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ELE

Pasquier. Les brigues, les divisions & le tumulte qui arrivèrent dans plusieurs assemblées Ecclésiastiques, furent quelquefois un sujet aux Rois de nommer aux Prélatures. Cependant encore au commencement de la troisième race les Rois rétablirent la liberté des élections, ne se réservant que le pouvoir d’accorder la permission d’élire, & d’agréer les personnes élues. Saint Louis en 1248, ordonna les élections avoir cours dans son Royaume : & depuis il fit publier son Ordonnance appelée la Pragmatique-Sanction, pour rétablir plus solennellement le droit des élections, à condition que ceux qui seroient élus, ne seroient point consacrés sans la permission du Roi. Charles VII. confirma aussi La liberté des élections par la Pragmatique-Sanction qui fut dressée à Bourges en 1438. Le Concordat supprima les élections, & aujourd’hui la nomination aux Evêchés, aux Abbayes & Prieurés électifs, à toutes les Prélatures & Bénéfices Consistoriaux, appartient au Roi. On ne réserve le droit d’élire qu’aux Chapitres des Eglises Cathédrales & Collégiales, & aux Monastères qui ont un privilège spécial d’élire ; comme l’Abbaye de Clugny, Cîteaux, &c. qui sont Chefs d’Ordre, à qui l’Ordonnance de Louis XIII. en 1629, a confirmé le droit d’élection. Il y a deux sortes d’élection ; l’une simple, & celle qui a besoin de la confirmation du Supérieur. L’autre collative, & qui n’est appelée élection qu’improprement, parce que ceux qui élisent, confèrent en même-temps, sans avoir besoin de recourir au Supérieur.

Élection, Tribunal où les Elus rendent leur justice, où l’on juge les différends sur les tailles & impôts, en première instance, à l’exception des Gabelles & Domaines du Roi. Electorum ad tributa describenda jurisdictio, curia, tribunal. C’est aussi le territoire dans lequel ils exercent cette jurisdiction. Le Siège de l’Election est en telle ville. La France est divisé en vingt-quatre Généralités, & chaque Généralité ; en plusieurs Elections. Il y a présentement dans le Royaume 181. Elections. L’Election de Paris contient 440 Paroisses. L’Election de Paris est composé d’un Président, d’un Lieutenant, d’un Assesseur & de deux Conseillers ou Elus. Un Pays d’Election, où les Elections sont établies, est opposé au Pays d’Etats. L’Appel de l’Election est relevé à la Cour des Aides. Voyez Élu.

Élection, en termes d’Ecriture-Sainte & de Théologie, Choix que Dieu fait par son bon plaisir, des Anges, des hommes, pour des desseins de grâce & de miséricorde. Electio. L’Election du peuple Juif est le choix que Dieu en a fait pour l’attacher particulièrement à son culte & à son service, & pour en faire naître le Messie. Election signifie aussi quelquefois prédestination à la grâce & à la gloire, quelquefois prédestination à la gloire seulement. Il est de foi que la prédestination à la grâce est gratuite, purement & simplement en tout sens ; gratia quia gratis data. Les Théologiens disputent si l’élection, ou prédestination à la gloire est gratuite, ou si elle suppose les mérites ; c’est-à-dire, si elle est devant ou après la prévision des mérites. Il y en a qui disent qu’elle est en même-temps devant & après : elle est devant la prévision de nos mérites, parce que la gloire nous est destinée avant nos mérites : elle est après, parce que cette gloire, que Dieu nous destine, ne nous est destinée que comme récompense, & par conséquent comme une suite de nos bonnes œuvres. L’élection de Dieu est gratuite, & dépendante de son bon plaisir.

On dit aussi, figurément, que Dieu a fait d’un pécheur un vaisseau d’élection ; pour dire, qu’il en a fait un grand Saint. C’est une phrase de l’Ecriture, phrase consacrée. Elle est prise des Actes des Apôtres IX. 15. où Dieu dit à Ananie, en parlant de saint Paul, C’est un vase d’élection pour porter mon nom ; car בלו, vaisseau, en Hébreu & dans le style de l’Ecriture, signifie instrument ; &, dans le même style, instrument d’élection est la même chose qu’instrument choisi.

