puyées en somme sur les mêmes raisons, différant seulement en quelques points. Pour Robinson, Biblical Research.es, t. iii, p. 365-386, il faut chercher Asor à Tell Khuréibéh, colline élevée, qui se trouve juste à l’ouest et non loin du lac Houléh, et un peu au sud de Qadès. Pour V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 363-368, on doit plutôt la reconnaître à Tell el-Harr août ou Harraouéh (Harrah dans la grande carte anglaise, Londres, 1890, feuille 6), éminence située à une heure et au nord-est de la première, plus rapprochée du lac. Les arguments peuvent se résumer ainsi : — 1° Jabin, roi d’Asor, voulant s’opposer à la conquête de Josué, rassemble son armée et celle des princes, ses alliés, « près des Eaux de Mérom, » Jos., xi, 5, ce qui sup pose la capitale peu éloignée du champ de bataille. Josèphe, Ant. jud., V, i, 18, raconte le même combat comme ayant été livré près de la ville de Bérotha, dans la haute Galilée, non loin de Qadès. — 2° Dans rénumération des villes fortifiées de Nephthali, Josué, allant du sud au nord, la mentionne entre Arama (Er-Raméh) et Cédés (Qadès), ce qui la place au-dessous de cette dernière. Jos., xrx, 35-39. Citée dans un ordre inverse parmi les villes qui tombèrent aux mains de Téglathphalasar, roi d’Assyrie, c’est-à-dire Aïon (Tell Dibbin), Abel-Beth-Maacha (Abil el-Kamh), Janoé (Yanouh) et Cédés (Qadès), elle retrouve la même situation. — 3° Le passage le plus précieux pour fixer le site d’Asor est celui de I Mach., XI, 63-74. Les généraux de Démétrius sont à Cadès avec une puissante armée. Jonathas vient camper pendant la nuit « près des eaux de Génésar », c’est-à-dire près du lac de Tibériade, et le lendemain, avant le jour, il arrive « dans la plaine d’Asor », où il rencontre les troupes ennemies. Ses soldats, surpris par une embuscade placée dans les montagnes qui bordent la plaine vers l’ouest, sont d’abord en proie à une telle panique, qu’ils prennent la fuitesmais, à la vue de Jonathas combattant intrépidement avec quelques hommes, ils reviennent à la charge et poursuivent leurs adversaires jusqu'à leur camp de Cadès. De ce témoignage, confirmé par le récit analogue de Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 7, il résulte que la plaine d’Asor, située très probablement au pied de la ville de ce nom, qui, comme la plupart des cités fortes d’alors, devait être placée sur une hauteur, se trouvait entre le lac de Génésareth au sud et la ville de Cadès au nord, et non loin des deux, puisque Jonathas, parti des rives du lac, arrive dans la plaine avant le lever de l’aurore, et poursuit l’ennemi jusqu'à son camp de Cadès. Les deux sites proposés répondent également bien à ces données du texte sacré. — 4° Enfin Josèphe, dans un endroit, Ant. jud., IX, XI, , mentionne Asor, "A<7<opa, à côté de Cadès, Kv8î<r « , et, dans un autre, V, v, 1, la place au-dessus du lac Séméchonitis. Sous ce dernier rapport, l’opinion de V. Guérin semble prévaloir, car Tell el-Harraoui est plus rapproché du lac Mérom.
IL Description. — La hauteur dite Djebel el-Harraoui est couronnée par un sommet oblong, « qui constitue une plate-forme inégale, longue de cent douze pas du nord au sud, sur vingtcinq pas de large vers le nord, cinquante vers le centre et quarante vers le sud. Une puissante enceinte environne ce tell. Aux trois quarts renversée, elle était flanquée de plusieurs tours carrées, construites, comme la muraille elle-même, avec de gros blocs plus ou moins bien équarris et reposant sans ciment les uns audessus des autres. Au dedans, et principalement vers le sud-est, on distingue les arasements de plusieurs constructions importantes, bâties avec des blocs polygonaux. Un certain nombre de citernes creusées dans le roc, particulièrement sous les tours, sont ou intactes ou à moitié comblées. Des sycomores et des térébinthes ont pris çà et là racine au milieu des ruines. La ville dont cette forteresse formait l’acropole s'étendait au-dessous, vers l’est, sur plusieurs terrasses successives. Bouleversée de fond en comble, elle n’est plus parcourue que par de pauvres bergers, qui promènent leurs troupeaux sur ces débris solitaires. Des herbes sauvages, des broussailles et des
chardons gigantesques, entremêlés de caroubiers, de térébinthes et de chênes verts, croissent partout sur l’emplacement qu’occupaient jadis des maisons et quelques édifices publics. La ville paraît avoir été détruite dès l’antiquité elle-même, car rien n’y atteste des réédifications modernes, et tout, au contraire, y porte la trace des âges les plus reculés, notamment l’appareil polygonal des blocs employés et l’absence de ciment. » V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 363-364.
