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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/453

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APOLLO — APOLLONIUS

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avait planté. I Cor., iii, 6. La grâce de Dieu était avec lui, Act., xviii, 27 (texte grec), et aussi une éloquence humaine qui servait utilement ses moyens surnaturels de succès. C’est avec une grande puissance, evTÔvw ; , - qu’il réfutait les Juifs, non pas seulement dans les synagogues, mais en public, Snitiouïa, ne craignant pas de les prendre à parti devant les auditoires païens qu’il abordait, et leur prouvait victorieusement, d’après les Écritures, que Jésus est le Christ. Habitué à la parole, il convoquait, selon l’usage du temps, autour de sa chaire de rhéteur tous ceux qui avaient le désir d’entendre exposer des doctrines religieuses nouvelles.

L’autorité d’Apollo dans l'Église de Corinthe devint très considérable, et nous savons que, parmi ces Grecs toujours portés à se passionner pour quelqu’un, il se forma un parti qui le mettait en parallèle avec Pierre et avec Paul. I Cor., i, 12. Au tond, l’Apôtre des Gentils lui rend cette justice, que, si lui-même a planté, Apollo a arrosé cette belle Église de Corinthe, à laquelle Dieu s’est réservé de donner l’accroissement. I Cor., iii, 6. Il appelle Apollo son frère, I Cor., xvi, 12, et nous fait entrevoir, par quelques mots qu’il ajoute, tout ce qu’il y avait de prudence et de sainte humilité dans l'àme du prédicateur alexandrin. En effet, pour éviter toute division entre fidèles, et déconcerter le parti qui, à Corinthe, se réclamait de son nom, il s'était éloigné de la capitale de l’Achaïe, et refusait d’y revenir, malgré les instances de Paul, jusqu'à ce qu’il trouvât la situation plus calme et les circonstances plus propices. Est-ce réellement à Apollo que Paul fait allusion, quand il parle de ceux qui prêchent les discours persuasifs de la sagesse humaine, avec la sublimité du langage et les brillantes conceptions, I Cor., i, 17 ; ii, 1-15, au risque de laisser dans l’ombre ou même de supprimer la croix de Jésus-Christ ? C’est possible. Ce genre d’exposition savante et suivant les règles de la rhétorique semble bien répondre à tout ce qui est dit d’Apollo et de sa culture littéraire. Mais de telles appréciations, inspirées par le véritable amour de Dieu, n’amenaient pas entre les ouvriers évangéliques de réels froissements. On se reprenait publiquement, et on ne cessait pas de s’aimer. Tout allait au profit de l'Évangile.

Apollo est nommé pour la dernière fois à la fin de l'Épître à Tite, iii, 13, et Paul, en le recommandant aux soins de ceux qui devaient faciliter son voyage et celui de Zénas, nous marque l’affection qu’il lui gardait. L’association d’Apollo avec Zénas, un docteur de la loi, indique peutêtre le goût naturel qu’avait le prédicateur alexandrin pour la société des hommes les plus instruits parmi les chrétiens. On peut en outre conclure de ce passage qu' Apollo évangélisa la Crète. Des traditions populaires ont fait de lui un évêque de Colophon, d’Iconium en Phrygie, ou même de Césarée ; mais on ne peut produire aucun argument sérieux à l’appui de tels dires, et la diversité même des sièges qu’on lui assigne trahit l’insuffisance des motifs qu’on a de les lui assigner. L’opinion des critiques modernes qui attribue à cet homme apostolique l'Épître aux Hébreux, n'étant soutenue par aucun témoignage dans l’antiquité, demeure une conjecture absolument gratuite. Sans doute le genre oratoire et exégétique de cette admirable lettre s’accommode fort bien avec ce que nous savons de l'éloquence, de la culture hellénique et de la science scripturaire d’Apollo ; mais cela suffit-il pour conclure qu’elle est de lui ? Tous ceux qui, depuis Luther jusqu'à Bleek, Tholuek, Reuss, Rothe et de Wette, l’ont pensé, ont prêté aux arguments qu’ils évoquent une consistance qu’ils n’ont pas, et traité trop légèrement la grave objection qui surgit de l’absence dans l'Église primitive, et surtout dans la tradition alexandrine, représentée par Clément et Origène, de toute indication attribuant à Apollo la paternité de cette belle page de la théologie apostolique, œuvre de saint Paul.

