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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/514

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ARBRES DE LA VIE ET DE LA SCIENCE — ARC

Adam et Eve en mangeant du fruit défendu, ce n’est pas, comme le prétendent les Juifs et Rosenmùller, le premier discernement du bien et du mal, qui suit l’usage de la raison. Nos premiers parents furent créés avec l’intelligence du bien et du mal, Eccli., xvii, 5 et 6, que suppose d’ailleurs la prohibition divine. Le fruit défendu n’est pas non plus, comme l’ont pensé quelques rabbins (voir Eisenmenger, Entdecktes Judenthum, t. i, p. 371 etsuiv. ; Cornélius Agrippa, De oriqinali peccato, et M. Schœbel, Le mythe de la femme et du serpent, Paris, 1876), le symbole de l’acte naturel par lequel la race humaine se perpétue. Dieu, qui a créé l’homme mâle et femelle et lui a donné l’ordre de se multiplier, Gen., i, 27 et 28, n’a pas interdit ce qu’il avait commandé et ce qu’exige la propagation de l’humanité. Adam et Eve n’ont donc pas connu le bien et le mal en usant du mariage. S. Augustin, De Genesi ad litteram, 1. xi, c. xli, t. xxxiv, col. 452. Si immédiatement après leur désobéissance ils remarquèrent leur nudité, Gen., iii, 7 et 11, c’est que les effets désordonnés de la concupiscence étaient une suite de leur péché. Comme le serpent le leur avait astucieusement annoncé, Gen., iii, 5, leurs yeux s’ouvrirent, et ils eurent dès lors la connaissance expérimentale du mal. S. Augustin, De peccatorum meritis et remissione, ii, 21, t. xliv, col. 172 ; De Genesi ad litteram, 1. viii, c. vi, 12, t. xxxiv, col. 377 ; De Civitate Dei, xiii, 13, t. xli, col. 386 ; De nuptiis et concupiscentia, i, 6, t. xliv, col. 417-418 ; S. Jean Chrysostome, Hom. xii in Genesim, 5-6, t. lui, col. 131-133 ; S. Hilaire, In Genesim, viii, dans le Spicilegium Solesmense, t. i, p. 162.

On ignore de quelle essence était l’arbre de la science du bien et du mal. R. Méir a pensé à la vigne, par cette raison que le vin est ce que les hommes aiment le plus ; R. Néhémie au figuier, l’arbre qui a provoqué la faute ayant servi à en réparer les effets, Gen., iii, 7 ; R. Juda au froment, car l’enfant ne sait pas dire « père, mère », avant d’en avoir goûté. Talmud de Babylone, traité Berakhoth, vi, 2, trad. franc., Paris, 1871, p. 391. Théodoret et Procope de Gaza, pour la même raison que R. Néhémie, ont nommé le figuier ; beaucoup, à cause d’une interprétation inexacte de Cant., viii, 5, ont pensé au pommier. La question n’est guère plus avancée qu’au premier jour de la discussion. L’inspection des monuments anciens où cet arbre est représenté, fournit peu de lumière sur le sens des tradilions des premiers siècles chrétiens. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit, p. 20-21.

Cet arbre a été regardé comme la figure de l’arbre de la croix, par qui est venue aux hommes la science complète du bien et du mal. La croix nous a fait connaître le suprême degré de la vertu dont l’humanité est devenue capable en la personne de Jésus-Christ, et l'énormité du péché qu’un Dieu seul a pu expier. Le bois vivant du paradis nous a donné la mort, afin que le bois mort du Calvaire nous donnât la vie. Aussi l'Église chantet-elle qu’au jour de la chute, Dieu « marqua le bois pour qu’il réparât le mal causé par le bois ». Ipse lignum tune notavit, damna ligni ut solverel. Hymne de la Passion.

Voir Pereira, Comment, in Genesim, Mayence, 1612, 1. ni ; Malvenda, De paradiso voluptatis, Rome, 1605, c. lxvii-lxxiv, p. 209-241 ; Chérubin de SaintJoseph, Summa critiese sacrée, t. iii, Bordeaux, 1710, disp. i et ii, p. 1-96 ; Kirchenlexicon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, t. ii, p. 60-62 ; Agnellus Merz, De arbore scientiee boni et mali secundum Scripturas et Ecclesiee ac S. Augustini doctrinam, i"(x> ; *Ziegra, Dissertatio de arbore scientite boni et mali, Wittenberg, 1679 ; * Chemnitius, Disputatio de arbore scientise boni et mali, léna, 1683.

E. Maxgexot.

ARC, en hébreu : qé'séf [qas-t, de la racine qas, « être

recourbé » ). Cet instrument destiné à lancer des flèches

était, chez les anciens, la principale arme de jet. Dés

l'époque des patriarches, on s’en sert à la chasse, Gen.,


xxvii, 3 ; cf. xxi, 16, 20, et à la guerre. Gen., xlviii, 22. Aux époques postérieures, il en est encore question pour la chasse, Is., vii, 24 ; mais c’est le plus souvent comme arme de guerre que les écrivains sacrés ont eu occasion de la mentionner, à côté des autres armes offensives et

S15. — Roi d’Assyrie chassant le iion avec l’arc. Victor Place, Ninive et l’Assyrie, pi. 55.

défensives : de la fronde, II Par., xxvi, 14 ; du simple bouclier, II Par., xiv, 8 ; xvii, 17 ; Is., xxii, 3 (hébreu) ; surtout de l'épée, Gen., xlviii, 22 ; I Reg., xviii, 4 ; Os., i, 7 ; ls., xxi, 15, etc. La tribu de Benjamin comptait des archers célèbres, I Par., viii, 40 ; II Par., xiv, 8 ; certains même

216.

Roi d’Assyrie tenant une coupe de libation dans la main droite et son arc dans la main gauche. Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pi. 12.

étaient ambidextres, I Par., xii, 2, c’est-à-dire aussi habiles à tirer l’arc ou lancer la fronde de la main gauche que de la main droite. Il y avait aussi des archers dans les tribus transjordaniques, I Par., v, 18, et dans celle d'Éphraïm. Ps. lxxvii, 9. Les jeunes gens s’exerçaient au tir de l’arc sur une cible (mattârâh), comme le montrent le récit de I Reg., xx, 20-38, et les allusions de La I. — SI