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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/335

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ANANIE LE GRAND PRÊTRE — ANATHÉMATISER

fut connu surtout par ses immenses richesses et par son extrême gloutonnerie. Nommé grand prêtre en 48 par Hérode de Chalcis, il conserva probablement la charge jusqu’en l’an 59, époque à laquelle Agrippa II conféra le souverain pontificat à Ismaël, fils de Phabi. Cependant Josèphe rapporte qu’en 55, le grand prêtre Jonathan, fils de Hanan, fut assassiné par l’ordre du procurateur Claudius Félix. Ce Jonathan est-il appelé grand prêtre (ἀρχιερεύς), parce qu’il l’était au moment où il périt, ou bien parce qu’il l’avait été vers l’an 36 ? La réponse à cette question pourrait nous expliquer les paroles de saint Paul, Act., xxiii, 5, que nous discuterons plus loin.

En 52, le grand prêtre Ananie fut envoyé enchaîné à Rome, avec son fils Hanan et Jonathan, par le proconsul de Syrie, pour se justifier de la part qu’il avait prise dans un conflit entre les Juifs et les Samaritains. Ces derniers, soutenus par Cumanus, procurateur de Judée, et le tribun Celer, tous deux d’ailleurs compromis dans l’affaire, auraient gagné leur cause, si Agrippa II et Agrippine, femme de l’empereur, n’avaient obtenu de Claude qu’on fit une enquête, laquelle aboutit au triomphe d’Ananie et des Juifs.

En 53, le grand prêtre Ananie assista au conseil rassemblé par le tribun Claudius Lysias pour savoir de quoi était accusé saint Paul, qui venait d’être arrêté au milieu d’une émeute. Dès les premières paroles de l’Apôtre, Ananie ordonna de le frapper au visage. Saint Paul lui reproche vivement cet ordre illégal, et le traite de « muraille blanchie ». Cf. Matth., xxiii, 27. Les assistants lui faisant observer qu’il injuriait le grand prêtre, saint Paul répond qu’il ne savait pas qu’Ananie fût grand prêtre. Act., xxiii, 2-6.

Comment saint Paul a-t-il pu ignorer qu’Ananie était ou avait été grand prêtre ? — Rien n’indiquait à l’Apôtre la qualité d’Ananie. Il n’est pas dit que celui-ci présidât le Sanhédrin, fonction qui probablement d’ailleurs n’était pas réservée au grand prêtre ; en outre il ne portait pas un costume qui le distinguât des assistants. Et saint Paul, depuis sa conversion, ne faisait à Jérusalem que de rares et courts séjours ; ce n’était pas Ananie qui lui avait autrefois délivré ses lettres de créance pour aller rechercher les chrétiens de Damas, Act., ix, 1-2 ; les grands prêtres à cette époque se succédaient rapidement : tout autant de raisons qui expliquent la réponse de l’Apôtre. On a fait remarquer aussi qu’Ananie pouvait bien n’être plus en fonction à cette époque. La scène se passa à son retour de Rome, et il est possible que, destitué à cause des accusations portées contre lui, on ne l’ait pas rétabli dans ses fonctions. Josèphe ne mentionne la nomination d’aucun grand prêtre avant 59 ; mais la formule inusitée qu’il emploie (Ant. jud., XX, viii, 8) pour relater l’entrée en charge d’Ismaël, le grand prêtre nommé en 59, fait supposer l’intercalation d’un pontife entre Ananie et Ismaël. Les Actes des Apôtres appellent Ananie ἀρχιερεύς ; mais, comme on le verra à l’article Anne, ce terme ne désignait pas exclusivement le grand prêtre en fonction ; d’autres personnages le recevaient. Le texte dit même, Act., xxii, 30, qu’on avait rassemblé en conseil les ἀρχιερεύς et tout le Sanhédrin. Ananie pouvait donc être ἀρχιερεύς parce qu’il avait été grand prêtre, et être appelé de ce nom, sans que saint Paul, presque toujours absent de Jérusalem pendant le pontificat d’Ananie, sût qu’il avait droit à ce titre.

Au chapitre xxiv, 1, on retrouve le grand prêtre Ananie, descendant à Césarée avec des anciens pour accuser saint Paul auprès du procurateur Félix. Après discussion, l’affaire fut ajournée.

