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ARNON — ARŒR


et d’arbrisseaux. L’eau limpide murmure sur un lit de cailloux, et nourrit une très grande quantité de poissons qui se laissent facilement prendre ; elle a tracé en plusieurs endroits des marques évidentes de son impétuosité dans la saison des pluies. Après avoir traversé comme un corridor sinueux, creusé dans la montagne, elle vient s'épancher dans la mer Morte (flg. 275) à travers une jungle de saules, de roseaux, de tamaris, d’arbustes divers, d’arbres secs, submergés jusqu’aux branches inférieures, comme on en voit, sur l’autre bord, entre Ain Feschkah et Redjom Louth. On ne compte que quelques passages coriduisant d’un côté à l’autre de cette profonde fissure au fond de laquelle coule l’Arnon. On en signale un près de son embouchure, et un autre, le plus important, dans la partie supérieure de son cours, sur la voie romaine qui allait de Rabbath Moab à Rabbath Amman et franchissait la rivière sur un pont d’une seule arche, aujourd’hui renversée. Deux anciens forts ruinés, avec des débris de colonnes et de constructions diverses, sont les seuls souvenirs du passé.

L’Arnon a été assez bien appelé le Rubicon des Israélites : c’est en le passant qu’ils prirent possession de la Terre Promise. Mais où le passèrent-ils ? Probablement vers ses deux branches du Baloûa et du Ledjoum, là où il coule encore « dans le désert ». Num., xxi, 13. Une double raison, en effet, empêche de croire qu’ils aient suivi la voie débouchant par Aroêr au pays amorrhéen. Comment une si grande multitude se serait-elle, sans nécessité, exposée corps et biens aux dangers d’une route extrêmement difficile, et où le peuple qu’elle voulait vaincre avait tout avantage contre elle ? Ensuite les Israélites, ayant reçu de la part de Dieu défense de combattre les Moabites, Deut., ii, 9, contournèrent leur pays par la frontière orientale, Num., xxi, 11, et arrivèrent à-la partie supérieure de l’Arnon.

Voir J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 371-375 ; U. J. Seetzen, Reisen durch Syrien, Palâstina, Berlin, 1854, t. ii, p. 364-367 ; E. Robinson, Physical Geography of the Holy Land, , Londres, 1865, p. 16$1-$266 ; duc de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 115-116, 166-167 ; H. B. Tristram, The Land of Moab, Londres, 1874,

p. 124-131.

A. Legendre.

1. AROD (hébreu : 'Arôd ; Septante : 'ApaoSf), sixième fils de Gad. Num., xxvi, 17. Appelé aussi Arodi, Gen., xl vi, 16, d’où la famille des Arodites. Num., xxvi, 17.

2. AROD (hébreu : 'Arâd, « onagre ; » Septante : 'QpîjB), benjamite, cinquième fils de Baria. I Par., viii, 15.

    1. ARODI##

ARODI, forme du nom d’Arod, Gen., xlvi, 16. Voir Arod 1.

    1. ARODITE##

ARODITE, de la famille d’Arod. Num., xxvi, 17. Voir Arod 1.

    1. AROËR##

AROËR (hébreu : 'Ârô'êr ; une fois, Jud., xi, 26, avec transposition du cholem, 'Ar'ôr ; Septante : 'Apoïjp), nom de plusieurs villes situées à l’est et à l’ouest du Jourdain. Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 1073, donne à ce mot le sens de « ruines » ou « édifices dont les fondements sont mis à nu ». D’autres se demandent si l’on ne pourrait pas avec autant de vraisemblance le rapprocher

de l’arabe j££, 'ar’ar, « genévrier ; » dérivation qui

serait semblable à celle de Luz ou Luza, hébreu : Lûz, « amandier, » de Rimmon, « grenadier, » etc.

