Nicephore, Hist. Eccl. L. X. C. 30. disent qu’il y avoit à Panéade une statue de Jésus-Christ que la Svrophénicienne guérie du flux de sang avoir fait faire par reconnoissance ; qu’elle étoit proche d’une fontaine, & qu’on la fit transporter dans le Diaconique, afin qu’elle fût en un lieu plus décent.

Le Célébrant alloit dans le Diaconique changer ses ornemens quand il étoit nécessaire, comme le Typique de Sabas l’insinue, C. 2. &, outre les