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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/569

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ARMÉES ÉTRANGÈRES (SYRIENNE) — ARMÉNIE

armés de la sarisse ou longue pique de vingt et un pieds et de l’épée. Les corps auxiliaires avaient des armes particulières, presque toujours celles de leur pays. Le premier livre des Machabées, ix, 11, distingue expressément les archers et les frondeurs, qui étaient placés au premier rang dans le combat.


272. — Éléphant broyant un Galate. Terre cuite de Myrina. Musée du Louvre.
Ce groupe a douze centimètres de haut sur autant de large. La tour et la housse avaient été peintes en rouge, les deux bossettes placées sur la tour en bleu. L’éléphant appartient à la race de l’Inde. Le soldat qu’il écrase est un Galate, reconnaissable en particulier à ses armes. Cette figurine est peut-être un souvenir de la victoire qu’Antiochus Soter remporta en 375 avant J.-C. sur les Galates, grâce aux seize éléphants qu’il avait dans son armée. Voir E. Pottier et S. Reinach, Fouilles dans la nécropole de Myrina, dans le Bulletin de correspondance hellénique, t. ix, 1885, p. 485 à 493.

Les cavaliers sont aussi souvent mentionnés, ils étaient très nombreux et ils jouaient un rôle important dans les batailles. I Mach., i, 18 ; iii, 39 ; IV, 1, 28, 31, etc. Ils commençaient l’attaque et soutenaient les fantassins, I Mach., iv, 7 ; vi, 38 ; ils étaient chargés en particulier de protéger les éléphants, quand ces animaux faisaient leur charge. I Mach., vi, 35. La cavalerie était placée avec les corps auxiliaires sur les flancs ; la phalange au centre. Tous les soldats des rois de Syrie étaient d’ailleurs bien fournis de ces nombreuses armes défensives qu’avait imaginées ou perfectionnées l’esprit inventif des Grecs. Cf. H Mach., v, 3. L’auteur du premier livre des Machabées, iv, 6-7, signale le contraste entre les trois mille hommes de Juda, « qui n’avaient ni armure ni épée, » et les soldats ennemis, « établis solidement dans leur camp, couverts de leurs cuirasses et entourés de cavaliers. » Cf. I Mach., vi, 35. Plus loin, I Mach., VI, 35, 39, il admire leurs casques de bronze et « leurs boucliers d’or et d’airain, qui resplendissent sur les montagnes et brillent comme des flambeaux éclatants ». Certains corps étaient en effet armés de bouchère d’argent, on les appelait ἀργυράσπιδες, Tite Live, xxxvii, 40 ; Polybe, v, 79 ; d’autres avaient des boucliers d’airain, χαλκασπιδες, Polybe, ii, 66. Pour les sièges, les Syriens avaient un grand nombre de machines, anciennes et nouvelles, qui lançaient des traits enflammés, des flèches et des pierres. I Mach., vi, 51. Les auteurs des livres des Machabées parlent aussi des vaisseaux des rois d’Antioche. I Mach., i, 18 ; xv, 3, 14, 37-38 ; II Mach., iv, 20 ; xiv, 1. — Voir Rüstow et Köchly, Geschichte der griechischen Kriegswesens, in-8o, Argovie, 1852 : G. Busolt et Bauer, dans Iwan Müller’s Handbuch der classischen Alterthums Wissenschaft, t. iv, l r « part., Nordlingue, 1887, p. 318-329 ; G. Gilbert, Handbuch der griechischen Staatsalterthümer, 2 in-8o, Leipzig, 1881-1885 _ H. Droysen, Heerwesen und Kriegführung der Griechen, dans K. F. Hermann’s Lehrbuch der griechischen Antiquitäten, t. ii, 2e part., in-8o, Fribourg-en-Brisgau, 1889.

ARMÉNIE. I. Nom. — L’Arménie est appelée, dans la Bible, de différents noms, quelques-uns désignant l’ensemble du pays, d’autres ne s’appliquant qu’à l’une ou l’autre province.

