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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/611

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ASCENSION — ASCHÉRA

Aussi bien toutes les traditions des premiers siècles placent sur le sommet central du mont des Oliviers le théâtre de l’Ascension. Sainte Hélène, en y élevant une basilique, ne fit que consacrer par un monument la croyance de tous les chrétiens. Cette basilique, détruite en 614 par les Persans, et relevée de ses ruines au viie siècle, fut renversée par l’ordre de Hallem, et plus tard reconstruite par les croisés. La troisième basilique fut démolie par les musulmans redevenus maîtres de la Terre Sainte. Ils laissèrent cependant subsister Pédicule octogonal qui renfermait, selon la tradition, les vestiges des pieds de Notre-Seigneur. Cet édicule fut muré par eux et transformé en un petit oratoire musulman y au milieu duquel ils ont respecté la pierre qui garde encore les vestiges, aujourd’hui très dégradés, d’un pied qui passe pour être le pied gauche de Notre-Seigneur. Voir V. Cuérin, Jérusalem, p. 345-346 ; Mislin, Les Saints Lieux, t. ii, p. 468. Cf. Eusèbe, Vita Constantini, iii, 43, t. xx, col. 1104 ; Dem. evang., vi, 18, t. xxii, col. 460 ; Pseudo-Jérôme, Liber nom. loc. ex Actis, au mot Mons Oliveti, t. xxiii, col. 1301-1302.

Le mot « Ascension » signifie aussi la fête qui est célébrée, le quarantième jour après la résurrection et dix jours avant la Pentecôte, en mémoire de l’ascension du Sauveur. Elle est d’origine très ancienne. Voir S. Augustin, Epist. cxviii, 1, t. xxxiii, col. 200 ; Serm. cxxxrv de tempore, t. xxxviii, col. 1209 ; Constit. Apost., viii, t. i, col. 1136 ; Suarez, De præceptis affirmativis ad Dei cultum, l. ii, De Sacrorum seu festorum dierum observatione et præcepto, c. vii, 1 ; Duchesne, Origine du culte chrétien, in-8°, Paris, 1889. G. Martin.

2. ASCENSION D’ISAÏE, livre apocryphe. Voir Apocalypses apocryphes, 9°, col. 764.

ASCHBÉA (hébreu :’Ašbêa‘; Septante :Ἐσοβά), nom propre que la Vulgate a traduit, d’après sa signification, I Par., iv, 21, par « Jurement ». Il n’est pas possible de savoir s’il désigne dans ce passage une personne ou une localité. Certains commentateurs croient que c’est le nom d’un chef de famille descendant de Juda, fils de Jacob, par Séla, lequel s’appelait Aschbéa, et faisait travailler le lin dans sa maison. D’autres pensent que le mot aschbéa doit se joindre au mot Bêṭ (« maison »), qui précède dans le texte original, et se lire par conséquent Beth-Aschbéa, nom. d’une localité inconnue, où auraient habité les descendants de Juda qui travaillaient le lin. Le laconisme du récit sacré ne permet pas de décider laquelle de ces deux opinions est la plus vraisemblable.


ASCHDOTH HAP-PISGAH (’Ašdôṭ hap-Pisgâh ; Septante : Ἀσηδὼθ τὴν Φασγά, Deut., iii, 17 ; Ἀσηδὼθ τὴν λαξευτήν, Deut., iv, 49 ; , Jos., x, 40 ; xii, 8 ; Ἀσηδὼθ Φαργά, Jos., xii, 3 ; Vulgate : ad radices montis Phasga, Deut., iii, 17 ; iv, 49 ; Asedoth, Jos., x, 40 ; xii, 8 ; Asedoth Phasga (il ne faut point, entre Asédoth et Phasga, la virgule que portent les éditions de la Vulgate ; car ces deux mots ne forment qu’un seul et même nom), Jos., xii, 3. Voir Asédoth.


ASCHER ben Josef, rabbin de Cracovie, qui vécut dans la première moitié du xvie siècle. Il laissa un commentaire sur les Lamentations de Jérémie, in-4°, Cracovie, 1585.

