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T

T Substantif masculin. Prononcez . Lettre consonne, la vingtième de l’Alphabet François. Il se prononce comme un c quand il est immédiatement suivi d’un i accompagné d’une voyelle : ainsi on prononce les mots qui se terminent en tion, comme si on écrivoit cion. Action, rédemption, prononcez action, rédempcion. Partial, prononcez parcial, &c. Il faut excepter de cette règle plusieurs mots qui se terminent en ie, comme partie, sortie, rotie, &c. Il en faut excepter aussi tien, tienne, châtier, métier, dentier, sentier, tiéde, bastion, mixtion, digestion, combustion, &c. Remarquez que le ti se prononce dur toutes les fois que le t est précédé d’une s ou d’une x, & c’est par une suite de cette règle qu’il se prononce tel dans châtier, métier, & autres semblables, car l’s qui a été supprimé dans ces mots, se prononçoit autrefois. On peut même étendre cette règle jusqu’à dire que ti se prononce dur quand il est précédé d’une consonne, comme dans sentier, dentier, portier ; mais on ne sauroit rendre la raison de la prononciation de la syllabe ti dans les mots, ratier, entretien, tien. A l’égard des mots, action, rédemption, partial, on doit les regarder comme des exceptions.

Le T est une des cinq consonnes que M. l’Abbé Dangeau appelle palâtales, & qui sont D, T. G, K. & N. Les quatre premières ont le même rapport entre elles, que les labiales B, P. & V, F. D a le même rapport à T, que B a à P, ou que V a à F. Pour prononcer un D, ou un T, il faut que le bout de la langue frappe contre la partie du palais qui approche les dents d’enhaut. Ceux qui n’ont pas dans langue la flexibilité qui lui est ordinaire, & qui lui est nécessaire, pour prononcer le G ou le K, prononcent le D, ou le T : & il y a plusieurs personnes à qui cela arrive, aussi bien qu’à la Grassayeuse de la Comédie ; au lieu qu’on ne trouve personne qui soit obligé à prononcer un G ou un K pour un D, ou pour un T. C’est qu’il faut plus de flexibilité dans la langue pour la première de ces prononciations, que pour la seconde. Dans l’Après-soupé des Auberges, l’Auteur introduit une Grassayeuse qui change tous les K en T. Ainsi elle dit Tour au lieu de Cour.

Le T du singulier, se change ordinairement en s au pluriel.

Les anciens Celtes changeoient souvent le D en T, & le T en D. Encore aujourd’hui les Allemans & nos Bretons, changent très-souvent le T en D. Ainsi en Latin ils disent ed pour et. Nous mettons aussi dans la prononciation un T à la place d’un D final. Le mot que nous écrivons froid, nous prononçons froit, quand nous faisons sentir la finale, ce qui est si vrai, que ceux qui veulent rimer aux oreilles, ne font nulle difficulté de faire rimer froid avec droit.

Le T est une lettre forte, devant laquelle une lettre foible ne se peut prononcer. C’est pour cela que quand on a voulu faire le supin de rego, le T du tum a changé le G, & le fortifiant en a fait un K, & on a dit rektum, comme au prétérit rexi, qu’on prononce comme s’il y avoit reksi, où vous voyez que le T du supin & l’S du prétérit ont fortifié le G qui les précède, & en ont fait un K. L’Abbé Dangeau.

Par les mêmes raisons le T change le B qui le précède en un P. Ainsi obtenir se prononce optenir.

☞ Le T devient quelquefois lettre euphonique. Lorsque le temps d’un verbe terminé par une voyelle, est suivi des mots il, elle, on, on met un t entre le verbe & le pronom, pour empêcher l’hiatus : & alors la lettre T se place entre deux tirets. Viendra-t-il ? Parlera-t-elle ? Joue-t-on ?


En notes de Musique le T signifie la Taille, & elle se trouve souvent ainsi marquée sur tout dans les basses continues.

☞ Quelquefois dans les parties de symphonie la lettre signifie tutti, tous. C’est l’opposé de solo.

Le T a été une marque dont parle l’Apocalypse, & une espèce de croix tronquée que portent sur leurs habits les Religieux de Saint Antoine. Voyez Croix & Tau. Car dans ces deux occasions il faut dire tau comme les Grecs, & non pas té comme nous. T, étoit aussi chez les Anciens une lettre numérale qui signifioit 160, suivant ce vers :

T quoque centenos & sexaginta tenebit.

Si on met un titre au-dessus, ainsi T, elle signifiera 160 mille. Quand les Tribuns approuvoient les ordonnances du Sénat, ils y apposoient un T, pour marque de leur consentement.

T. Cette lettre est le caractère dont on distingue la monnoie fabriquée à Nantes.

T. Le T en termes de Chirurgie, est une espéce de bandage dont on se sert pour soûtenir l’appareil de la taille, de la fistule à l’anus, des plaies, des abscès & des ulcères aux fesses & au périnée.

☞ On le dit aussi en termes de Mines d’une figure qui approche de celle du t par la disposition & l’arrangement des fourneaux & des chambres qui sont sous l’ouvrage qu’on veut faire sauter.

T A.

TA. Pronom possessif féminin de la seconde personne. Tuus, tua, tuum. Ta raison, ta femme. Il a ton au masculin. Ton mari, ton père. On met ton aussi au féminin, quand le mot suivant commence par une voyelle, Ton inclination, ton épée, ton ame, ton opposition, ton usage ; ou par une h qui ne s’aspire pas, ton honnêteté. Quand l’h aspire, on retient ta, Ta harangue, ta hauteur.

Ta, Ta, Ta. Mots burlesques & imaginés pour signifier qu’on dit, ou qu’on fait une chose trop vîte. Ta, ta, ta. Voilà bien instruire une affaire. Rac.

TA, s. m. Nom propre d’une grande rivière de la Chine. Ta. Elle a sa source dans la Province de Junan, traverse celle de Queicheu, de Quangsi & de Quantung, & se décharge dans la mer à Quangcheu, vis-à-vis de l’île de Macao. On prend le Ta pour l’ancienne Aspithra. Maty.

☞ TA. Ville de la Chine, dans la province de Suchuen, au département de Queicheu, de 9 deg. 18′ plus occidentale que Péking, sous le 31 d. 31′ de latitude septentrionale.

TAA.

TAATA, s. f. Ville de la Haute Hongrie, près du Nil, à la gauche, entre Girgé & Gardousse.

TAAUT, TAAUTES, TAAUTUS. s. m. Nom propre d’un Dieu des Égyptiens & autres peuples. Taautes. Ce que nous savons de ce Dieu nous vient de Sanchoniaton, par Eusèbe. Il dit, dans sa Préparation Évangélique, qu’il étoit fils de Misor, c’est-à-dire, de Mitsraïm, fils de Cham, à qui l’Égypte échut en partage. C’étoit le Mercure des Égyptiens ; ils l’appelloient Thooth ou Thoyth. Ceux d’Alexandrie l’appelloient Thod, & les Grecs Hermès. Il y avoit deux livres sous son nom, l’un qui contenoit l’histoire des anciens Rois d’Égypte, qu’on avoit élevés à la divinité ; & l’autre, touchant l’origine du Monde. Eusèbe ajoute qu’il étoit Phénicien, & le premier des Dieux. Vossius prétend que son nom Égyptien


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