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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/410

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ANTIOCHUS III LE GRAND

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en 218, la lulte contre l’Egypte. Polybe, v, 1, 5 ; 67, 68. Cf. Dan., XI, 10. Ses armes lurent d’abord victorieuses. Il s’empara de Séleucie sur l’Oronte, prit par trahison Tyr -et Ptolémaïde et s’avança jusqu'à Dor, au sud du Carmel,

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173. — Antiochus III le Grand.

Tête diadéniée d’Antiochus III. — fl. BAS1AEQ2 ANTIOXOTC. Un éléphant.

sur la Méditerranée. Ptolémée IV lui fit alors demander « ne trêve et elle fut conclue pour quatre mois, pendant lesquels les troupes syriennes prirent leurs quartiers d’hiver. Polybe, v, 51-66. La campagne suivante ne fut pas favorable à Antiochus. Philopator avait profité de l’armistice pour se préparer à la résistance ; ses troupes battirent complètement le roi de Syrie, à Raphia, près de Gaza (217) ; toutes les conquêtes précédentes d’Antiochus lurent perdues, et il dut s’estimer heureux que son vainqueur ne le poursuivît point jusqu'à Antioche. Polybe, v, 51-87 ; Strabon, xvi, p. 759 ; Justin, xxx, 1.

Le prophète Daniel avait annoncé les premiers succès d’Antiochus 1Il et prédit qu’ils seraient sans résultat : « L’un [des fils de Séleueus II, Antiochus III] viendra en hâte et se répandra partout [première campagne], et il reviendra [une seconde fois] et il s’animera et il attaquera ses places fortes. Et le roi du midi [Ptolémée IV Philopator] sera irrité, et il sortira, et il combattra contre le roi du nord [Antiochus III], et il lui opposera une nombreuse multitude [de soldats] et la multitude [des Syriens] sera livrée dans ses mains. Et il ruinera la multitude et son cœur s'élèvera, et il fera tomber un très grand nombre [de Syriens]. » Dan., xi, 10-12.

Pendant les treize années suivantes, Antiochus III, vaincu, laissa l’Egypte en paix, mais ne resta pas inactif. Il lut continuellement en guerre en Asie Mineure et les succès qu’il remporta alors lui valurent le surnom de « Grand ». Il soumit d’abord Achseus, gouverneur d’Asie Mineure, qui s'était révolté. Polybe, v, 107 ; vii, 15, 17-23. Il tourna ensuite ses armes à l’est contre les Parthes et les Bactriens, qui, vers l’an 250, s'étaient affranchis de la domination des Séleucides. Il ne réussit pas à les remettre sous le joug, mais sa campagne ne fut pas sans résultat : s’il ne parvint pas à détruire le royaume des Parthes, il en réduisit au moins les frontières, qui avaient été étendues par les conquêtes du roi Arsace, à la Parthie et à l’Hyrcanie (Polybe, x, 27-31 ; Justin, xli, 5), et il fit alliance avec ie roi de la Bactriane. Polybe, x, 49 ; xi, 31. Il pénétra dans l’Inde septentrionale, et par ses expéditions dans ces contrées lointaines, acquit un grand renom aux Syriens, tout en aguerrissant ses soldats ; il ramena aussi de l’Inde cent cinquante éléphants qui devaient rendre son armée terrible aux habitants de l’Asie antérieure et de l’Egypte.

Antiochus III avait gardé au fond de son cœur un profond ressentiment de l'échec que lui avait infligé Ptolémée IV Philopator ; mais, ne voulant pas s’exposer à une nouvelle défaite, il attendait avec patience le moment propice de se venger. Les circonstances le lui fournirent, à son retour de l’Inde. La mort frappa son ennemi, en 201, et il eut pour successeur un enfant de quatre à cinq ans, Ptolémée V Épiphane. Cf. Justin, xxx, 2. Le roi de Syrie, eu apprenant cette nouvelle, ne perdit pas de temps. Afin de pouvoir abattre plus sûrement la puissance égyptienne

