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AMOMUM — AMORRHÉENS


grappe d’amomum est employée ; c’est le produit d’une vigne indienne sauvage ; d’autres ont pensé qu’elle provenait d’un arbrisseau semblable au myrte, de la hauteur d’une palme. On l’arrache avec la racine, on en forme des bottes avec précaution, car il est fragile tout d’abord. On estime surtout celui qui a les feuilles semblables à celles du grenadier, sans rides, et d’une couleur rousse. Au second rang est celui qui est pâle. L’amomum qui ressemble à de l’herbe vaut moins, et le moins bon de tous est le blanc, couleur qu’il prend aussi en vieillissant… Il naît aussi dans la partie de l’Arménie qu’on nomme Otène, dans la Médie et dans le Pont. » Pline, H. N., xii, 13 (28), traduct. Littré, 1848, 1. 1, p. 482-483. L’amomum assyrien paraît avoir joui particulièrement d’une grande réputation. Virgile, Eclog., iv, 25, édit. Lemaire, t. i, p. 131. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, ii, 3, édit. Didot, t. i, p. 770. On se servait de cette huile aromatique pour parfumer les cheveux :

Si sapis, Assyrio semper tibi crinis amomo Splendeat, et cingant florea serta caput,

dit Martial, Epigr., vii, 77, édit. Lemaire, t. ii, p. 364. Voir aussi Ovide, Heroid., xxi, 166, édit. Lemaire, t. i, p. 391 ; Silius Italicus, XI, 402, édit. Lemaire, t. i, p. 672.

F. Vigouroux. AMON, hébreu : 'Amôn, « architecte ou nourrisson [?] ; » Septante : 'Ap<£c, 'A|i<Av.

1. AMON (Septante : 'Ajuaç), quatorzième roi de Juda, fils de Manassès et de Messalémeth, succéda à son père à l'âge de vingt-deux ans. IV Reg., xxi, 18-19 ; II Par., xxxin, 21. Le nom d’Amon ne se rencontre que dans ces deux passages. Manassès, adonné à l’idolâtrie, avait-il appelé ainsi son fils par respect pour la grande idole des Égyptiens, Nah., iii, 8, ou pour plaire au roi d’Egypte ? Cela peut être, mais rien ne le prouve ; car le nom 'Amôn a une forme vraiment hébraïque, dont la signification est exactement déterminée {'àmôa, « constructeur, architecte » ). Héritier de l’impiété de son père, Amon se livra comme lui à l’idolâtrie, et servit « toutes les immondices qu’avait servies son père, et les adora ». IV Reg., XXI, 21. Il le dépassa même en irréligion. II Par., xxxiii, 23. Après deux ans d’un règne sans gloire et rempli de ces iniquités (642-641), il tomba victime d’une odieuse machination, et fut assassiné à l'âge de vingt-quatre ans, dans son palais, par ses propres serviteurs. IV Reg., xxi, 23 ;

II Par., xxxiii, 24. Cet attentat souleva l’indignation publique, et le peuple fit justice des meurtriers. Pour Amon, il fut enseveli, comme Manassès, dans le jardin d’Oza, IV Reg., XXI, 26, qui entourait la maison de plaisance qu’il possédait hors de la ville, dans une situation inconnue. IV Reg., xxi, 18. Il eut pour successeur son fils Josias. P. Renard.

2. AMON, gouverneur de Samarie au temps d’Achab.

III Reg., xxii, 26 ; II Par., xviii, 25. Il reçut du roi l’ordre de garder dans une dure prison le prophète Michée.

3. AMON, Chananéen. II Esdr., vii, 59. Il est appelé Ami, I Esdr., ii, 57. Voir Ami.

    1. AMONA##

AMONA (hébreu : Hâmôndh ; Septante : IIoWvSpiov). Ce mot signifie « multitude ». Ezéchiel, xxxix, 16, appelle ainsi la ville située dans la vallée de Hamon-Gog (hébreu : Gê' Hâmôn Gôg ; Septante : Tai tô noXuâvôpiov toO Tiôy ; Vulgate : Vallis multitudinis Gog, Ezech., xxxix, ii, 15), où seront ensevelies les troupes innombrables de Gog après leur défaite. Cette vallée était, d’après le ꝟ. 11, « la vallée des voyageurs, à l’est de la mer. » La mer n’est pas désignée d’une manière précise : c’est la mer Méditerranée, d’après Calmet et Hengstenberg ; la « vallée des voyageurs » est la plaine de Mageddo, qui était la grande route commerciale de la Palestine et le champ de bataille

où de tout temps se sont livrés des combats importants, depuis les Égyptiens et les Assyriens jusqu'à Napoléon I er ; la cité d’Amona est la ville de Mageddo, qui fut appelée plus tard par les Romains Legio (aujourd’hui el-Ledjoun), nom presque synonyme d’Amona, « multitude. » On objecte contre cette explication que la mer dont parle le prophète ne saurait être la Méditerranée, parce que, dans ce cas, les mots « à l’est de la mer s n’auraient aucun sens, puisque toutes les vallées de la Palestine étaient à l’est de la Méditerranée.

