Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
859
860
ARABIE


nalement aux Iduméens, mais paraissent avoir souvent joui d’une grande indépendance et formé une sorte de territoire libre et ouvert à toutes les tribus du désert. Les Hébreux, n’ayant pu obtenir libre passage à travers le mont Séir ou l’Idumée propre, sortirent de l’Arabie Pétrée, près des villes que je viens de nommer, sans avoir été molestés par les Iduméens. Deut., ii, 8. Cet état de liberté relative du territoire littoral du golfe à l'égard du royaume édomite explique en même temps la facilité avec laquelle certaines tribus de l’Arabie Pétrée, comme les Madianites et les Amalécites, quittaient leurs pâturages pour entreprendre des razzias dans la Moabitide et dans la Palestine transjordanique, et même dévaster la Palestine occidentale, après avoir traversé le Jourdain. Gen., xxxvi, 35 ; Jud., vi, 3 ; vii, 24.

La Genèse, xxv, 1-4 ; 12-16, divise les habitants de ce pays en deux familles distinctes, quoique étroitement apparentées, les Ismaélites et les Céturéens ; ces deux peuples sont d’origine abrahamide, et par conséquent issus du même père que les Israélites, mais non pas de la même mère, et ils se sont mélangés avec les autres races.

Les Céturéens (mTBp >33) doivent leur nom à la femme

libre (tton) qu’Abraham épousa après la mort de Sara.

Les auteurs arabes nomment une tribu Qaturâ, qui habitait avec les Gurhum, dans la contrée de la Mecque ; mais l’exactitude de cette donnée semble bien douteuse. Zamrân ( pnî, Zou.êpïv, Zeu.6pâ}i) rappelle les Zama reni de Pline, H. N., vi, 32, et aussi Za6pi[i, la capitale des Cinédocolpites, Ptolémée, VI, vii, 5 ; mais l’orthographe de ce dernier nom est incertaine ; on le trouve souvent écrit Zaapii.. Si le royaume de Zimri (Zanibri) mentionné dans Jérémie, xxv, 25, appartenait à l’Arabie, le rapprochement avec la capitale que je viens de citer gagnerait en vraisemblance. Jecsan (rji^i Yoqsân, 'IsÇâv), inconnu. La tribu de

yogis, que les généalogistes arabes placent dans le Yémen, parait être d’origine biblique. Madan (pn, Medàn, Ma8â^), Gen., xxv, 2 ; ce nom

ne reparaît que dans la Genèse, xxxvii, 36, comme équivalent à celui de Midyân (Madian) ; c'était une branche de cette dernière peuplade. Le géographe arabe Yâqùt mentionne un Ouadi Medàn près de Dedân, et une idole gurhumite porte aussi le nom de Madân. Madian (l’TD, Midyân, MaSiâv) ; c’est le peuple le plus

connu des Céturéens, qui fut très puissant jusqu'à la fin de l'époque des Juges. Il habitait primitivement, à ce qu’il paraît, les parages occidentaux du golfe d’Akaba, non loin du mont Sinaï. Exod., ii, 15. Des caravanes madianites allaient chercher en Galaad des essences aromatiques qu’elles transportaient en Egypte. Gen., xxxvii, 25, 28. Après la sortie des Israélites d’Egypte, les Madianites semblent être remontés vers le nord et avoir eu l’intention de s’emparer de l’Idumée, mais sans pouvoir y réussir. Chassés de ce dernier pays par le roi Adad, ils furent poursuivis jusque dans la plaine moabite, et y subirent une grande défaite. Gen., xxxvi, 35. De là ils passèrent dans la Moabitide, où les Israélites les trouvèrent comme alliés de Balac, roi de Moab, leur adversaire, et leur infligèrent une terrible défaite, dans laquelle les Madianites perdirent plusieurs de leurs chefs. Num., xxii, 4 ; xxxi, 2-12. Au temps des Juges, ils séjournaient sur les pâturages du Haurân, et se sentaient assez forts pour soumettre la Palestine du nord, avec le secours des Amalécites et d’autres tribus du désert ; mais la vigoureuse résistance de Gédéon brisa définitivement leur force, Jud., vm, 28, et depuis ce temps on ne les cite que comme de riches marchands de bétail. Is., lx, 6. À l'époque de la dynastie perse, les Madianites étaient déjà redescendus dans le sud ; mais sur la rive orientale du golfe d’Akaba,

