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ADORATION — ADRAMÉLECH

vient de ce que les Grecs et les Romains, dans l’acte de l’adoration, portaient la main droite à la bouche, tout en se prosternant devant celui qui était l’objet de l’adoration ; d’après d’autres auteurs, cela viendrait de ce que, quand la prosternation était complète, l’adorateur baisait ou était censé baiser la terre devant celui qu’il adorait.

Tel est le sens à la fois étymologique et historique des mots adorer, adoration. Signalons brièvement quelques sens dérivés qui se rencontrent dans la Sainte Écriture : 1° Le verbe adorer, hišṭaḥavâh, signifie quelquefois, dans la Bible, l’adoration du vrai Dieu, sans aucune prosternation du corps. Ainsi, III Reg., i, 47, « David adora Dieu dans son lit ; » ce qui est dit aussi de Jacob, au moment de sa mort, d’après quelques interprètes. Rosenmüller, In Gen. xlvii, 31. — 2° Dans la Vulgate, le mot adorer, adorare, signifie quelquefois « prier » ; par exemple, Ps. lxxi (héb. lxxii), 15 : « Ils prieront sans cesse pour lui, » adorabunt de ipso semper, comme on le voit par le verbe hébraïque pâlal (à l’hithpahel) et le grec προσκυνεῖν que la Vulgate a traduits par adorare, et qui signifient prier. Le mot adorare, dans les auteurs profanes, a quelquefois le sens de « prier ». Voir Forcellini, Totius latinitatis lexicon, v° adorare. Remarquons l’analogie entre adorare et orare, « prier ; » du reste, dans le culte de Dieu, l’adoration est ordinairement le prélude de la prière. — 3° Le mot adorare signifie quelquefois « offrir à Dieu des sacrifices », par exemple, Joa., iv, 20 : « Jérusalem est le lieu où il faut adorer, προσκυνεῖν ; évidemment il ne s’agit pas ici de cette adoration ou prosternation du corps, qu’on pouvait faire en tout lieu devant Jéhovah ; mais de l’acte principal dans du culte de Dieu, qui est le sacrifice, qu’on ne pouvait offrir que dans le temple de Jérusalem.

S. Many.


38. — Le dieu chaldéen Šamšou.


ADRAMÉLECH, hébreu : ʾAdrammélék ; Septante : Ἀδραμέλεχ ; textes cunéiformes : Adar-malik ou Adrumalku.

1. ADRAMÉLECH, idole dont les Sépharvaïtes, IV Reg., xvii, 29-41, introduisirent et perpétuèrent le culte dans la Samarie, où les avait transplantés Sargon, roi d’Assyrie, après la destruction du royaume d’Israël et la prise de sa capitale. Les anciens et les rabbins disent qu’on représentait cette idole sous la forme d’un mulet, mais sans ombre de raison. Ce qui est certain, c’est qu’on lui offrait des enfants en holocauste. Ces sacrifices semblent se rapporter à une divinité solaire, car ils rappellent ceux que l’on offrait en Chanaan, en Phénicie et à Carthage, à Baal-Moloch. Voir Moloch.

Dès la plus haute antiquité, en effet, et déjà au temps de Sargon d’Achad, c’est-à-dire vers l’an 3800 avant J.-C., suivant les chroniques babyloniennes, la ville de Sippar, la Sépharvaïm biblique, patrie de ces néo-Samaritains, adorait le soleil ; l’un des deux quartiers de cette ville lui était même particulièrement consacré, tandis que l’autre l'était à la déesse Anounitou : Sippar ša Šamaš Sippar ša Anunitu, « la Sippar du soleil et la Sippar d’Anounitou. » Western Asiatic Inscriptions, t. ii, pl. 65, 1. 18, 196. Dans l’idiome sémitique de la Mésopotamie, le soleil se nommait šamšu, ce qui rappelle l’hébreu šéméš ; mais bien des indices semblent suggérer comme autre appellation