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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/170

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ADAR — ADARÉZER

XV, 28 ; et l’on a remarqué que presque toutes les localités dont la dénomination comprend cet élément se trouvent dans le désert ou sur les confins du désert. Adar ou Haseraddar était dans le même cas. Quant à la transcription des Septante, elle est facile à expliquer par la confusion entre le daleth, ד, et le resch, ר, adar = arad ; en outre, le Σ de Σάραϐα n’est, croyons-nous, que la dernière lettre de la préposition εἰς qui précède, lettre répétée par erreur de copiste.

Adar est citée entre Cadesbarné et Asémona, Num., xxxiv, 4 ; Josué, plus précis encore, la place entre deux localités intermédiaires, Esron et Carcaa, xv, 3. Eusèbe ne fait qu’indiquer sa situation « dans la tribu de Juda, auprès du désert », Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 219 ; de même saint Jérôme, Liber de situ et nominibus loc. heb., t. xxiii, col. 870. L’emplacement certain n’ayant pas été retrouvé, la détermination approximative dépend nécessairement de l’opinion qu’on adopte pour le site de Cadesbarné. Si l’on doit réellement, comme le prétendent plusieurs auteurs modernes, identifier cette dernière ville avec Aïn Qadis (voir Cadès), il faut alors chercher Adar au nord-ouest, à partir de ce point jusqu'à l’embouchure du « Torrent d’Égypte » ou Ouadi el-Arîsch, limite de la Terre Sainte au sud-ouest. Num., xxxiv, 5 ; Jos., xv, 4. Si Esron, suivant la supposition de Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 257, se trouvait auprès du Djebel Hadhiréh, Adar serait un peu plus au nord, et directement à l’ouest, entre ce point et la Méditerranée.

A. Legendre.

2. ADAR, douzième mois de l'année juive. Il était de vingt-neuf jours, et correspondait à la dernière partie de notre mois de février et au commencement de mars. Le nom de ce mois est babylonien et n’apparaît dans la Bible qu’après la captivité. Il a été conservé dans la Vulgate, I Esd., vi, 15 ; Esther, iii, 7, 13 ; viii, 12 ; ix, 1, 15, 17, 19, 21 ; x, 13 ; xiii, 6 ; xvi, 20 ; I Mach., vii, 43, 49 ; II Mach., xv, 37. À partir de l'époque des Machabées, les Juifs célébrèrent ous les ans, le 13 Adar, l’anniversaire de la victoire remportée par Judas sur Nicanor. I Mach., vii, 49 ; II Mach., xv, 37. — Outre le mois d’Adar, les Juifs avaient un treizième mois, appelé Ve-adar, ou Adar additionnel ; i se plaçait entre Adar et Nisan, tous les trois ans environ, pour faire concorder l’année lunaire, qui est trop courte de onze jours, avec l’année solaire. Ve-adar comptait vingt-neuf jours. Il n’est jamais mentionné dans l'Écriture. Voir Mois.

