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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/347

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ANE


l'âne d’Occident est l’objet parmi nous. Cet animal est une espèce du genre cheval. Il se distingue du cheval proprement dit par ses longues oreilles, par la touffe de crins qui pend seulement au bout de sa queue, par son braiment et par la croix noire qui est tracée sur le dos et sur les épaules du mâle (fig. 141). Il est originaire de l’Asie et du nord-est de l’Afrique, où on le trouve encore à l'état sauvage. Dans sa patrie primitive, il est plus vigoureux et plus vif que dans nos contrées ; et la durée de sa vie, qui n’est que de quinze à seize ans en Europe, est de vingtcinq à trente dans son pays d’origine. La chaleur

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141. — Anes d’Orient.

lui est favorable, mais les soins lui sont également nécessaires ; aussi dans l’Inde, où il n’a pas été assez bien traité, il a dégénéré, malgré la chaleur du climat. En Syrie et en Egypte, où cet animal est convenablement entretenu, il dépasse en taille et surtout en vigueur ses congénères de l’Occident. Les Arabes et les Persans conservent la généalogie de leurs ânes comme celle des chevaux. En Syrie, d’après Darwin, il y en a quatre espèces principales : « La première, gracieuse et légère avec une allure agréable, sert principalement aux dames ; la seconde, race arabe, est réservée exclusivement pour la selle ; la troisième, plus forte, sert au labourage et à des travaux divers ; « la quatrième, qui est la race de Damas, est la plus grande et se distingue par la longueur du corps et des oreilles. » Animais and Plants under domestication, t. i, p. 62. Damas et Bagdad se glorifient particulièrement de leurs ânes blancs. Les animaux de cette couleur paraissent aussi avoir été fort appréciés chez les Israélites, d’après le cantique de Débora, qui dit aux chefs de son peuple : « Vous qui montez de blanches ânesses. » Jud., v, 10 (texte hébreu ; la Vulgate traduit : nitentes asinos, « ânes luisants » ). Quelques interprètes pensent que le terme hébreu sâhôr, employé dans ce passage du livre des Juges, indique que les ânesses dont parle la prophétesse Débora étaient peintes de bandes de couleur. Tous ceux qui ont visité l’Orient, et en particulier le Caire, ont remarqué ces singulières peintures par lesquelles on veut parer les plus beaux ânes et rehausser les couleurs voyantes de leur riche harnachement. Le mot arabe correspondant à sâhôr, ..4° et } Jo. sahor et 'asoharu.

se dit d’un âne blanc et roux. Quelque bizarre que nous paraisse la coutume d’orner ainsi cet animal domestique, |

elle nous montre du moins combien il est aimé de ceux à qui il sert de monture.

Ce qui rend l'âne si précieux en Egypte et en Syrie, c’est qu’il est fait pour les pays chauds et pour les régions montagneuses et arides. Ses sabots sont longs, creux en dessous, avec des bords aigus, de sorte qu’il plante son pied avec sûreté, soit dans les montées, soit dans les descentes, là où le sabot plat du cheval est exposé à glisser. De plus, il souffre peu de la soif et de la chaleur ; il boit rarement, et en petite quantité ; la transpiration est chez lui presque insensible, grâce à sa peau dure et coriace. Les herbes sèches et aromatiques sont sa nourriture de prédilection ; il préfère les chardons (fig. 142) et les plantes épineuses au fourrage le plus tendre et le plus succulent. Ce sont là tout autant de qualités inappréciables dans un pays sec et entrecoupé de collines et de vallées.

142. — Ane broutant. Le scribe TTerchu est assis sur son âne. Il est précédé d’un coureur (V « Dynastie). Lepslus, Denkmaler, ii, 13.

On n’a point trouvé l'âne domestique représenté sur les monuments assyriens, A. Layard, Nineveh and its remains, 1849, t. ii, p. 425 ; mais Hérodote le nomme néanmoins parmi les animaux connus dans la région de l’Euphrate I, 194, édit. de Londres, 1679, p. 81 ; cf. I Esdr., Il, 67, et les bas-reliefs reproduisent souvent l’onagre, qui y existait alors et y existe encore aujourd’hui. A. Layard, ibid., t. i, p. 324. Voir Onagre. Quoi qu’il en soit, du reste, de l’Assyrie, il est certain que l'âne était très commun en Egypte et en Palestine.

II. Histoire de l'âne dans l'Écriture. — Les ânes ont toujours été considérés par les Hébreux comme une partie importante de leurs richesses. Exod., xiii, 13 ; xxl, 33 ; xxii, 4, 10 ; xxiii, 4, 5, 12 ; Deut., v, 14, etc. ; Luc, xiii, 15 ; xiv, 5. Les patriarches en possédaient de véritables troupeaux, Gen., xii, 16 ; xxiv, 35 ; xxx, 43 ; xxxii, 5 ; cf. xxxvi, 24 ; Job, i, 3, 14 ; xlii, 12 ; Num., xxxi, 39, 45, de même que les Égyptiens, ainsi que nous l’attestent leurs monuments (fig. 143). Voir aussi I Sam. (I Reg.), IX, 3 ; I Par., xxvii, 30 ; I Esdr., Il, 67 ; II Esdr., vii, 69. La loi défend de convoiter l'âne de son prochain, Exod., xx, 17 ; Deut., v, 21 ; cf. Job, xxiv, 3, parce qu’il était souvent un objet d’envie. Cf. Deut., xxviii, 31. C'était, avec le bœuf et les brebis, l’animal domestique par excellence. Cf. Gen., xxii, 5 ; Exod., xxii, 4, etc. L'âne était en effet, comme nous l’avons dit, la monture la plus commode et la plus usitée, Gen., xxii, 3, etc., comme elle l’est encore aujourd’hui en Orient, où il sert aux personnes du plus haut rang et est richement harnaché comme le cheval. Celui-ci n'était pas élevé en Palestine avant Salomon ; il y fut probablement toujours rare dans l’antiquité, et l’on n’en fit guère usage que pour la guerre. Le chameau n'était pas non plus très commun ; c’est d’ailleurs un animal moins agréable à monter que l'âne, et celui-ci, dont le pas est très sûr dans les montagnes, peut rendre beaucoup plus de services dans toutes les parties de la Palestine. Non seulement il portait les hommes et les femmes dans leurs voyages, Gen., xxii, 3 ; Exod., iv, 20 ; Num., xxii, 21 ; Jos., xv, 18 ; Jud., i, 14 ; v, 10 ; x, 4 ; xii, 14 ; I Reg., xxv, 20, 23, 42 ; II Reg., xvii, 23 ; xix, 26 ; I (im Reg., xiii, 23 ;