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EST

niers tournois ; après quoi il les décria entièrement. En 1289 & 1290, sous Philippe le Bel, le bon denier sterlin n’étoit évalué qu’à quatre deniers tournois. En 1295. le marc de bons & loyaux sterlin est du poids de 13 sous 4 deniers. Ainsi les deniers esterlins d’Angleterre furent de même loi & de même poids pendant 137 ans, & ils valoient de notre monnoie courante environ 3 s. 7 deniers. Le Blanc. On trouve Esterlin, Escrellin, Sterling, ou Streling. Voyez Sterlin.

Esterlin. s. m. Sorte de poids ancien. Voy. Pelletier, Traité de la livre de St Benoît, et au mot Sterlin. Car c’est ainsi que nous disons et que nous écrivons aujourd’hui.

ESTERNIR. v. a. Donner un coup si violent, que la personne paroisse morte, & tombe sans mouvement sur la place ; il est tout-à-fait hors d’usage : au moins ne le trouve-t-on que dans le Dictionnaire de Nicot, qui le fait venir du Latin sternere.

ESTERNUER. Voyez ÉTERNUER.

ESTERNUMENT. Voyez ÉTERNUMENT.

ESTERP. Bourg de France avec Abbaye. Styrpum. Il est dans le Limousin, à huit lieues à l’occident de Limoges. L’Abbaye d’Esterp de l’Ordre de S. Augustin, fut fondée l’an 1090.

ESTERRE. s. m. On nomme ainsi sur les côtes de l’Amérique, des embouchures de rivières ou de petits ports, qui servent pour embarquer ou débarquer les marchandises des villes qui sont plus avant dans les terres.

ESTEVANONS. Monnoie de S. Etienne de Dijon. Il est parlé de ces Estevanons dans quelques actes rapportés par Penard dans son Recueil de Pièces pour l’Histoire de Bourgogne.

ESTEVAY. Petite ville de Suisse. Estevæa. Elle est capitale d’un Bailliage du canton de Fribourg. Estevay est situé sur le bord oriental du lac de Neufchastel.

ESTEVENANT. Vieux mot usité en Bourgogne. Sorte de monnoie de compte. C’est la même chose qu’Estevanon. Mais dans les titres de Franche-Comté je trouve toujours Estevenant. Lesdits Bourgeois doivent chascun an audit de Fontenoy, au Seigneur ou Dame dudit lieu à chascunes Pasques charnées, chascun trois sous estevenans… La pièce pour douze deniers estevenans par an… La pièce par an pour quatre deniers estevenans. Chartre de Thiébaut Seigneur de Neufchastel & de Fontenoi en Voges, & de Marguerite de Bourgogne sa femme, du 1 Octobre 1395.

ESTEUBLE. Voyez ÉTEUBLE.

ESTEUF. Voyez ÉTEUF.

ESTEUFFIER. Voyez ETEUFFIER.

ESTEULE. Voyez ÉTEULE.

ESTEVOIR. s. m. Vieux mot, qui se lit dans les Coutumes & dans quelques-uns de nos vieux Auteurs : on trouve aussi estouvoir & estouvier. ces mots signifient tous besoin, nécessité, ce qui est nécessaire dans un ménage.

ESTEZ. s. m. Vieux mot, qui s’est dit pour Ponts & fossés. Pontes, fossæ.

ESTHAMO, ESTHÉMO. Ville de la Terre-Sainte, située dans les montagnes de Juda. Jos. XV.50. Eusèbe dit que de son temps c’étoit un grand bourg au midi de la Tribu de Juda, au nord du village nommé Anem ; & qu’il étoit dans le territoire d’Eleuthéropolis. C’étoit une ville de refuge & Lévitique. Elle se trouve aussi nommée Isthemo, & dans Adrichomius, Istimon.

ESTHAOL, ou ESTAOL. Nom de lieu. Estaol. Ce fut d’abord une ville de la Tribu de Juda Jos. XV. 33. Ensuite elle fut donnée à celle de Dan, comme il paroît par Jos. XIX.41 & Liv. des Juges XIII.25. Eusébe la place entre Azote et Ascalon, à dix milles au nord d’Eleuthéropolis, sur le chemin de Nicopolis. Elle étoit située dans la plaine. Elle se nomme aujourd’hui Asto, dit le P. Lubin.

