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ARME

iv, 13, 16, 21, probablement plus longue et plus lourde, puisque nulle part on ne la voit employée comme javelot. Comme on la trouve souvent citée dans la Bible à côté du grand bouclier, ṣînnâh, I Par., xii, 8, 24 ; II Par., xi, 12 ; xiv, 7 (8) ; xxv, 5, on peut penser qu’elle était l’arme des troupes pesamment armées.

L’arme désignée par le mot kidôn, I Reg., xvii, 6, 7 ; Jer., vi, 23 ; l, 42, se rattache certainement à la série des armes de pointe, et bien que les interprètes ne soient pas d’accord sur son emploi exact, il est certain qu’elle se distinguait de la pique ordinaire, Job, xxxix, 23 ; I Reg., xvii, 6, 7, et qu’elle était à l’usage de la cavalerie, Job, xxxix, 23, comme de l’infanterie, cf. Jer., vi, 23 ; L, 42. On la regarde généralement comme une lance de moindre dimension ou javelot, ce qui semble confirmé par Job, xli, 20, où il est dit qu’on s’en servait en la faisant tournoyer.

L'Écriture mentionne encore d’autres armes, mais qui n'étaient pas ordinairement employées par les Hébreux. D’après beaucoup d’interprètes, l’arme appelée segôr, Ps. xxxv, 3, désigne la hache universellement employée dans l’ancien Orient pour ouvrir des passages, détruire les ouvrages ennemis, surtout pour combattre corps à corps. Le marteau de guerre, mêfiṣ, Prov., xxv, 18, appelé ailleurs mappêṣ, Jer., li, 20, et peut-être aussi pattîš, Jer., i., 20 ; la faux ou faucille de combat, peut-être désignée par le mot mekêrâh, Gen., xlix, 6 ; la massue de bois, probablement désignée par l’hébreu ṡébét, traduit dans la Vulgate par verge ou bâton, II Reg., xxiii, 21 ; I Par., xi, 23 ; Ezech., xxxix, 9, étaient des armes à l’usage des peuples voisins.

II. Armes défensives. — La principale était le bouclier, auquel il faut joindre le casque, la cuirasse et les jambières.

1° Le bouclier, qui était de deux espèces : le grand bouclier, ṣînnâh, III Reg., x, 16, couvrant la plus grande partie du corps, et le petit bouclier, mâgên, Gen., xv, 1 ; III Reg., x, 17, couvrant seulement la poitrine. Cette arme, appelée arme de gauche par opposition aux armes offensives appelées armes de droite, à cause de la main qui les maniait, est le plus ancien de tous les instruments de protection dans les combats. Elle était universellement en usage longtemps avant que le casque et la cuirasse fussent employés dans les armées. Le vir armatus, « l’homme armé, » des Proverbes est dans l’hébreu ʾîš mâgên, l’homme protégé par le bouclier. Prov., vi, 11 ; xxiv, 34.

2° Le casque (hébreu : kôbaʿ), I Reg., xvii, 5, et qôbaʿ, I Reg., xvii, 38, et la cuirasse, širyôn, I Reg., xvii, 5, 38, et širyân, IlIReg., xxii, 34, ne faisaient pas partie de l’armement militaire chez les anciens Hébreux. Exod., xiii, 18 ; Jos., i, 14 ; iv, 12 ; cf. Jud., vii, 11. Introduits comme armes défensives de distinction et réservés aux chefs, cf. III Reg., xxii, 34 ; II Par., xviii, 33, on les voit seulement sous Ozias faire partie de l’armement ordinaire du soldat hébreu. II Par., xxvi, 14 ; cf. II Esdr., iv, 16.

3° Les jambières ou guêtres de combat (hébreu : miṣḥâh), 1 Reg., xvii, 6, destinées à garantir la partie inférieure du corps, comme la cuirasse et le casque garantissaient la partie supérieure, ne sont mentionnées qu’une seule fois dans la Bible, dans la description des armes de Goliath. Elles ne paraissent pas avoir été en usage dans l’armée des Hébreux, dont les soldats apparaissent le plus souvent chaussés de simples sandales, III Reg., ii, 5 ; cf. Ephes., vi, 15, ou de brodequins de cuir garnis de clous, seʾon, Is., ix, 4, expression dont le sens exact est d’ailleurs difficile à préciser.

