personnelle que lui suscitèrent ses œuvres de miséricorde. Tob., i, 21-25. Sa piété envers Dieu et son affection pour son mari soutinrent son courage, lorsqu’après l’accident arrivé à Tobie, la famille tomba dans le dénuement. Car, pour arriver à faire vivre son époux aveugle et son fils, elle se fit mercenaire et travailla à tisser la toile. Un jour qu’elle avait reçu un chevreau en payement de son travail, ou, selon le texte grec, en surplus de son salaire, une observation de son mari l’amena à révéler son caractère susceptible et emporté. Elle alla jusqu'à reprochera Tobie ses aumônes et ses œuvres de miséricorde, parce qu’elles n’avaient abouti qu'à les réduire à la pauvreté. Il y a dans ses paroles un accent de blasphème contre la bonté et la providence de Dieu. Tob., ii, 19-23. Cette irritabilité se renouvela, au milieu des larmes de sa tendresse maternelle, à l’occasion du voyage de son fils à Rages. Tob., v, 23-25 ; x, 4-7. Heureusement la tristesse fit place à la joie lorsque, du haut de la colline d’où elle allait souvent interroger l’horizon, Anne reconnut dans le lointain le jeune Tobie qui revenait. Tob., xi, 5-6. La réception qu’elle lui fit est un peu plus explicitement racontée dans les textes grecs que dans la Vulgate. Anne survécut à son mari, Tob., xiv, 12, et fut assistée jusqu'à sa mort par son fils et sa belle-fille, comme le vieux Tobie l’avait recommandé. Tob., xiv, 14.
3. ANNE, épouse de Raguel et parente, par son mari, de la famille de Tobie, Tob., vii, 2, est appelée par les textes grecs Ἔδνα, de l’hébreu ʿêdnâh, « volupté, délices, » facilement transformé en Anna. Elle manifesta, aussi bien que son mari et sa fille, une cordiale tendresse pour son jeune cousin Tobie, quand elle le reconnut à son arrivée à Rages, et elle s’empressa, comme eux, de le recevoir dignement. Tob., vii, 8-9. Elle ne paraît pas avoir été appelée à donner son avis dans le mariage de sa fille avec Tobie, mais elle entra docilement dans les vues de son mari, et fit, en cette circonstance délicate et périlleuse, une belle profession de sa confiance en Dieu. Tob., vii, 18-20.
4. ANNE, mère de la sainte Vierge. Son nom ne se lit
pas dans les livres canoniques. Les plus anciens écrits
qui contiennent son histoire sont les Évangiles apocryphes, l'Évangile de la Nativité de Marie et de l’enfance
du Sauveur et le Protévangile de saint Jacques (Fabricius,
Codex apocryphus Novi Testamenti, t. i, p. 19-67). Il y est raconté que le père d’Anne, appelé Mathan, était prêtre et habitait Bethléhem. Il eut trois filles, Marie, Sobé et Anne. Marie épousa un homme de Bethléhem, et devint la mère de Marie Salomé ; Sobé se maria aussi dans le même village, et donna le jour à sainte Elisabeth, mère de saint Jean-Baptiste ; enfin Anne épousa saint Joachim, qui était de Galilée. Elle fut longtemps stérile, mais elle obtint enfin de Dieu la Bienheureuse Vierge Marie. Ses parents la consacrèrent, quand elle eut atteint l'âge de trois ans, au service du temple de Jérusalem, et ils moururent quelque temps après. Tel est le récit du Protévangile de saint Jacques. Il est difficile de démêler ce qu’il peut contenir d’historique et de légendaire ; mais l'Église a consacré la tradition qui fait de saint Joachim et de sainte Anne le père et la mère de la sainte Vierge, et leur culte est fort ancien chez les Orientaux, comme nous l’apprenons par saint Grégoire de Nysse et par saint Épiphane. Hœr. lxxviii, 17, t. xlii, col. 728. Il existe des hymnes grecques antiques en l’honneur de la mère de Marie (Lambecius, Comm. de Biblioth. Vindob., l. iii, p. 207) ; les homélies des Pères en l’honneur de la sainte Vierge célèbrent aussi les louanges de sainte Anne. Voir en particulier saint Jean Damascène, Hom. i in dortn. Mariée, 5, t. xcvi, col. 708. Justinien fit dédier une église en son nom à Constantinople, en 550, d’après Procope, De ædif. Justiniani, i, 3, édit. de Bonn, t. iii, p. 185. L'Église grecque honore sainte Anne, le 4 septembre, conjointement avec saint Joachim ; le 9 décembre elle fête sa conception, et le 25 juillet sa mort. L'Église latine célèbre sa fête le 26 juillet. Les artistes chrétiens l’ont souvent représentée enseignant à lire l’Ancien Testament à la sainte Vierge encore enfant. Cf. J. Wessely, Iconographie Gottes und der Heiligen, in-8', Leipzig, 1874, p. 72. Voir Menologium Basilianum, dans Assemani, Calendaria Ecclesiæ universalis, t. vi, au 25 juillet ; Legenda matrones Annæ, Leipzig, 1502 ; Binerus, De Joachimo, Anna et Josepho, Anvers, 1638 ; Frantz, Versuch einer Geschichte des Marien und Annen-Cultus, Halberstadt, 1854 ; Acta Sanctorum, julii, t. vi, p. 233-261.