où Ptolémée, VI, vii, 2, signale une ville du nom de Modiana, ville connue aussi des géographes arabes. Dans ces derniers temps, le capitaine Burton a découvert dans ce territoire d’anciennes mines exploitées par les Romains. Jesboc (p3tft, Ysbâq, 'iEuëûx) ; ce pays, resté inconnu

pendant longtemps, paraît dans les annales de Salmanasar II, qui raconte avoir fait prisonnier le chef Bwanate de Yasbouqa, dans la bataille livrée au roi de Patin, près de l’Oronte inférieur. Selon toutes les vraisemblances, le territoire de Ysbâq était situé non loin de l’Euphrate. Sué (nîti, Sûak, Swié, Sau-^sî ; ) est souvent mentionné,

dans les annales assyriennes, sous le nom de Suhu. Il était situé sur l’Euphrate, près de l’embouchure du Balih. La situation si éloignée de l’habitation de cette tribu vers le nord n'étonne pas, quand on sait que les Ituréens, et plus tard les Nabatéens, ont aussi poussé leurs pérégrinations très loin au nord. Ces derniers ont même constitué le royaume d'Édesse, et au commencement des conquêtes de l’islamisme les Ghassanides du Gaulan ont émigré en Asie Mineure. Néanmoins une localité du nom de m* a

dû exister en Arabie, dans le voisinage de Themâ, Job, II, 11, localité qui formait le point de départ des Suhites euphratiques.

Parmi les peuplades issues de Jecsan, celles que l’auteur de la généalogie céturéenne nomme Assurim, Latusim et Loomim, dhîto, Qtïr.Eb et D>ONb, ne peuvent

plus être identifiées, car les noms analogues que l’on rencontre dans les légendes musulmanes sont empruntés à la Bible ; mais on trouve dans les inscriptions nabatéennes les noms d’homme i-hwn et turcS, dont le premier du moins est sans aucun doute antérieur à l'époque perse, pendant laquelle la chuintante s'était déjà changée en n dans les dialectes araméens, où l’on prononçait TinN pour Tton. Le rapprochement des Leummîm et des Benôu Lâm arabes est inadmissible.

Les deux autres peuplades jecsanites Saba et Dadan, ÏG.H et pi, reviennent dans la liste des peuples de l’Arabie

méridionale. Gen., x, 7. Cette circonstance fait voir que l’auteur admet l'émigration d’une partie de ces tribus couschites vers le nord et le mélange des Ismaélites avec ces émigrants. Des faits de cette nature se passent continuellement en Arabie : des tribus du sud, poussées par leurs voisins ou par la famine, se transportent loin au nord, et des tribus septentrionales s’en vont jusqu'à l’extrême sud de la péninsule. Les récents voyages de MM. Doughty, Euting et Huber, nous ont fait connaître l’existence d’une riche colonie sabéo-minéenne établie à el-'Olâ, un peu au sud de la ville nabatéenne d’el-Higr ou Égra. Les inscriptions minéennes montrent que la colonie est restée en rapport avec la mère patrie et sous la dépendance de son gouvernement. Tel a dû être aussi le cas aux époques plus anciennes. Le Saba septentrional est mentionné dans les textes de Théglathphalasar I er et de Sargon, au milieu d’autres territoires arabes conquis par ces rois. Le dernier reçut le tribut d’It’amara le Sabéen, nom qui se rencontre, dans les inscriptions de l’Arabie méridionale, sous la forme - ! ONyn>, comme un nom royal ; il est cependant difficile de faire de ce roi un contemporain de Sargon, par cette simple raison que le It’amara auquel fait allusion le monarque assyrien ne porte pas le titre royal. Il faut donc se Contenter de savoir que les textes assyriens, comme la Genèse, attestent l’existence d’un Saba septentrional, cf. Job, i, 15, et par conséquent que la reine de Saba qui se rendit auprès de Salomon n'était pas de ce pays, mais de la Sabée méridionale, conformément à l’opinion générale. Cette dernière contrée était renommée dans toute l’antiquité pour sa richesse en essences aromatiques, comme pour ses mines d’or. Quant à la question de savoir si le Saba du nord était un territoire ou seulement une ville, elle est résolue par les textes assyriens, qui écrivent