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DIT - DIV

& de θρίαμβος, double triomphe. Les Anciens ont appelé Dithyrambes, les vers où l’on n’observoit pas les règles ou les mesures ordinaires, comme disent Aristote & Horace. C’est ce que nous appelons vers libres, & les Italiens, versi sciolti ; & les Grecs modernes les appellent politiques, parce qu’ils donnent ce nom à la prose, à laquelle ces vers ressemblent plus qu’à la Poësie. Le P. Labbe, en sa nouvelle Bibliothèque, a rapporté plusieurs de ces vers. Du Cange. Il ne nous reste aucuns Dithyrambes des anciens Poëtes ; & c’est pourquoi l’on n’en connoît pas la mesure avec certitude. On sait seulement que c’étoit une Poëie fort hardie & fort déréglée. Les Poëtes non-seulement forgeoient des mots, mais ils en faisoient de doubles & de composés, qui contribuoient beaucoup à la grandeur des Dithyrambes. Horace les a quelquefois imités. Dac. Le P. Commite & quelques Modernes ont fait des pièces Latines de toutes sortes de vers indifféremment, selon qu’ils se présentent, sans ordre & sans distinction de strophes : ils appellent ces pièces des Dithyrambes. Le fameux Rédi, aussi excellent Poëte qu’habile Physicien, a renouvellé parmi les Italiens cette espèce de Poësie. Lui & M. Pégolotti ont écrit chacun un dithyrambe Italien, qui passent pour de belles pièces.

DITHYRAMBIQUE. adj. Qui appartient au dithyrambe. Dithyrambicus. Poëte, vers dithyrambique. Pindare étoit né pour la témérité dithyrambique. Dac. Un mot composé & dithyrambique a quelquefois de la grace & de la force. Id. Une ode dithyrambique. Quelques Modernes ont ainsi appelé une pièce de vers faite dans le goût de l’ode, mais sans distinction de strophes, & dans lesquels ils font entrer indifféremment de toutes sortes de vers.

Quelques-uns écrivent ditirambique, comme les Italiens, ditirambo. La Poësie ditirambique doit sa naissance à la Grèce & aux transports du vin. Elle se ressent de son origine, & n’a pour règle que les saillies d’une imagination échauffée. L’art néanmoins n’en est pas banni ; employé finement, il retient, il conduit l’impétuosité ditirambique, & ne lui permet que les essors qui plaisent. En un mot, ce qu’un de nos Poëtes a dit de l’ode, est plus vrai du ditirambe que de l’ode ; que son désordre est un effet de l’art. Mém. de Tr. Il est mieux d’écrire dithyrambe & dithyrambique, avec M. Dacier.

☞ DITO, qu’on écrit quelquefois en abrégeant Do. Terme usité parmi les Marchands, qui signifie la même chose que dit, susdit.

DITON. s. m. instrument de Musique, qui comprend deux tons. Ditonum. Le diton est la première consonnance. La proportion des sons qui forme le diton est de quatre à cinq ; celle du semiditon de cinq à six. Si l’on divise le diton en 18 intervalles égaux, ou coma, les neuf de la partie aiguë font le ton majeur, comme le dit Salomon de Caux. Selon le P. Parran, le diton est la quatrième espèce de consonnances simples : il comprend deux tons, l’un majeur, & l’autre mineur. La tierce majeure est un diton.

Le nom de diton vient de δίς, deux fois ; & de τόνος, ton ; ce qui montre que le diton est composé de deux tons.

DITRIGLYPHE. s. m. Terme d’Architecture. Espace qui est entre deux triglyphes.

DITTAINQ, autrement DICTAINO, & DATAINO, Rivière de Sicile. Dittainus, anciennement Chrysas. Elle coule sur les confins des vallées de Démona & de Noto, baigne la petite ville d’Assoro, & se décharge dans le Jaretta.

DITTER. v. a. Marot dit ditter pour dicter. Dictare.

DITTEREL. s. m. Vieux mot. Opuscule. On a dit aussi Dittelet, pour, petit discours.

DIV.