III. Armes étrangères mentionnées dans la bible. — Les soldats étrangers dont il est question dans l'Écriture étaient pourvus des mêmes armes que les Hébreux. Jérémie, parlant des troupes égyptiennes, les représente armées de boucliers, de lances, de casques et de cuirasses. Jer., XL VI, 3-4. Cet armement était aussi celui des Chaldéens, Ezech., xxiii, 24-25, auxquels Jérémie attribue, ainsi qu’aux Perses, l’usage de l’arc et du javelot (kidôn). Jer., vi, 23 ; L, 42. Les soldats du roi Gog étaient armés d’arcs, d'épées, de cuirasses, de boucliers et de lances. Ezech., xxxviii, 4 ; xxxix, 9. Il est fait également mention de casques et de boucliers dans l’armée des Perses, des Lydiens, des Libyens, Ezech., xxvii, 10, et des Éthiopiens, Ezech., xxxviii, 5, ainsi que d’arcs et de flèches dans l’armée assyrienne. Is., v, 28. L’armement des Syriens, au temps des Séleucides, était le casque d’airain et la cuirasse en forme de cotte de mailles, avec le bouclier d’airain, ou d’or pour les chefs. I Mach., vi, 35-39. À l'époque des Rois ils se servaient aussi de l’arc. III Reg., xxii, 34 ; II Par., xviii, 33.

IV. Histoire des armes dans l'Écriture. — En comparant les divers passages bibliques relatifs aux armes offensives et défensives, on obtient une certaine vue d’ensemble sur les progrès de l’armement des Hébreux et les transformations qu’il eut à subir suivant les progrès de l’art, et les besoins de l’attaque et de la défense.

À l’origine et avant l’invention des métaux, Gen., iv, 22, l’armement du guerrier fut formé de tout ce que la nature peut offrir de résistant, comme massues et épieux du bois le plus dur, haches et couteaux de silex, boucliers de bois ou d’osier recouverts de peaux d’animaux. Depuis lors les armes métalliques remplacèrent peu à peu les armes de pierre et de bois. Cependant, sous les patriarches, l’armement des Hébreux demeura élémentaire. Quand le serviteur, revêtu de ses habits ordinaires, les pieds et la tête nus, avait pris en main, pour défendre la cause de son maître, son arc et ses flèches ou son glaive, Gen., xxvii, 3 ; xlviii, 22 ; xlix-, 23-24, il était armé. C’est toute l’extension qu’il faut donner au mot hâmusîm, « équipés. » Exod., xiii, 18 ; Jos., i, 14 ; iv, 12 ; Jud., vii, 11.

Moïse et Josué commencèrent à donner au peuple dont ils avaient la conduite une organisation militaire, sans que le système d’armement en fût sensiblement changé. À côté de l'épée, de l’arc et du bouclier déjà mentionnés sous l'ère patriarcale, nous trouvons alors la pique, employée quelquefois comme javelot. Num., xxv, 7. Sous les Juges est mentionné le poignard à deux tranchants, Jud., iii, 16, qui d’ailleurs ne paraît pas avoir été très répandu comme arme de combat, et la fronde, Jud., xx, 16, qui devient surtout l’arme d’attaque dans la tribu de Benjamin. Ce qui est certain, bien que l'Écriture n’en parle pas, c’est que la nécessité de combattre, non plus seulement corps à corps et en rase campagne, mais sous les murs de villes fortifiées auxquelles il fallait donner l’assaut, Jos., VI, 1, 20 ; viii, 1, 3 ; x, 2-5, dut introduire dans l’armement de notables modifications.

Jusqu'à David chacun des combattants, quand la guerre éclatait, se procurait des armes comme il pouvait. À certaines époques, sous les Juges et même du temps de Saül, les armes avaient été rares en Israël, autrement on n’aurait pas vu Samgar s’armer d’un soc de charrue contre les Philistins, Jud., iii, 31, et Samson les combattre avec tout ce qui se trouvait sous sa main, jusqu'à une mâchoire d'âne. Jud., xv, 15-16. Si l’on peut raisonnablement interpréter d’une autre manière l’allusion du cantique de Débora à l’absence de lances et de boucliers, Jud., v, 8, il est dit que dans la guerre de Saül contre les Philistins il n’y eut dans toute l’armée d’Israël ni une lance ni une épée, excepté celles de Saül et de son fils, I Reg., xiii, 22, et il est à penser que cette pénurie d’armes dura aussi longtemps que la domination tyrannique des Philistins.

La période des Rois, en amenant la formation d’une armée permanente, produisit dans l'équipement et l’armement des troupes une véritable transformation. Il fallut de plus armer, d’une manière conforme à leur mode de combat, le corps de cavalerie et les chars de guerre créés par Salomon. IU Reg., x, 26 ; II Par., i, 14. Il n’est