Le Targum et un certain nombre de commentateurs pensent que la mer dont il est ici question est celle de Génésareth, c’est-à-dire le lac de Tibériade, que les Hébreux désignaient sous le nom de mer. Beaucoup de modernes croient qu’il s’agit de la mer Morte, et que les mots : « la vallée des voyageurs, » indiquent la grande route commerciale de Damas à la péninsule de l’Arabie, correspondant probablement à la route actuelle des pèlerins (Derb el-Hadj), allant de la même ville à la Mecque (voir la carte, col. 490). « La vallée où le carnage s’accomplit est au delà de la mer Morte, c’est-à-dire en un lieu profane, » dit M. Le Hir, Les trois grands prophètes, in-12, Paris, 1877, p. 347. D’après son explication, qui est celle d’un grand nombre d’autres interprètes, « tous ces noms, Amona, etc., sont symboliques. Les efforts que l’on a faits pour appliquer cette prophétie à la chute des Chaldéens (Ewald), de l’armée de Cambyse (dom Calmet) ou d’Antiochus Épiphane et de ses armées (Jahn), sont superflus et contredisent l’histoire, ou ne s’accordent pas avec le texte d'Ézéchiel. » Ibid. Il est plus probable, en effet, qu' Amona ne désigne pas une ville réelle, mais est un nom figuré de la nécropole où devaient être ensevelies les armées de Gog.

F. Vigouroux.

AMORAS ou AMÔRAÏM. Comme les Tannaïtes avaient pris la Bible pour base de leurs explications, et formé peu à peu le recueil appelé Mischna, ainsi les Amôraïm, « interprètes, » leurs successeurs, travaillèrent sur la Mischna, et de leurs commentaires, élaborés à Tibériade et dans les écoles de l’Iraq, résultèrent deux ouvrages parallèles, portant chacun le nom de Ghemara, « supplément » (de la Mischna) ou de Talmud : le Talmud de Jérusalem, œuvre des docteurs palestiniens, et celui de Babylone, œuvre des docteurs de l’Iraq. Sur les Amôraïm, voir Chiarini, Théorie du judaïsme, IIe partie. Le catalogue des principaux docteurs amôraïm qui parlent dans le Talmud esfdonné dans un autre ouvrage du même auteur : Le Talmud de Babylone traduit en langue française et complété par celui de Jérusalem et par d’autres monuments de l’antiquité judaïque, 2 vol. in-18, Leipzig, 1831. Au premier volume, p. 120-126, il en cite soixantedix-huit, qui pour la plupart ne sont connus que de nom. Un manuscrit hébreu de la Bibliothèque nationale, 187, 2°, 11, contient les noms des auteurs de la Mischna…, du Talmud de Jérusalem et du Talmud de Babylone. Sur quelques-uns des principaux Amôraïm, tels qu’Abba Aréka, R. Abina, R. Aschi, R. Chiya, on peut voir des détails spéciaux à l’article qui leur est consacré. Voir Bâcher, Die Agada der babylonischen Amoràer, in-8°, Strasbourg, 1878. E. Levesque.

1. AMORRHÉENS (hébreu : 'Émôrl ; toujours avec l’article et au singulier, hâ'émôri ; Septante : 'Afioppaîoi), tribu chananéenne, mentionnée la quatrième parmi les onze qu'énumère la table ethnographique, Gen., x, 16, et la plus importante de celles qui occupaient le pays avant l’arrivée des Israélites.

I. Nom. — Plusieurs auteurs, acceptant l'étymologie proposée par J. Simonis, Onomasticon, donnent à 'Émôrî le sens de « montagnard », d’un mot perdu 'Émôr, « élévation, mont, » et d’après la signification primitive d' 'âmar, « élever, » cf. Gesenius, Thésaurus linguæ héb-, p. 122 : c’est ainsi que le mot 'âmir, Is., xvii, 6, 9, est généralement traduit par cacumen, « sommet ; » les Sep-