Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, IV.djvu/682

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On dit aussi, en parlant d’Architecture, qu’une corniche est gueuse, pour dire, qu’elle est trop dénuée d’ornements.

Dans l’Histoire, on a appelé Gueux les premiers Hollandais qui ont commencé à secouer le joug de la monarchie Espagnole, parce que Bréderode, et quelques autres Seigneurs se présentèrent en habits gris devant la Duchesse de Parme ; et du nom de Gueux que des courtisans leur avaient donné par raillerie, ils se firent un nom d’honneur, et après un grand repas signèrent leur union, sur laquelle ils firent frapper des médailles, où l’on voyait une besace soutenue de deux mains entrelacées, avec ce mot, fidèles jusqu’à la besace. Larrey dit que l’inscription fut Serviteurs du Roi jusqu’à la besace ; mais il se trompe. Voyez l’Histoire de Strada, et la Hollande métallique de l’Abbé Bizot, etc.

Gueux, euse. Est aussi un s. m. et f. qui signifie Mendiant, qui demande l’aumône. C’est un gueux guesant. Il mène une vie de gueux. On a fait un hôpital général pour y renfermer tous les gueux mendiants, les gueux de profession. On dit que ces sortes de gueux font une espèce de République, qu’ils ont un Roi, qu’ils appellent le grand Couaire ; et qu’ils tiennent des assemblées, qui sont comme leurs états, où ils règlent tout ce qui regarde leur République. Ils ont un langage particulier, qu’ils appellent l’argot. On en a fait un Dictionnaire. Les mots de ce jargon n’étant, ni de l’usage ordinaire, ni propres d’aucun Art, ou d’aucune science, ne se trouvent pas ici. On dit d’une femme de mauvaise vie, que c’est une gueuse. Ac. Fr.

On dit proverbialement, qu’un homme est gueux comme un rat d’Église, gueux comme un Peintre, pour dire qu’il est fort pauvre ; que c’est un gueux revêtu, quand de pauvre qu’il était il est devenu riche. C’est un gueux revêtu des dépouilles d’Horace. Boil. On appelle aussi un gueux fieffé, un gueux qui s’attache à quelque endroit certain, à quel coin d’Église pour y attendre l’aumône ; et gueux de l’ostière, celui qui va par les rues, et qui gueuse de porte en porte, qui vadit ad ostia.

On appelait autrefois Gueux de l’ostière, un gueux qui va fleureter les huis des maisons, dit Pasquier, Rech. L.VIII, C. 42, et ce mot venait du Latin Ganeo ostiarius.