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AMMON (PAYS) — AMMON (CHR. FR. VON)

ou citadelle ; au-dessous s'étendait la ville basse avec un groupe de beaux monuments, théâtre, odéon, temples, voie triomphale, etc., témoins de son importance surtout aux époques grecque et romaine. Voir Rabbath-Ammon. Les souvenirs de la civilisation primitive sont représentés par les monuments mégalithiques. Très nombreux à l’est de la mer Morte, dans le pays de Moab (en 1881, on en comptait plus de 700), ils abondent dans les environs d’Amman. Cf. Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1890, feuille 11. Dolmens, menhirs, cercles ou amas de pierres couronnent, pour ainsi dire, le sommet de chaque colline, destinés à rappeler les âges préhistoriques. Un des plus beaux spécimens de cromlechs se trouve au près d’Amman : le bloc supérieur n’a pas moins de quatre mètres de long sur trois de large (fig. 120). Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly statement, 1882, p. 76, gravure, p. 65. Un certain nombre d’anciens tombeaux, creusés dans le roc, rappellent, par leurs dispositions, ceux des Juifs et des Phéniciens. Cf. C. R. Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 156-177, et Palestine Exploration Fund, 1882, p. 69, 99-109.

Les Ammonites n’eurent pas de possessions à l’ouest du Jourdain. À l'époque troublée des Juges, on les voit bien deux fois passer le fleuve : la première, comme alliés des Moabites et des Amalécites, pour « frapper Israël et s’emparer de la ville des palmes » ou Jéricho, Jud., iii, 13 ;

la seconde, « pour dévaster Juda, Benjamin et Ephraïm ; » Jud., x, 9 ; mais ce ne furent que des incursions et déprédations passagères. Peut-être cependant pourrait-on trouver quelque trace de leur séjour dans le nom d’une localité appartenant à la tribu de Benjamin et appelée en hébreu : Kefar hâ'ammôni, « le village ammonite, » Vulgate : Villa Emona. Jos., xviii, 24.

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120. — Cromlech des environs d’Amman.


5. AMMON (Christoph Friedrich von), théologien protestant rationaliste, né à Bayreuth, le 16 janvier 1766, mort à Dresde, le 21 mai 1849. Il fit ses études à Erlangen, et y devint, en 1789, professeur extraordinaire de philosophie ; en 1790, professeur extraordinaire de théologie ; en 1792, quatrième professeur ordinaire et second prédicateur de l’université. En 1794, il alla à Gœttingue comme professeur de théologie, premier prédicateur et directeur du séminaire théologique. Il fut rappelé à Erlangen, en 1804, où il eut le titre de surintendant et de conseiller consistorial d’Anspach. Il s'était acquis une grande réputation d'éloquence, et, en 1813, il fut choisi pour succéder à Reinhard, à Dresde, comme prédicateur de la cour (Oberhofprediger). Il fut en même temps conseiller consistorial supérieur (Oberkonsistorialrath). En 1831, il devint membre du conseil d'État de Saxe et du ministère des cultes et de l’instruction publique, et, plus tard, vice-président du consistoire de Saxe (Landeskonsistorium). Il joua un rôle important dans les affaires de l'Église protestante de ce pays. Il résigna toutes ses fonctions en 1849, et mourut la même année, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.

Ammon a exercé une grande influence en Allemagne ; il a été un des chefs de l'école rationaliste de ce pays, un écrivain fécond et érudit, versé dans la connaissance de la littérature orientale, rabbinique, grecque et latine, ancienne et moderne, mais sans profondeur. Ses derniers ouvrages surtout sont très superficiels. Le premier que nous avons à mentionner est son Entwurf einer rein biblischen Théologie, 1re édit., Erlangen, 1792 ; 2e édit., 3 in-8°, 1801-1802. Ce n’est guère qu’un recueil de matériaux, la collection de ce qu’on appelle les dicta probantia, c’est-à-dire des textes qu’on cite pour établir les dogmes chrétiens ; mais l’auteur essaye d’expliquer pour la première fois ces textes dans un sens rationaliste, ce qui a fait de son ouvrage comme le manuel du rationalisme historique et critique. Son critérium est « le sain bon sens ». La révélation est pour lui soumise complètement à la raison, et c’est cette faculté qui nous manifeste ce que Dieu demande de nous. Cf. son Vom Ursprung