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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/80

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CUV — CYC

un vaisseau de plomb qui reçoit l’eau des toits qui coule le long des cheneaux qui sont autour des couvertures, d’où elle descend par les tuyaux de plomb qui sont le long des murs. Compluvium.

Il y a des cuvettes en entonnoirs, il y en a en hottes.

Cuvette, en Jardinage, est un vaisseau de plomb ou de cuivre, qui reçoit l’eau d’une source pour la distribuer ensuite à différens endroits.

CUVIER, se dit aussi des vaisseaux semblables pour tirer les sels lexiviels des terres. Dans cette salpêtrière il y a tant de cuviers, où l’on fait couler continuellement le salpêtre. Les tripières, les poissonnières sont ordinairement assises dans des cuviers.

☞ CUZISTAN. Voyez Kousistan.

CY.

CY. Voyez CI.

CYA.

CYANÉES. Petites isles, ou plutôt rochers du Bosphore de Thrace. Cyaneæ insulæ. Les isles Cyanées étoient si proches l’une de l’autre, que les Poëtes ont dit qu’elles étoient mouvantes, & qu’elles s’approchoient l’une de l’autre, parce qu’en les regardant d’un côté, elles paroissoient séparées, & qu’en s’éloignant un peu de l’autre côté, elles sembloient s’approcher & se joindre. Valerius Flaccus, dans ses Argonautes, les appelle tantôt Cyanées & tantôt Symplégades. Au reste, ne vous étonnez point si je ne vous marque point ici les isles Cyanées. Busbequius ne fut pas plus heureux que moi à les rencontrer, & si vous portez assez de respect aux Poëtes pour croire que ce qu’ils en disent est véritable, vous excuserez bien ces vagabonds, qui étoient allés se promener ailleurs. Du Loir, p. 74.

☞ CYATHE. s. m. Mesure Romaine qui contenoit autant de vin qu’on en pouvoit boire d’un seul trait. Cyathus. C’étoit un petit vase avec lequel on puisoit le vin dans un autre plus grand.

CYB.

CYBAR. s. m. & nom propre d’homme. Eparchius. Eparchius, que nous appelons S. Cybar, fils de Felix d’Oriol & de Principe, naquit à Perigueux de l’une des meilleurs familles de la ville. Baillet. Il fut réclus à Angoulême, & mourut en 581. Ce mot s’est formé du Latin Eparchius, ou plutôt de Saint & d’Eparchius, Saint Epar, Saint Par, Sypar, Cybar, par une étrange corruption.

CYBÉBÉ. s. f. & nom de Divinité. Cybebe, Cybebia. La Déesse Cybébé étoit la même que Cybèle, appelée Cybébé, Κυϐήϐη, Κυϐήϐα, Κυϐήϐις, de Κυϐήϐειν, tourner, remuer violemment la tête, parce que les Prêtres Gaulois de cette Déesse, la remuoient, & la tournoient ainsi dans leurs enthousiasmes & leurs cérémonies. Voyez Vossius, De Idol. L. II. c. 52.