ESTHÉMOA. Ville de la Terre-Sainte, que quelques Géographes confondent avec Esthamo. M. Reland l’en distingue, & la place dans la Tribu de Juda, fondé sur Josué XXI. 14. où Josué rapporte les villes des Tribus de Juda & de Siméon qu’il donna aux Lévites & aux Prêtres. Ainsi l’on en conclut très-bien qu’elle n’est pas la même que l’Esthemo, qui étoit de la tribu de Dan ; mais on n’en peut pas conclure, comme fait M. Reland, qu’elle fût de celle de Juda. Peut-être étoit-elle de celle de Siméon. Esthémoa s’écrit en Hébreu, par ע, ain, à la fin, אסתמוע, au lieu qu’Esthemo s’écrit par un ה, he. Ce qui a trompé le P. Lubin, c’est qu’en Latin ces deux noms s’expriment de la même manière, Esthemo.

ESTHER. s. f. Nom de femme. Esther, Estera, æ. C’est une Juive, captive en Perse, ou dans la Susiane, & que sa beauté rendit digne du lit d’Assuérus & du trône de Suze. Esther délivra les Juifs ses compatriotes, de la mort à laquelle Assuérus les avoit condamnés par les conseils d’Aman son favori.

Le Livre d’Esther est un livre Canonique de l’Ecriture-Sainte, où l’histoire de cette Reine est racontée. Liber Esther. On l’appelle quelquefois simplement Esther. Il est dit dans Esther IX. 29. qu’Esther et Mardoché instituèrent la fête appelée Phurim, ou des sorts. On se sait pas sûrement quel est l’auteur du Livre d’Esther. S. Epiphane, S. Augustin & Isidore l’attribuent à Esdras. Eusébe le croit plus récent. D’autres croient qu’il est de Joachim, Grand-Prêtre des Juifs, & petit-fils de Josedeck. Quelques-uns veulent qu’il ait été fait par l’Assemblée de la Synagogue des Juifs, à laquelle les Lettres de Mardochée furent rendues. Esth. IX. 20. Mais le plus grand nombre des interprêtes Hébreux, Grecs, Latins, &c. le donnent à Mardochée. C’est le sentiment d’Elias Levira, Moss. hamum. Præs. 3. qui le donne pour constant. Ces Auteurs croient que cela est marqué dans le chap. IX. v.20. où il est dit, Mardochée écrivit donc tout ceci, & l’envoya aux Juifs après l’avoir écrit. Ils pensent encore qu’Esther y eut quelque part, parce qu’au même chapitre, v. 29. il est dit que la Reine Esther & le Juif Mardochée écrivirent encore une seconde lettre pour ordonner que l’on solennisât avec beaucoup de soin les jours des sorts, c’est-à-dire, auxquels on avoit tiré le sort pour condamner les Juifs à mort.

Quelques-uns disent que ce livre n’est que Deutérocanonique. D’autres croient qu’il est canonique jusqu’au Xe ch. v. 3. inclusivement, & que le reste n’est que Deutérocanonique. S. Jérôme, De Lyra, Denis le Chartreux, Hugues de Saint Cher & Cajetan ont même regardé ces additions comme apocryphes avant le Concile de Trente : depuis ce Concile, Sixte de Sienne est le seul parmi les Catholiques, qui ait suivi ce sentiment, avec tous le Protestans. Bellarmin les a très-bien réfutés dans ses controverses, L.I. De Verbo Dei, c.7. Voyez aussi Sanctius au commencement de ses Commentaires sur ce livre, Serarius, Proleg. C. VIII. q. 8. Marius, Proleg. Q. III. sect. 6. p. 29.

ESTHUIR. v. a. en usage chez nos Anciens, pour dire, Oter ou éviter. Ce mot se voit dans un titre de l’Abbaye de Saint Urbain du mois de Septembre 1358. Pour esthuir toute meue de plaitz qui est haineuse, c’est-à-dire, pour ôter tout sujet, toute occasion de plaider, ou pour éviter toute matière à procès qui engendre des haines.

ESTIENNE. Voy. ÉTIENNE.

ESTIENNETTE. Voyez ÉTIENNETTE.

ESTIEZ. s. m. Nom d’homme. C’est le même que S. Anastase de Perse, qui avant son baptême s’appeloit Magundat. Anastasius. C’est de ce nom que s’est formé Estiez. Voyez Chastelain, dans ses Notes sur le 22 de Janvier, & dans la Table de son Martyrologe, T. I.

ESTIFLET. s. m. Vieux mot, que M. le Roux a rangé dans son Dictionnaire comique sous le mot estiffet, qui a la même signification. Cela veut dire une bagatelle, un rien, pas la moindre chose. Quand,

dit