Noms désignant l'ensemble du pays. — L’appellation Arménie ou son équivalent terre des Arméniens ne se rencontre que dans deux passages de la Vulgate : Gen., viii, 4 et IV Reg., xix, 37. Ailleurs l’Arménie est désignée par le mot Ararat. Is., xxxvii, 38, et Jer., li, 27 ; Tob., i, 21 (texte grec). — Dans ces différents passages, le texte hébreu porte ʾĂrârât. Les Septante ont Ἀραράτ, Gen., viii, 4 ; IV Reg., xix, 37 ; εἰς Ἀρμενιαν, Is., xxxvii, 38, et, faute manifeste de copiste, ἄρατε, Jer., xxviii (hébreu : li, 27). Voir aussi Tobie, i, 21. Aquila, Symmaque et Théodotion, comme la Vulgate, ont Armenia dans les deux premiers passages. Théodoret emploie aussi Ἀρμενια pour le passage que les Septante ont si mal lu. La version syriaque et l’arabe ont tantôt Qardu, c’est-à-dire Gordyène (Syriaque : Gen., viii, 4, et Is., xxxvii, 38 ; Arabe : Gen., vin, 4), tantôt Ararat (Syriaque : IV Reg., xix, 37 ; Jer., ii, 27 ; Arabe : IV Reg., xix, 37) et tantôt Arménie. Arabe : Is., xxxvii, 38. Les deux noms Arménie et Ararat ont donc été employés à une certaine époque pour désigner, dans son ensemble, un seul et même pays ; nous allons les étudier au point de vue de leur histoire et de leur étymologie. Pour ce qui est de Qardu, ce terme ne désignait que les montagnes du Kurdistan, et non celles d’Arménie.

A) Arménie. — Ce mot ne se rencontre jamais dans les inscriptions cunéiformes d’Assyrie ni dans celles d’Arménie. Les auteurs arméniens n’emploient pas davantage cette appellation pour désigner leur pays, qu’ils nomment Haïk. Le document le plus ancien où nous trouvions le mot Arménie est l’inscription colossale de Darius à Béhistoun. Ce monument exécuté, suivant sir H. Rawlinson, en 516, contient plusieurs fois le mot A-r-m-i-n-a. Hérodote, iii, 93, emploie aussi le mot Ἀρμενια, et, après lui, tous les historiens et géographes classiques s’en sont servis à l’exclusion de tout autre. C’est de là qu’il a passé dans les versions de la Bible. Strabon, xi, 14, et, après lui, Justin, xlii, 2, font dériver Arménie d’Ἄρμενος, Thessalien qui faisait partie de l’expédition des Argonautes. Moïse de Khorène, Hist., i, 12, dit que c’est du roi Aram, fils d’Harma, et sixième descendant de Haïg, que les Grecs appellent son pays Armen ; les Perses et les Syriens, Arméni. Suivant Bochart, Phaleg., i, 3, l’étymologie la plus probable serait har-Minni (mont de Minni), que le Targum de Jonathan porte, Jer., li, 27, là où le texte original a simplement Minni. Calmet, Dictionnaire de la Bible, au mot Menni, suggère Aram et Minni, c’est-à-dire le Syrien de Minni. D’autres, assez nombreux, croient que l’Arménie est ainsi appelée à cause de sa grande élévation, aram, en hébreu, n’étant qu’une variante de la racine rûm, être élevé. Cf. Rosenmüller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. i, p. 267. — L’étymologie qui croyait retrouver l’élément Arya dans le nom de l’Arménie (Saint-Martin, Mémoires sur l’Arménie, 1. 1, p. 269 ; Spiegel, Beiträge zur vergl. Sprachforschung, l. 1, p. 131, etc.) est aujourd’hui reconnue par les meilleures autorités comme à tout le moins douteuse. Fr. Lenormant la tient pour radicalement fausse (Les origines de l’histoire, t. ii, p. 378). Max Müller, La science du langage, 1re série, traduction française, p. 260, est du même avis. Moins probable encore est l’opinion de Wahl, Asien, p. 807, Anmerk. 11, cité par Rosenmüller, Handb. der biblisch. Alterth., l. 1, p. 267,