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1897
1898
BOURREAU

parmi les chefs ennemis qui pénétrèrent dans la ville, quand les Chaldéens s’en emparèrent. Jer., xxxix, 3. Mais Nabuchodonosor l’envoya ensuite à Jérusalem pour exécuter sa sentence de destruction, brûler le temple, les palais, les principales habitations, et amener les captifs à Babylone. Il agit bien ici en exécuteur des arrêts de la justice royale. IV Reg., xxv, 8-10 ; Jer., xxxix, 9 ; XL, 1 ; xliii, 6 ; lii, 12. Ce chef des exécuteurs dans les cours égyptiennes et assyriennes répond au Nasakshi-baschi des Persans, et au Kapidschi-pacha des Turcs.


593. — Guerrier assyrien. Palais du sud-est à Nimroud.
D’après une photographie.

II. Nouveau Testament. — 1. Sous la domination romaine, les Juifs n’avaient plus le droit de condamner à mort. Joa., xviii, 31. Dans des moments de tumulte, ils se l’arrogeaient cependant, et c’est ainsi qu’ils lapidèrent saint Etienne, qu’ils traitèrent comme blasphémateur. Selon la prescription mosaïque, les témoins lui jetèrent les premières pierres. Act. vii, 57-58. Cf. Joa., viii, 7. — 2. Les rois de la famille d’Hérode, qui étaient reconnus par l’empereur, avaient gardé le droit de vie et de mort, et ils faisaient exécuter leurs sentences par leurs gardes du corps. C’est ainsi que le tétrarque Hérode Antipas fit trancher par l’un d’eux, σπεκουλάτωρ, Marc, vi, 27, la tête de Jean Baptiste dans sa prison. Le mot σπεκουλάτωρ est le nom latin speculator grécisé. Les speculatores formaient, sous l’empire, une garde du corps accompagnant les empereurs, marchant devant eux. Tacite, Hist., i, 24, 25 ; II, 11 ; Suétone, Caligula, 44 ; Claud., 35 ; Oct., 74, etc. Un de ces soldats est représenté sur la colonne Antonine, la lance à la main, montant la garde devant là tente de l’empereur (fig. 594) Ils étaient les exécuteurs des sentences portées par le prince. Sénèque, De Ira, I, 4, 16, 18 ; De Benefic. iii, 25 ; Jul. Firmicus, viii, 26. C’est à cause de la similitude des fonctions que saint Marc le prend dans le sens de garde du corps et d’exécuteur des sentences d’Hérode. Ce n’est donc pas un vrai speculator. Le mot סכלטור, sepiqlâtôr et sepûqlâtor, était passé dans la langue chaldéenne et rabbinique avec le sens de « bourreau ». Lightfoot, Horæ hebraicæ, Opera, Utrecht, 1699, t. ii, p. 444. « Le sepiqlâtôr exécute ceux qui ont été condamnés à mort par le roi. » Gloss. ad Tanchum., P> 72 b. Le Targum de Jonathan rend « le chef des exécuteurs », šar hattabbâḥîm, Gen., xxxvii, 36, par רב סכוקלטוריא, « chef des speculatores. » J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. Fischer, p. 767.

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694. — Speculator devant la tente de l’empereur. D’après Bartoli, Columna Çochlis, 1704, pl. 55. D’après une photographie.

— 3. Sur quelques points, en particulier la torture, les coutumes romaines s’étaient introduites plus ou moins en Judée, La parabole du roi qui entre en compte avec ses serviteurs fait allusion aux bourreaux ou tortionnaires, βασανισται, qui par des tourments cherchaient à tirer du débiteur ou de la pitié de ses proches le payement de sa dette. Matth., xviii, 34. La loi romaine permettait de le vendre comme esclave, de le charger de chaînes, de le mutiler. Tite Live, Histor., ii, 23. Grotius prétend que cette loi était abolie, et qu’il s’agit simplement des geôliers. Quoi qu’il en soit du droit romain, en Orient les mœurs ne s’étaient pas adoucies sur ce point. Trench, Notes on the Parables, in-8°, Londres, 1874, p. 160. — 4. Quant aux bourreaux qui flagellèrent et crucifièrent Jésus-Christ, les évangélistes les appellent στρατιώται, milites. Matth., xxvii, 27 ; xxviii, 12 ; Marc, xv, 16 ; Luc, xxiii, 36 ; Joa., XIX, 2, 23, 24, 32, 34. Ils faisaient partie d’une même cohorte, σπεῖρα, cohors, Matth., xxvii, 27 ; Marc, xv, 16. Un centurion, ἑκατόνταρχος, centurio, Matth., xxvii, 54 ; Luc, xxiii, 47, figure parmi ceux qui furent chargés d’exécuter la sentence. Ed. Le Blant, Recherches sur les bourreaux du Christ et sur les agents chargés des exécutions capitales chez les Romains, dans Mémoires de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, t. xxvi, part, ii, p. 127-150, prétend que ces milites ne sont pas véritablement des soldats, mais des apparitores, ou agents spécialement attachés au ser-