DIU ou DIOU. Isle de l’Océan Indien située fort près de la côte de Guzarate, province des Etats du Mogol, à l’entrée du Golfe de Cambaye, du côté du couchant. Dium. Les Portugais sont maîtres de Diu, où ils ont une forteresse couronnée de deux grands fossés pleins d’eau de la mer, & couverte de plusieurs bastions bâtis sur le roc, & extrêmement hauts, avec un très-bon port, où ils ont fait long temps presque tout le commerce du Mogolistan. Du reste, il n’y a rien de remarquable dans cette Isle, qui est fort petite. C’est Nuno d’Acuna, Gouverneur des Indes, qui a fait bâtir la forteresse de Diu. La ville se nomma aussi Diu. Massée en parle souvent dans son Hist. des Indes.

DIVAGUER. v. n. Ce mot n’est plus en usage, ou il n’y est guère. Il veut dire aller de côté & d’autre, aller çà & là, s’écarter de l’objet d’une question. On a dit autrefois disvaguer. Cet homme ne fait que divaguer. Corneille est servi de ce mot dans sa traduction de l’Imitation de Jesus-Christ.

DIVALES. s. f. pl. Divalia. Nom de fête qui se célébroit chez les Romains le 21 de Décembre, à l’honneur de la Déesse Angérone : cette fête s’appeloit aussi Angéronales, du nom de cette Déesse. La fête des Divales fut établie à l’occasion d’une maladie qui faisoit mourir les hommes & les animaux : cette maladie étoit une espèce d’esquinancie, ou d’enflure de gorge, qu’on appelle en Latin Angina, d’où les Divales furent nommées Angeronales, Angeronalia, comme Macrobe nous l’apprend L. I. Saturn. c. 12. Ce jour-là les Pontifes faisoient un sacrifice dans le Temple de Volupia, ou de la Déesse du plaisir & de la joie, qui étoit la même qu’Angérone, & qui chassoit toutes les angoisses & tous les chagrins de la vie. Rosinus Antiq. Rom. L. IV. c. 16.

DIVAN. s. m. Terme de Relation. Chambre du Conseil-Tribunal où l’on rend la justice dans les pays Orientaux. Imperatoris Turcici supremum & sanctius consilium ; Tribunal, Curia. Les Voyageurs racontent des merveilles du silence qui se garde, & de l’expédition qui se fait dans les Divans de l’Orient. On dit, le grand Visir a tenu Divan ; c’est-à-dire, qu’il a fait assembler les Grands de la Porte pour délibérer des affaires de l’Empire.

Divan est un mot Arabe, qui signifie une estrade. C’est la même chose que sofa en langue Turque.

Divan signifie aussi, en Arabe, un recueil de diverses pièces, soit en vers, soit en prose.

Divan, se prend aussi pour une salle dans une maison particulière, mais toujours en termes de Relation, & en parlant des Orientaux. Aula, Atrium. La coutume de la Chine ne permet pas de recevoir les visites dans l’intérieur de la maison, mais seulement à l’entrée, dans un Divan qu’on a pratiqué pour les cérémonies. P. le Comte.

DIVAN-BÉGUI, ou DIVAN BÉGHI. Nom d’un des Ministres d’Etat en Perse. Le Divan-Bégui est le Sur-intendant de la Justice. Juri dicundo præpositus, juris dicundi arbiter. Il n’a que le dernier rang parmi les six Ministres du second ordre, qui sont tous au-dessous de l’Etmadaulet qui est premier Ministre. On appelle au tribunal du Divan-Bégui des jugemens rendus par les Gouverneurs. Le Divan-Begui a cinquante mille écus d’appointemens, afin qu’il rende la justice gratuitement. Tous les huissiers du Palais sont au service du Divan-Begui. Le Divan-Béghi connoît des causes criminelles des Cams, des Gouverneurs, & autres grands Seigneurs de Perse disgraciés pour quelque faute ; & il reçoit les appellations du Daruga. Il y a des Divan-Béghis, non-seulement à la Cour & dans la Capitale, mais aussi dans les Provinces & dans les autres Villes. En Turquie on dit Résuldivan, c’est le Président du Divan. Le Divan-Bégui rend la justice dans le Palais du Prince, sans suivre d’autre loi, ni d’autre règle que l’Alcoran, qu’il interprète à son gré. Il ne connoît que des crimes. Il suffit qu’on ait crevé un œil, ou cassé une dent, pour que la cause lui soit portée. Les causes des Officiers de la Maison du Roi, & des Ministres étrangers, lui sont commises.

DIVANDUROU. Nom que l’on donne à cinq ou six