E. Levesque.


ASCHÉRA est un nom hébreu, ’Ăšêrâh, qui se lit dans le texte original dix-huit fois au singulier, Deut., xvi, 21 ; Jud., vi, 25, 26, 28, 30 ; I (III) Reg., xv, 13 ; xvi, 33 ; xviii, 19 ; II (IV) Reg., xiii, 6 ; xvii, 16 ; xviii, 4 ; xxi, 3, 7 ; xxiii, 4, 6, 7, 15 ; II Par., xv, 16 ; trois fois au féminin pluriel, ’ăšêrôṭ: Jud., iii, 7 ; II Par., xix, 3; xxxiii, 3, et dix-neuf fois au masculin pluriel, ’ăšêrim : Exod., xxxiv, 13 ; Deut, vii, 5 ; xii, 3 ; I (III) Reg., xiv, 15, 23 ; II (IV) Reg., xvii, 10 ; xxiii, 14 ; II Par., xiv, 2 (3) ; xvii, 6 ; xxiv, 18 ; xxxi, 1 ; xxxiii, 19 ; xxxiv, 3, 4, 7 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; Jer., xvii, 2; Mich., v, 13. Il désigne tantôt une déesse, qui n’est autre sans doute qu’Astarthé, tantôt la stèle ou pieu de bois symbolique qui la représentait ou lui était consacré. D’après son sens étymologique, « être droit, être heureux, » ce nom peut convenir aussi bien à la déesse du plaisir qu’à la colonne dressée en son honneur. Les anciens traducteurs ont méconnu le sens propre de ce mot, que les Septante rendent presque partout par ἄλθος, et la Vulgate, d’après eux, par lucus ou nemus, « bois, bosquet » Dans plusieurs passages, cette traduction est insoutenable : par exemple, là où il est question de ’Ăšêrâh placé sur un autel, Jud., vi, 25, ou élevé sous tout arbre vert. III Reg., xiv, 23 ; IV Reg., xvii, 10. Dans Deut., xvi, 21, le verbe planter a pu donner lieu à cette traduction ; mais le passage ne la justifie nullement, si on l’examine sur l’hébreu : « Tu ne planteras en ’ăšêrâh aucun arbre près de l’autel de Jéhovah ton Dieu. » On remarquera en outre la suite de la prescription au ꝟ.22 ; Dieu ne veut près de son autel ni ’ăšêrâh ni maṣṣêbâh (pierre levée, stèle). Enfin partout où se rencontre ailleurs le nom ’ăšêrâh, l’une des deux significations proposées cadre parfaitement avec le contexte.

1° Nous citerons d’abord les passages où ’Ăšêrâh figure comme une divinité étrangère, à laquelle on rend un culte à côté de Baal et de toute l’armée du ciel. IV Reg., xxiii, 4 ; cf. xxi, 3 ; II Par., xxxiii, 3. Elle a une image taillée, pésél, IV Reg., xxi, 7 ; une idole. III Reg. xv, 13 ; II Par., xv, 16. Il y a des prophètes de ’Ăšêrâh comme des prophètes de Baal. III Reg., xviii, 19. Elle est le plus souvent associée à Baal, ce qui nous autorise à voir en elle l’inséparable compagne de ce dieu, qui est ailleurs nommée Astarthé. La manière même dont les deux noms sont échangés dans Jud., ii, 13, et iii, 7, confirme cette identification. (La Vulgate a traduit dans les deux endroits Astaroth, tandis que, si nous avons dans l’hébreu pour le premier ’Ašṭârôṭ, nous avons pour le deuxième ’Ăšêrôṭ.) Nous pouvons donc, pour la nature de cette déesse et l’histoire de son culte chez les Hébreux, renvoyer à l’article Astarthé.

Une inscription phénicienne place dans un rapport étroit les noms ’ăšêrâh et ’aṭoreṭ, en qualifiant ainsi une déesse : « ’Ašṭôrét en ’ăšêraṭ de ’El Hamman. » עשתרת באשרת אל חמן. Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, p. 331. Mais en dehors de la Bible, on n’avait, jusqu’à ces derniers temps, aucune indication permettant de considérer Aschéra comme le nom propre d'une déesse. On pouvait penser que les Hébreux avaient appliqué à Astarté un vocable commun, « la bonne, l’heureuse, » ou qu’ils l’avaient désignée par le nom de sa représentation symbolique. Sur une des tablettes cunéiformes trouvées en Egypte, à Tell-Amarna, un officier chananéen porte un nom dans lequel Aschéra figure comme celui d’une divinité : Abdaširti ou Abdašrati, c’est-à-dire « serviteur d’Ašerat », de même qu’Astarthé dans le nom phénicien Abdastérét, « serviteur d’Astarthé. » Cf. Halévy, Revue des études juives, 1890, t. xxi, p. 57.

2° Là où ’ăšêrâh désigne l’emblème de la déesse, il s’agit toujours, dans la Bible, d’un pieu de bois que les Israélites fidèles coupent et brûlent. Exod., xxxiv, 13 ; Jud., vi, 25, 26, 28, 30 ; IV Reg., xxiii, 6, etc. De même que les Chananéens joignaient ce pieu à l’autel de Baal, la divinité mâle, de même les Hébreux auraient pu être tentés d’en élever près de l’autel de Jéhovah. Le Deutéronome, xvi, 21, interdit cette profanation. Cf. Mich., v, 13 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9. Dans ces deux derniers passages, les ’ăšêrîm figurent à côté des ḥammânim, représentations solaires de Baal. On leur rendait un culte comme aux autres idoles : « Ils servirent les ’ăšêrîm et les idoles ». II Par., xxiv, 8. La colonne symbolique se trouve associée au culte d’Astarté là où, honorée comme déesse du plaisir, on l’assimile, à l’époque gréco-romaine,