4. ADAR, dieu chaldéen. Voir Adramélech 1.

ADARÉZER (hébreu : Hâdar'ézér, II Reg., x, 16, 19 ; I Par., xviii, xix, passim, et Hâdad'ézér, II Reg., viii, passim, « dont le secours est Hâdad » [dieu des Syriens] ; Septante : Ἀδρααζάρ), roi de Soba, contrée syrienne dont la situation n’est pas exactement déterminée. Voir Soba. Ambitieux et avide de conquêtes, ce prince se préparait à attaquer les rois ses voisins ; profitant même de l’abaissement de la puissance assyrienne, voir G. Smith, Ancient History from the monuments, Assyria, p. 34, il rêvait de porter ses armes jusqu'à l’Euphrate, quand David fondit sur lui, comme il venait de fondre sur les Philistins et les Moabites, lui prit dix-sept cents cavaliers (sept mille d’après I Par., xviii, 4), vingt mille hommes de pied, mille chars, et coupa les nerfs des jarrets à tous les chevaux des chars, se réservant seulement cent attelages. H Reg., viii, 4 ; cf. I Par., xviii, 4. Cette défaite alarma les voisins d’Adarézer, et particulièrement les habitants du principal royaume araméen, celui de Damas, qui envoyèrent des troupes au secours du vaincu. Mais David avait Jéhovah pour lui : il tua vingt-deux mille de ces nouveaux ennemis, et occupa militairement toute la Syrie, lui imposant un lourd tribut. II Reg., viii, 5-6. Par la piété de David, Jérusalem, ou plutôt le sanctuaire, s’enrichit des armes (hébreu : šiletê hazzâhâb, « boucliers d’or, » I Par., xviii, 7 ; Septante : τοὺς κλοιοὺς τοὺς χρυσοῦς, « colliers d’or ; » Vulgate : pharetras aureas, « carquois d’or » ) que portaient les principaux officiers d’Adarézer. II Reg., viii, 7. D’après les Septante, ces boucliers d’or, souvenir de la défaite d’Adarézer, auraient été transportés en Égypte par le roi Sésac : Kαὶ ἔλαϐεν αὐτὰ Σουσακὶμ βασιλεὺς Αἰγύπτου, ἐν τῷ ἀναϐῆναι αὐτὸν εἰς Ἱερουσαλὴμ ἐν ἡμέραις Ροϐοὰμ υἱοῦ Σαλομῶντος. II Reg., viii, 7. Ce passage est manifestement une interpolation et aussi une erreur, puisque les boucliers emportés par Sésac avaient été faits sur l’ordre de Salomon pour sa garde royale. III Reg., x, 16 ; cf. xiv, 25-28. D’ailleurs David, en consacrant ces armes d’or à Jéhovah, les avait fait entrer dans le trésor qu’il avait formé en vue de la construction du temple. II Reg., viii, 11 ; cf. I Par., xviii, 11. Salomon s’en était servi pour la décoration de l'édifice sacré. I Par., xxii, 14-16. Une grande quantité d’airain enlevé aussi par David des villes royales de Beté et de Béroth (appelée dans Josèphe Mάχον, Ant. jud., VII, vi), appartenant à Adarézer, fut de même porté au sanctuaire, et y servit plus tard à la fabrication de la mer d’airain, des colonnes et des vases de même métal au service du temple. I Par., xviii, 8. La défaite d’Adarézer fut un sujet de joie pour ceux de ses voisins qu’inquiétaient à juste titre ses projets ambitieux, et en particulier pour le roi d'Émath, qui envoya ses félicitations à David vainqueur. II Reg., viii, 9, 10.

L’expédition de David contre Adarézer racontée dans II Reg., x, 6-19, et dans I Par., xix, 6-19, est-elle la même que la précédente, avec quelques variantes et de nouveaux détails ? Beaucoup l’affirment : Clair, Les livres des Rois, p. 50 ; Fillion, La Sainte Bible commentée, t. ii, p. 365, et donnent pour raison que la guerre dont il est parlé II Reg., viii, et I Par., xviii, se termine par une victoire de David si complète sur les Syriens, qu’une reprise d’hostilités de leur part était impossible. Mais il est plus naturel de s’en tenir à la division du texte et d’admettre une double guerre. Tandis que l’assimilation de ces deux récits fait surgir de nombreuses difficultés, à cause de la divergence des nombres et des circonstances, la double expédition les écarte toutes. Les monuments assyriens nous apprennent d’ailleurs qu’il était bien rare qu’un peuple battu et dépouillé de ses richesses, spécialement en Syrie, ne secouât le joug bientôt après.

On peut vraisemblablement supposer qu’après sa première défaite, Adarézer, sans perdre de temps, reforma son armée et fut bientôt prêt à secourir les Ammonites, lorsque ceux-ci, se voyant sur le point d'être châtiés de l’affront qu’ils avaient fait à David, achetèrent l’appui des rois syriens, et en particulier du roi de Soba, le plus puissant d’entre eux. II Reg., x, 4-6. Ce fut dans la plaine de Madaba qu’eut lieu le rendez - vous des alliés et leur rencontre avec l’armée des Hébreux. II Reg., x, 8-13 ; cf. I Par., xix, 7. Ils s'étaient divisés en deux corps de troupes, le premier composé des Ammonites, le second formé des Syriens de Rohob, d’Istob ou Tob, de Maacha, et enfin des puissants contingents d’Adarézer, II Reg., x, 6-8, disposés de manière à attaquer simultanément les Hébreux de front et par derrière. Mais Joab, que David avait mis à la tête de son armée, comprit le piège, et, opposant aux Ammonites un corps de troupes commandé par son frère Abisaï, il se lança lui-même avec ses bataillons sur les Syriens, moins ardents pour le combat, puisqu’ils n’y étaient qu'à titre de mercenaires. Tous et avec eux Adarézer furent battus, et ils n'échappèrent à un écrasement total que grâce à une fuite rapide. Les Syriens de Rohob, d’Istob et de Maacha se résignèrent à leur défaite. Pour Adarézer, le fier roi de Soba, naguère vainqueur du puissant roi d’Assyrie, il ne put dévorer cet affront ; mais, décidé à reprendre l’offensive, il envoya à la hâte ses officiers faire des levées en masse dans les régions au delà de l’Euphrate, alors soumises à sa puissance. II Reg., x, 16.