5. ANNE, la prophétesse. Elle était fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Luc, ii, 36. Veuve, après avoir vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, elle allait tous les jours au temple, et servait Dieu, nuit et jour, dans les jeunes et la prière. Elle était âgée de quatre-vingt-quatre ans, lorsqu’elle survint dans le temple le jour de la présentation de Notre -Seigneur, à l’heure où le vieillard Siméon, bénissant Dieu, proclamait en face de tous que Jésus était le Messie attendu d’Israël. Anne aussi louait le Seigneur et parlait de l’enfant à tous les Juifs pieux qui passaient leurs jours dans le temple, et attendaient la rédemption d’Israël. C’est parce qu’elle annonçait la venue du Messie qu’elle est appelée prophétesse ; elle forme ainsi la transition entre les prophétesses (nebiʾâh) de l’Ancien Testament, Exod., xv, 20 ; Jud., iv, 4 ; IV Reg., xxii, 14 ; Is., viii, 3, et celles du Nouveau. Act., xxi, 9.
Bien que le texte affirme qu’Anne ne s'éloignait pas du temple, il n’est pas probable, comme l’ont pensé certains exégètes, qu’elle ait vécu dans une des annexes de cet édifice. Saint Ambroise et quelques commentateurs ont cru qu’Anne était restée veuve pendant quatre-vingt-quatre ans, et qu’elle était âgée d’environ cent six ans lors de la Présentation de Notre-Seigneur ; mais le texte grec n’est pas favorable à cette opinion. On célèbre la fête de sainte Anne la prophétesse le 1er septembre.
6. ANNE, grand prêtre juif (Ἄννα ; dans le Nouveau Testament, et Ἄνανος chez Josèphe). Anne, fils de Seth, probablement d’origine non palestinienne, mais alexandrine (d’après Derenbourg), fut nommé grand prêtre par Quirinius, en l’an 6 ou 7, et exerça ses fonctions jusqu’en l’an 15, où le procurateur Valérius Gratus le remplaça par Ismaël, fils de Phabi. Quoiqu’il ne fût plus grand prêtre en fonction, Anne continua à jouir auprès des Juifs d’une grande influence, soit par ses richesses, soit par ce fait, inouï dans l’histoire judaïque, qu’il vit cinq de ses fils et son gendre Joseph Caïphe devenir grands prêtres. Josèphe rapporte que de son temps on regardait Anne comme l’homme le plus heureux de sa nation. Il vécut, dit-on, jusqu'à un âge avancé ; mais on ignore la date de sa mort. Cependant, lors du siège de Jérusalem, il était mort, puisque Josèphe parle de son tombeau, situé à l’ouest de la ville.
À diverses reprises il est question du grand prêtre Anne dans le Nouveau Testament. Saint Luc, iii, 2, date la prédication de saint Jean Baptiste du souverain pontificat d’Anne et de Caïphe. — C’est devant Anne que fut d’abord conduit Notre-Seigneur Jésus-Christ, Joa., xviii, 13, et ici encore il est appelé grand prêtre, ἀρχιερεύς, si toutefois on admet avec de nombreux exégètes, tels que saint Jean Chrysostome, Calmet, Olshausen, Bleek, Weiss, Schegg, Westcott, Fouard, Schanz, Holtzmann, etc., que l’interrogatoire subi par Jésus devant le pontife, ἀρχιερεύς, Joa., xviii, 19-24, sur ses disciples et sa doctrine, eut lieu devant Anne, et non devant Caïphe, comme l’ont pensé d’autres exégètes ni moins nombreux ni moins savants, comme saint Cyrille, Maldonat, Jansénius, de Wette, Langen, Edersheim, Fillion. La première opinion a en sa faveur le verset 24, où saint Jean affirme qu’après cet interrogatoire Anne renvoya Jésus devant Caïphe. Les tenants de la seconde opinion supposent que l'évangéliste