CYBÈLE. s. f. Nom propre d’une Déesse Phrygienne. Cybèle. On l’appeloit encore la Grande Mere, Magna Mater, la Mere des Dieux, Mater Deorum ; Ops, Ops, Rhée, Rhea ; Vesta, Vesta ; la Mère Idéene, Idæa mater ; Dindymène, Dindimène, & Bérécynthe, Berecynthia. Cybèle étoit fille du Ciel & de la Terre, & femme de Saturne. On l’appela Cybèle, d’une montagne de Phrygie du même nom, Cybelus mons, au sentiment d’Hesychius ; & c’est, dit-on, parce qu’elle fut exposée sur cette montagne, & nourrie par des bêtes. Festus croit que ce mot vient de Κυϐιστεῖν τὴν κεφαλήν, ce qui signifie danser sur la tête ; en effet les Prêtres Gaulois de cette Déesse, faisoient de ces sortes de danses. D’autres disent que ce nom vient de Κύϐος, un cube, qu’il fut donné à Cybèle, parce que Cybèle étoit la Terre. Cependant elle étoit fille de la Terre ; mais il se pourroit faire que dans la fable on les eût souvent confondues ensemble, comme bien d’autres Divinités ; & certainement on les confondoit, puisqu’on l’appelle Ops ; car Ops étoit la Terre, dit Ciceron. On lui attribuoit l’invention du tambour, de la flûte & de la cymbale. Le Pin lui étoit consacré, parce que le jeune Athys qu’elle aimoit, fut métamorphosé sous cet arbre, ou qu’il se punit lui-même sous cet arbre de son infidélité à l’égard de cette déesse. C’est pour cela que dans les sacrifices qu’on lui faisoit tous les ans, & dont Prudence, dans l’hymne de S. Romain v. 196, & Firmicus, De errore prof. Relig. parlent, on coupoit un Pin, & on lioit au milieu la figure d’un jeune homme. Vers l’an 550. de Rome, sur un mot que l’on trouva dans les Sybilles, en y cherchant autre chose, & sur une réponse de l’Oracle de Delphe, les Romains demandoient au Roi Attalus la Mere Idéenne. Ce Prince leur fit donner une pierre que l’on conservoit à Pessinunte en Phrygie, & que les habitans disoient être la Mere des Dieux, on l’apporta a Rome avec beaucoup de cérémonie, & on la plaça dans le Temple de la Victoire qui étoit sur le mont Palatin. Tite Live raconte cet événement. L. XXIX. C. 10. 11. 14. Silius Italicus le décrit en vers dans son XVIIe. Livre. Strabon L. X. & Suétone dans Tibère, C. 2. en parlent aussi. Tous les ans les Préteurs lui faisoient un sacrifice d’une truie. Un Prêtre & une Prêtresse Phrygienne en étoient les Ministres. Habillés d’une robe de différentes couleurs à la manière de leur pays, ils portoient la statue de la Déesse en Procession dans les rues de Rome, frappant leur poitrine, jouant du tambour de basque, & demandant l’aumône à tous ceux qu’ils rencontroient. Voyez Rosin, Antiq. Rom. L. II. C. 4. & les augmentations de Dempster. Voss. De Idol. L. I. C. 20. L. II, C. 52. 53. 54. Les Prêtres de Cybèle s’appeloient Galles, Galli, leur Chef Archigalle, Archigallus. On lui consacroit le cœur des animaux, pour montrer qu’elle étoit la cause de leur génération, dit Phurnutus, ou parce que c’est le principe de la vie ou, comme dit Vossius, pour marquer qu’on se dévouoit à elle de tout son cœur.

Servius a cru que Cybèle avoir été appelée ainsi ἀπὸ Κυϐιστᾶν τὴν κεφαλήν, de ce que les Prêtres tournoient & agitoient violemment la tête dans ses sacrifices ; mais Strabon, dont Vossius préfère en cela l’autorité à celle de Servius, dit que ce nom lui fut donné de la montagne Cybelus en Phrygie. Etienne de Byzance, Festus, Suidas, & l’Etymologiste, sont du même sentiment.

CYBENDIS. Voyez Calcis.

CYBERNÉSIES. s. f. pl. Fêtes que Thésée institua en l’honneur de Nausithée & Pheax, qui faisoient l’office de Pilotes en son expédition de Crète. Du Grec κυβερνάω, je gouverne.

CYC.

CYCÉON. s. m. Κυκεών, de κυκάω, mêler. Les Latins rendent ce mot par cinnum. Le sentiment le plus commun est que le cycéon des Grecs étoit une composition faite de vin, de miel, de fine fleur de farine d’orge, d’eau, de fromage, & de la consistance de la bouillie. Il paroît qu’il y en avoit de deux espèces : l’une grossière, faite d’eau & de farine, l’autre plus fine & plus délicate, faite de vin, & de différentes espèces de farine, de fromage & quelquefois de miel. Les Grecs entendoient aussi par ce mot, toute boisson ou mélange composé d’ingrédiens de différente nature, selon le genre de la maladie & l’intention du Médecin. Voyez le Dict. de James.

☞ CYCINNIS. s. f. Nom d’une danse des Grecs, moitié grave, moitié gaie.

CYCLADES. C’est le nom ancien d’une des îles de l’Archipel, qui font une espèce de cercle au tour de Delos, ce qui leur fit donner ce nom. Κύκλος en Grec signifie cercle, & de là κυκλάς, κυκλάδος, cyclas, cycladis, un amas de plusieurs choses disposées en rond, en cercle. Bochard va plus loin, & veut que ce nom leur ait été donné par les Phéniciens, & qu’il vienne du Phénicien ; car, dit-il, Chanaan L. I. c. 14. גיגלא, Gigla, pour כלגא, signifie en Phéni-