Les données scripturaires étant insuffisantes pour fixer pleinement la physionomie de cet illustre héraut de l'Évan gile, l’imagination a pris sur elle d’y suppléer. Voir, pour

: s’en rendre compte, les études publiées par Pfizer, Dissert.

de Apollone, doct. apost., Altorꝟ. 1718 ; Hopf, Comment.

! de Apollone pseudo-doctore, Hag., 1782 ; Heymann, Sâchs.

", Stud., 1843, p. 222 ; Bleek, Der Brief an der Hebrâer>

Berlin, 1828. E. Le Camus.

    1. APOLLONIE##

APOLLONIE ('A7roX>ù)i/ia), ville delà Mygdonie, province de Macédoine première (fig. 185). Elle était située près du lac Bolbe (Betschik-Gôl), sur la voie Égnatienne, à quarante-quatre kilomètres d’Amphipolis et à cinquantequatre kilomètres de Thessalonique. C’est dans leur voyage

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185. — Monnaie d’ApolIonie de Macédoine.

Tête d’Apollon, à droite, avec une couronne de laurier. — ^. AIIOAAÛNOS. Amphore à deux anses.

de Philippes à Thessalonique, que saint Paul et Silas traversèrent cette ville. Act., xvii, 1. C’est aujourd’hui Pollina. Voir Pline, H. N., iv, 7 ; Itiner. Anton., p. 320-330 ; Itin. Hieros., p. 605 ; 2'ab. de Peutinger, De vise. Egnatiæparte orientali, p. 7 ; Athénée, viii, 334. Il ne faut pas confondre Apollonie de Mygdonie avec d’autres villes du même nom, et en particulier avec Apollonie d’Illyrie, qui était la cité la plus célèbre parmi celles qui étaient consacrées au dieu Apollon. E. Jacquier.

    1. APOLLONIUS##

APOLLONIUS ('AtcoUwvio ; , dérivé d’Apollon). Nom de plusieurs personnages, officiers des rois de Syrie, mentionnés dans le premier et le second livre des Machabées.

1. APOLLONIUS, gouverneur de Coelésyrie. I Mach-, x, 69. Josèphe, Ant.jud., XIII, iv, 3, lui donne le surnom de Aïo ; , c’est-à-dire le Daén (de Daha : ou Dai, peuple de Sogdiane). Quand Démétrius II Nicator disputa le trône de Syrie à Alexandre I er Balas, Apollonius, qui avait été placé par ce dernier à la tête de la province de Coelésyrie, l’abandonna pour se ranger du côté de Démétrius. Il est assez probable que cet Apollonius est le frère de lait et le confident de Démétrius dont parle Polybe, xxxi, 21, 2 ; ce qui explique sa trahison envers Alexandre Balas. Jonathas Machabée était alors soumis à Alexandre, et il lui resta fidèle. Démétrius chargea Apollonius de soumettre les Juifs à son obéissance. I Mach., x, 69. Le général syrien marcha contre eux avec une armée nombreuse (147 avant J.-C). Il alla camper à Jamnia, et écrivit à Jonathas pour le défier de descendre dans la plaine de la Séphéla, en lui reprochant de ne pas oser quitter l’abri de ses montagnes. Le grand prêtre quitta aussitôt Jérusalem avec dix mille hommes d'élite et son frère Simon pour se rendre à Joppé. La ville, qui était occupée par les soldats syriens, lui ferma ses portes ; mais ses habitants, saisis d 'effroi lorsqu’ils se virent assiégés, ne tardèrent pas à les lui ouvrir. À cette nouvelle, Apollonius se dirigea vers Azot avec trois mille cavaliers et une armée considérable. Jonathas le poursuivit, échappa à ses embûches et brûla Azot, après que son frère Simon eut taillé en pièces les troupes syriennes. I Mach., x, 70-85. Nous ne savons plus rien d’Apollonius Daos. — Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 3, dit par erreur qu’Apollonius commandait les troupes d’Alexandre Balas, quand il fut battu ' par les Juifs, et quelques écrivains protestants, comme G.AVernsdori, De fids Hbrorum Machabxorum, Breslau, 1747, p. 135, ont essayé d’opposer son témoignage à l’an-