On appelle, au Palais, élection de domicile, le lieu qu’on désigne en passant un contrat, ou en faisant faire un exploit, lieu dans lequel on demeure actuellement, ou tel autre lieu qu’on choisit, dans lequel une partie agrée qu’on fasse les significations que la partie adverse sera obligée de faire en exécution de ces actes. Les exploits de saisies ne valent rien, s’il n’y a une élection de domicile. Les contractans font souvent élection de domicile en la maison de leurs Procureurs.

Élection, se dit aussi d’une partie de la Pharmacie, qui enseigne la manière de bien choisir les médicamens, & de distinguer les bons d’avec les mauvais. Il y a une élection générale, qui donne des préceptes de tous les médicamens en général, & une particulière, qui en donne de chaque médicament en particulier.

ÉLECTORAL, ale. Qui concerne l’Electeur, qui se rapporte, qui convient a l’Electeur. Electoralis. Le Prince Electoral est le fils aîné d’un Electeur, & l’héritier présomptif, qui doit succéder à sa dignité. On traite L’Electeur d’Altesse Electorale. Le Collège Electoral, qui est composé de tous les Electeurs d’Allemagne, est le plus illustre, & le plus auguste Corps de l’Europe. Bellarmin & Baronius attribuent l’institution du Collège Electoral au Pape Grégoire V. & à l’Empereur Othon III. dans le Xe siècle. Presque tous les Historiens, & surtout les Canonistes, sont de ce sentiment. M. de Wicquefort le conteste, & prétend prouver par l’élection des Empereurs suivans, que le nombre des Electeurs n’étoit point fixe, & que la dignité Electorale n’étoit point annexée à certaines Principautés, à l’exclusion de tous les autres Princes d’Allemagne. Il soutient qu’avant Charles IV. il n’y avoit rien de réglé, & qu’il ne publia la Bulle d’or que pour prévenir les schismes & assurer le repos de l’Empire par un règlement formel & positif. La Bulle d’or donnée par Charles IV. en 1356. forma le Collège Electoral, & réduisit à sept le nombre des Electeurs. Le Roi de Bohème n’a séance & suffrage dans le Collège Electoral, que quand il s’agit de l’élection de l’Empereur.

ÉLECTORAT. s. m. Dignité d’Electeur, & aussi le territoire qu’il possède annexé à sa qualité. L’Electorat de Saxe, de Bavière. En 1692. l’Empereur a érigé de son autorité un neuvième Electorat en faveur de la Maison de Lunebourg. Cette élection est contestée par plusieurs Princes d’Allemagne qu’on appelle les Princes opposans au neuvième Electorat. Bien qu’en Allemagne les fils des Princes partagent ordinairement entre eux les terres de leurs pères, celles auxquelles l’Electorat est attaché ne se divisent point & passent toutes uniquement à l’aîné, qui succède à l’Electorat.

ÉLECTRE MINERAL, ou ELECTRUM MINERALE. Car on retient aussi le nom Latin dans notre langue. Terme de Médecine & de Chymie. Composé qui se fait avec l’étain, le cuivre ; quelques uns y ajoutent l’or & le double régule d’antimoine martial fondus ensemble ; il en résulte une masse métallique, à qui quelques Chymistes ont donné le nom d’electrum minerale. On prend cette masse, on la met en poudre, on la réduit par une longue détonation, en une espèce de scorie, dont la couleur tire sur le vert pâle ; on la pulvérise encore chaude, & on la met en digestion dans une certaine quantité d’esprit de vin ou de genièvre, à qui elle donne une teinture d’un rouge admirable. Burlet. Ac. d. Sc. 1700. Mém. p. 127.

ÉLECTRE. s. f. Nom de femme. Terme de Mythologie & d’Astronomie. Electra. Plusieurs femmes ou déesses ont porté ce nom. Electre, fille d’Atlas & de Pleïone, épousa Coritge Roi d’Italie : ensuite elle passa dans la Samothrace, & fut nommée par les habitans de ce pays Stategis & Electrione. C’est une des Pléiades. Hyginus, Poët. Astronomic. en par-