et reconquérir les provinces des bords de la Méditerranée, il s’allia avec Philippe de Macédoine contre les Lagides. Polybe, iii, 2 ; xv, 20 ; Tite Live, xxxi, 14. Il eut bientôt repris la Cœlésyrie, la Phénicie et la Palestine. Mais une guerre avec Attale, roi de Pergame, l’obligea de porter alors ses armes en Asie Mineure ; et en son absence, Ptolémée, aidé par Scopas, redevint maître de Jérusalem (Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3), et recouvra le territoire qu’il avait perdu. S. Jérôme, In Dan., xi, 14, t. xxv, col. 563. Ce fut pour peu de temps. Antiochus, ayant conclu la paix avec Attale, se hâta de marcher par la Cœlésyrie à la rencontre de l’armée que les Égyptiens avaient levée contre lui. Il la tailla en pièces à Panéas, au pied de l’Hcrrrron, en 198, et toute la Palestine retomba ainsi en son pouvoir. Polybe, xv, 20 ; Appien, Syr., 1 ; Tite Live, xxxiii, 19 ; Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3.

Tous ces événements avaient été prophétisés par Daniel : « Le roi du nord [Antiochus III] reviendra, et il armera une multitude plus nombreuse que la première, et à la fin des temps et des années [après quelques années], il viendra avec une grande armée et des forces nombreuses. Et dans ce temps-là beaucoup [les Macédoniens de Philippe V avec les Syriens] s’armeront contre le roi du midi [Ptolémée Épiphane] et les fils des prévaricateurs de ton peuple [une partie des Juifs] se lèveront [contre le roi d’Egypte] pour accomplir la vision, et ils tomberont. Et le roi du nord [Antiochus III] viendra, et il formera un rempart et il prendra des villes fortifiées, et les bras du midi [des Égyptiens] ne pourront pas résister [ à l’attaque des Syriens après le retour d’Antiochus III, vainqueur à Panéas], et ses hommes d'élite seront sans force. Et il fera en venant contre lui selon son plaisir, et personne ne lui résistera, et il s’arrêtera dans la terre glorieuse [la Judée], qui devait être détruite par ses mains. » Dan., xi, 13-16. Antiochus III reprit Jérusalem et s’empara de Scopas et de ses troupes, qui s'étaient réfugiées sur le mont Sion. Les Juifs, qui avaient beaucoup souffert pendant tous ces combats, Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3, heureux de voir la guerre finie, accueillirent le roi de Syrie comme un libérateur.

Antiochus le Grand ne put cependant, malgré tous ses succès, réaliser ses projets contre l’Egypte. Les Romains avaient déjà empêché Philippe V de Macédoine de lui fournir une aide efficace ; ils l’arrêtèrent lui-même au milieu de ses victoires. La guerre se termina par le mariage de Ptolémée V Épiphane avec une fille d’Antiochus III, appelée Cléopàtre ; mais ce mariage, que le roi de Syrie avait cru très avantageux pour sa politique, lui fut plutôt nuisible : la nouvelle reine d’Egypte préféra les intérêts de son époux à ceux de son père. « Le roi du nord [Antiochus], dit Daniel, se disposera à venir pour s’emparer de tout son royaume [de Ptolémée] ; mais il s’entendra avec lui, et il lui donnera une fille de ses femmes [sa fille Cléopàtre] afin de le perdre ; mais il ne réussira pas, et elle ne sera pas pour lui [et elle soutiendra les intérêts de Ptolémée]. » Dan., xi, 17. Cléopàtre avait reçu en dot les provinces enlevées par son père à l’Egypte, entre autres, la Palestine (198 avant J.-C). Tite Live, xxxv, 13 ; Appien, Syr., 5 ; Polybe, xxviii, 17 ; Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 1 ; S. Jérôme, In Dan., xi, 17, t. xxv, col. 564.

L’année suivante (197), Antiochus le Grand entreprit par terre et par mer une campagne contre l’Asie Mineure. Tite Live, xxxiii, 19. Il soumit la plus grande partie de cette contrée, et en 196, il franchit même l’Hellespont et pénétra en Europe. Tite Live, xxxiii, 38. Il marchait à ' sa perte. Poussé par les conseils d’Annibal, qui s'était réfugié à sa cour, il entra en guerre avec les Romains. Ceux-ci avaient battu, en 197, à la bataille de Cynocéphale, le roi de Macédoine, Philippe V, l’allié d’Antiochus ; ils n’avaient plus aucune raison de ménager désormais, comme ils l’avaient fait jusqu’alors, le roi de Syrie. j II y eut rupture ouverte entre les Romains et Antiochus,