1. AROËR, ville située « sur le bord du torrent d’Arnon », 'al iefat-nahal 'Arnôn, Deut., ii, 36 ; iv, 48 ; Jos., XII, 2 ; xiii, 9, 16 ; ou « sur le torrent d’Arnon », 'al nafral 'Arnôn, Deut., iii, 12 ; IV Reg., x, 33. Placée sur la rive

droite du fleuve, elle était à l’extrême limite méridionale du royaume de Séhon, roi des Amorrhéens. Jos., XII, 2. Conquise par les Israélites, dont elle marquait également, de ce côté, la frontière sud, Deut., ii, 36 ; iii, 12 ; iv, 48 ; restaurée par la tribu de Gad, Num., xxxii, 34, elle fut, au moment du partage, assignée à la tribu de Ruben. Jos, , xiii, 9, 16 ; IV Reg., x, 33 ; I Par., v, 8. Elle tomba plus tard au pouvoir des Moabites. Jer., xlviii, 19. Plusieurs auteurs prétendent que c’est elle, et non pas celle de Gad, qui est mentionnée II Reg., xxiv, 5 ; elle aurait ainsi servi de quartier général à Joab dès le début de ses opérations pour le dénombrement d’Israël. Voir Aroer 2. Mésa, dans sa stèle, ligne 26, dit qu’il « bâtit », c’està-dire reconstruisit ou releva « Aroër », nyfny]. Cf. A. de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4 ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 62.

Aroër est ainsi décrite dans VOnomasticon, Gœttirigue, 1870, p. 212 : « Aroër, qui est sur la rive du torrent d’Arnon, ville de Moab, autrefois possédée par l’antique nation des Ommim… On la montre encore aujourd’hui sur le sommet de la montagne ; le torrent, descendant par une pente abrupte, coule dans la mer Morte. » Cf. S. Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum Iieb., t. xxiii, col. 865. Les voyageurs modernes n’ont fait que confirmer ces détails. En suivant la voie romaine qui conduisait autrefois de Rabbath Moab ou Aréopolis à Hésébon (Hesbàn), une heure après avoir franchi le lit de VOuadi el-Modjib (Arnon), et après avoir gravi les flancs escarpés de sa rive septentrionale, on arrive à un site ruiné, appelé 'Ar'âîr par Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 372. Le nom et l’emplacement conviennent parfaitement à la cité biblique.

Le sommet sur lequel sont les ruines à." Ar'âîr ne s'élève que faiblement au-dessus du plateau qui l’environne vers le nord, mais du côté du sud il domine la profonde échancrure au fond de laquelle coule l’Arnon. Dans cette dernière direction un magnifique coup d’oeil, tombant sur un paysage qui contraste singulièrement avec celui de la plaine supérieure, embrasse, outre la vallée principale, une seconde vallée, qui vient de l’est, et plusieurs petits vallons. L’ancienne ville d' Aroër était de moyenne grandeur, mais bâtie très régulièrement. On voit encore les restes d’une muraille carrée, composée de grosses pierres brutes, et renfermant un second mur intérieur, plus élevé. Le point central, le plus haut, est marqué par les ruines d’un édifice. On trouve en outre, à l’est et au nord, les traces de faubourgs assez étendus ; celui du nord renferme une pierre dressée sur le point le plus élevé. Cf. C. Schick, Bericht ùber eine Reise nach Moab, im April 1877, dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, t. ii, Leipzig, 1879, p. 9 ; traduction dans Palestine Exploration Fund, Londres, 1879, p. 190. « Ces ruines, dit H. B. Tristram, sont sans relief ; je n’y ai pas trouvé trace de temples romains, quoique plusieurs arceaux soient encore debout. » The Land of Moab,

Londres, 1874, p. 130.

A. Legendre.

2. AROËR, « qui est en face de Rabbah, » 'al penê Rabbdh, Jos., xiii, 25, ville de la tribu de Gad, distincte de la précédente. En effet, Josué, déterminant les limites de la tribu de Ruben, dit qu’au sud elles partaient « d' Aroër, qui est sur le bord du torrent d’Arnon », Jos., xm, 16 ; mais, plus loin, fixant les frontières de Gad, il les étend vers l’est « jusqu'à Aroër, qui est en face de Rabbah ». Jos., xiii, 25. En précisant leur situation respective, il prend donc soin de les distinguer l’une de l’autre. Ensuite la Rabbah dont il est question ici ne peut être que celle des Ammonites, Rabbathvmmon, aujourd’hui Amman, puisque, dans le même verset, l’auteur sacré vient de parler de & la moitié de la terre des fils d’Ammon ». Il est clair enfin que V Aroër de l’Arnon, située