Le Tell el-Khuréibéh, « colline des ruines, » se trouve à une heure vers le sud-ouest, s Le plateau supérieur de cette colline est environné d’un mur épais à gros blocs à peine taillés et dont quelques assises sont encore debout. Au dedans de cette enceinte oblongue, qui s'étend de l’ouest à l’est, gisent les débris de nombreuses petites maisons bâties en pierres sèches et d’apparence arabe ; elles avaient succédé à d’autres plus anciennes, dont il subsiste encore un certain nombre de citernes creusées dans le roc. Vers le nord principalement, les flancs de la colline sont soutenus d'étage en étage par plusieurs gros murs d’appui. Au milieu de l’une de ces plates-formes artificielles, on avait pratiqué sur une surface aplanie trois belles cuves sépulcrales, parallèles et contiguës. » V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 368-369. Le même savant explorateur fait remarquer que les ruines du Tell elKhuréibéh sont moins importantes et moins étendues que celles du Tell el-Harraoui, ce qui, ajouté à la distance du lac Mérom, lui fait préférer cette dernière colline comme site d’Asor. D’après les auteurs anglais, G. Armstrong, W. Wiison et Conder, Names and places in the Old and New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 83, le nom d’Hazor survit encore dans le Djebel Hadîréh, situé un peu au sud-ouest des deux localités que nous venons de décrire.
III. Histoire. — À l’entrée des Israélites dans la Terre Promise, Asor était la plus importante des cités du nord, et la capitale du roi Jabin. Aussi est-ce dans ses environs, non loin de ses puissantes murailles, qu'à la voix de celui-ci se rassemblèrent tous les princes de la contrée, pour opposer une barrière à la conquête de Josué. Après les avoir mis en déroute et poursuivis jusqu'à Sidon, le chef du peuple hébreu revint sur ses pas, frappa du glaive le roi et les habitants et réduisit la ville en cendres. Jos., xi, 1-13. Elle ne tarda sans doute pas à se relever de ses ruines ; ce qui du reste n’a rien d’invraisemblable, car, dans ces temps-là, une fois le vainqueur parti, on s’empressait de reconstruire les cités détruites, comme le témoignent les inscriptions assyriennes, sans parler des récits bibliques. Cf. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 281, notel. Cent cinquante ans plus tard, un des descendants de Jabin, portant le même nom, et comme lui habitant Asor, était, comme lui aussi, à la tête des Chananéens, qui avaient eu le temps de réparer leur défaite et de retrouver leurs forces. Pendant vingt ans, il soumit les Hébreux du nord à un dur tribut, sans qu’ils cherchassent à secouer le joug, n’osant se mesurer avec les terribles chariots de fer que conduisait Sisara, son général ou roi vassal. Débora et Barac mirent fin à l’oppression par la victoire remportée dans la plaine d’Esdrelon. Jud., iv.
Nous devons, à propos de ce dernier épisode, répondre à une objection de Keil, Josua, Richter und Rulh, Leipzig, 1874, p. 90, tendant à prouver qu’Asor ne pouvait être dans le voisinage immédiat de Cadès, parce qu’alors Barac n’aurait pas pu rassembler son armée dans cette dernière ville, sous les yeux de Jabin, ni la conduire de là, c’est-à-dire des portes d’Asor, à la montagne du Thabor. Nous ferons simplement remarquer le plan de bataille, si admirablement inspiré. Débora et Barac se rendirent à Cadès, et là firent appel au patriotisme des Hébreux, en les prévenant secrètement du projet qu’ils méditaient. Les hommes de bonne volonté se rendirent, chacun de leur côté, en évitant les villes chananéennes, au lieu