Quoiqu’il ne fût plus grand prêtre, Ananie, grâce à ses richesses et à ses partisans, à la faveur des procurateurs romains qu’il avait su gagner, exerçait dans Jérusalem une autorité despotique. Josèphe fait de ses violences et de ses iniquités un récit qui explique et confirme ce que racontent les Actes des Apôtres, xxiii, 2 ; Ant. jud., XX, ix, 2. Ananie fut assassiné par les sioaires, comme ami des Romains, au commencement de la révolte des Juifs, en 66 ou 67. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 2 ; vi, 2 ; ix, 2 ; Bell. jud., II, xii, 6 ; xvii, 6, 9.

E. Jacquier.

ANANIEL. (Septante : Ἀνανιήλ). ; de l’hébreu : Hânân et’El, « Dieu est bon, miséricordieux » ), grand-père de Tobie, dans le texte grec du livre de ce nom. Ananiel était fils d’Aduel et père de Tobiel, qui eut pour fils Tobie. Tob., i, 1 (texte grec).

ANANUS (Ἄνανος), forme du nom d’Anne, le grand prêtre, dans Josèphe. Ant. jud., XX, ix, 1 ; Bell. jud., IV, iii, 7. Voir Anne 5.

1. ANASTASE LE SINAÏTE (viie siècle), — que l’on a l’habitude de confondre à tort, soit avec cet Anastase qui fut évêque d’Antioche de 559 à 598, soit avec cet autre Anastase qui fut aussi évêque d’Antioche et successeur du précédent (599-610), — le premier, auteur de cinq discours, De rebus dogmatibus veritatis, Pat. Gr., t. lxxxix, col. 1309-1361, et de quatre Orationes festales, ibid., col. 1302-1398, — le second, auteur d’une traduction grecque du De cura pastorali du pape saint Grégoire, qui ne nous est pas parvenue. — Voir, sur ces deux Anastase, Lequien, Oriens christianus, t. ii, p. 734-738. Anastase le Sinaïte est un auteur du milieu du VIIe siècle, contemporain de Jean, patriarche jacobite d’Alexandrie. Lequien, ibid., p. 447. Moine dans un couvent du Sinaï, il paraît surtout s’être fait connaître comme controversiste, et par la publication de son Hodegos, important traité de théologie polémique contre les monophysites alexandrins, Pat. Gr., t. lxxxix, 35-310. On a aussi de lui un ouvrage intitulé Interrogationes et responsiones de diversis capitibus, répertoire de réponses, tirées des Pères, à une série de difficultés dogmatiques, scripturaires ou morales, Pat. Gr., t. lxxxix, col. 311 -821. C’est à cet Anastase le Sinaïte que l’on attribue, de préférence au second Anastase d’Antioche († 610), le traité sur l’œuvre des six jours, intitulé Anagogicarum contemplationum in Hexœmerum libri xii ad Theophilum, t. i.xxxix, col. 851-1077 ; peu intéressant pour la doctrine, mais beaucoup pour les citations d’auteurs anciens qu’il renferme : Ambroise d’Alexandrie, Ammonius, Eustathe d’Antioche, saint Justin, Théodore d’Antioche, Théophile d’Antioche, Clément d’Alexandrie, saint Irénée, Pantène d’Alexandrie, Papias d’Hiérapolis, Philon, Origène, etc. Il est le seul écrivain connu qui ait cité un apocryphe hébreu intitulé Testamentum protoplastorum, ibid., col. 907. Notons enfin qu’il l’apporte, col. 984, que l’évangile selon saint Matthieu a été écrit en hébreu et traduit, ou plutôt remanié en grec, par saint Luc et saint Paul. Voir sur Anastase le Sinaïte : Fabricius, Bibliotheca græca, édit. Harless, t. x, p. 571-595, Kampfmüller, De Anastasio Sinaita dissertatio, Ratisbonne, 1865. P. Batiffol.

2. ANASTASE Martin, savant bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin. Il prit l’habit de son ordre à Palerme, d’où il était originaire, le 22 juillet 1595, et mourut dans cette ville, en 1644. On a de lui : De monogamia beatæ Annæ parentis Dei paræ seu veritas vindicata, in-4°, Inspruck, 1659 ; une Concordia quatuor Evangelistarum, restée manuscrite, et divers autres ouvrages théologiques et historiques qui n’ont pas été imprimés.


ANASTATQUE, Anastica hierochuntina, nom scientifique de la plante appelée vulgairement rose de Jéricho. Voir Rose de Jéricho.


ANATH (hébreu : ʿĂnâṭ, « exaucement ; » Septante : Δινάχ Ἀνάθ), père de Samgar, juge d’Israël, Jud., iii, 31 ; v, 6.

ANATHÉMATISER. Voir Anathème, col. 548-519.