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ASPERSION — ASPIC


t aspergée de sang », pour marquer le triomphe remporté par lui sur ses ennemis, qu’il a immolés dans sa colère, et dont le sang a rejailli sur ses vêtements. Dans lsaïe, lu, 15, il est dit, au moins d’après la traduction de la Vulgate, que le Messie « aspergera beaucoup de nations » ; cette figure annonçait le sacrifice de Jésus, dans lequel il a répandu son sang pour tous les hommes et tous les peuples. Sur les difficultés de ce dernier verset, traduit difTéremment par les Septante, voir Gesenius, Commentar ûber den Jesaia, lii, 15, Leipzig, 1821, p. 174-176, et Thésaurus linguse hebrsex, p. 868 ; Rosenmùller, In Isaiam prophetam, lii, 15, Leipzig, 1820, p. 334-338. Un grand nombre de commentateurs modernes expliquent ce passage d’Isaïe de la manière suivante : « Ainsi il fera lever de nombreuses nations devant lui, » par respect pour sa personne, sens qui s’accorde avec le second membre du parallélisme : « Et les rois [eux-mêmes] se taisent » remplis d’étonnement. — Pour la défense de la traduction donnée par la Vulgate, Aquila, Théodotion, la Peschito et plusieurs modernes, voir Knabenbauer, Commentarius in Isaiam, t. ii, Paris, 1887, p. 293-295.

S. Many,

ASPHALTE. Voir Bitume,

    1. ASPHALTITE##

ASPHALTITE (LAC). Voir Morte (mer).

    1. ASPHAR##

ASPHAR (Xâxxoç’Adipâp ; Vulgate : lacus Asphar), endroit du désert de Thécué où, pour échapper aux poursuites de Bacchide, Jonathas et Simon vinrent camper avec la troupe des Juifs fidèles. I Mach., ix, 33. Thécué se retrouve aujourd’hui, avec son antique dénomination exactement conservée, dans Khirbet Teqou’a, au sud de Bethléhem. Le désert commence ainsi à deux lieues environ de cette dernière ville, et s’étend jusqu’à la mer Morte. Voilà pourquoi un certain nombre d’auteurs voient ici mention du lac Asphaltite, pensant que Xâxxoç’Auçôp est une corruption de Xâxxo ; ’AiwpaXTiTYiç. Citons entre autres Calmet, Les livres des Machabées, Paris, 1722, p. 149 ; M. de Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 4880, p. 219 ; M. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 145. -Il faut bien remarquer cependant que Xâxxoç ne signifie pas lac, mais citerne, puits. Les Septante, en effet, emploient ce mot pour traduire l’hébreu be’êr, que la Vulgate rend elle-même par « puits », II Reg., xvii, 18, 19, 21 ; bô’r, II Reg., xxiii, 15, 16, 20 ; bô’rô{, Jer., h, 13 ; bôrôf, Gen., xxxvii, 20 ; Vulgate : « citernes. » Josèphe, Ant. jud., XIII, 1, 2, racontant le même fait, emprunte l’expression de l’écrivain sacré, tandis qu’en parlant du lac Asphaltite, il dit régulièrement Xtfivyj 'A<r<pa>TÏTi< ; . Cf. Ant. jud., i, ix ; IV, v, 1 ; IX, x, 1 ; Bell, jud., i, xxxiii, 5 ; III, x, 7 ; IV, viii, 4. Il s’agit donc ici d’un de ces réservoirs d’eau si importants en Orient, et particulièrement recherchés dans les contrées désertes. Or, à une heure et demie au sud de Teqou’a, se trouve un plateau où gisent des ruines appelées Khirbet Bir ez-Za’ferâneh, c’est-à-dire « ruines du puits de Za’ferânéh (ou du safran) ». Elles consistent en quelques arasements de maisons renversées, restes d’un ancien village, qui était alimenté d’eau par plusieurs citernes creusées dans le roc. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p 149. Ne serait-il pas permis de voir dans l’arabe ez-Za’ferânéh, &M_ÂfcJI, 1’'Aaçâp du texte biblique, malgré Vain intercalé ? Cf. R. Riess, Bîbel-Atlas, Fribourg-en-Brisgau,

1887, p. 3.

A. Legendre.
    1. ASPHENEZ##

ASPHENEZ (hébreu : ’ASpenaz ; Théodotion [dans nos éditions de la Bible grecque] : ’AoçavéÇ ; Septante : ’AëiecrôpÉ [Daniel secundum Septuagintae Chisiano codice, in-f°, Rome, 1772, p. 1] ; syriaque des tétraples : jLv*d)> Abiézer [Bugati, Daniel secundum editioneni I*XX interpretum ex tetraplis desumptam ex codice syro-estranghelq, m-4°, Milan, 1788, p. 8]), un des

principaux officiers de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Dan., i, 3. L’étymologie du nom est obscure. D’après Rédiger, dans Gesenius, Thésaurus linguse hebrmm, Addenda, p. 73, il viendrait du perse ou du sanscrit, et signifierait « nez de cheval » (sanscrit : açva, « cheval ; » nasa, « nez » ). Cf. Gesenius, Hebrâisches Handwôrterbuch, 9e édit. parMùhlau et Volck, 1883, p. 79 ; d’après Hitzig, Dos Buch Daniel, in-8°, Leipzig, 1850, p. 6, le premier élément du mot’éiék, serait hébreu, et le second, naç, serait zend, et’Aipenaz voudrait dire « eunuque ». M. Halévy, Journal asiatique, août - septembre 1883, p. 282-284, croit reconnaître dans ce nom le mot perse aspandj (avec chute de Yélif initial sipandji), « hôtel, lieu où l’on reçoit les hôtes ». « L’auteur hébreu, dit-il, p. 283, aurait ainsi appliqué à l’officier qui introduisait les hôtes étrangers dans le palais royal le nom de l’asile où ceux-ci étaient reçus et hébergés. » Il est néanmoins plus naturel de demander à l’assyrien, non au perse ou au sanscrit, l’explication de ce nom babylonien. Malheureusement il est altéré. Voici comment on peut l’expliquer d’après Fr. Lenormant : « Il n’y a guère moyen de douter, dit-il, qu’un r final n’en soit tombé ; car les Septante l’écrivent en conservant cet r, mais en laissant tomber une autre lettre, ’AêieoSpf, ou, dans quelques manuscrits, ’AêvsoSpi, c’est-à-dire >itj3N. Nous avons donc, comme altérations divergentes de la forme que portait le texte original, tjsutn et >-n » ii, ce qui impose de restituer cette forme en ti : bwn ou-itj3wn (’aSpenazar ou’asbenazar), transcription rigoureusement exacte d’un mot dont on a plusieurs exemples, Assa - ibni - zir, la dame (Istar de Ninive) a formé le germe. » La divination chez le* Chaldéens, in-8°, Paris, 1875, p. 182-183. Cf. J. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. i, 1888, p. 147.

Quoi qu’il en soit de l’étymologie douteuse de son nom, Asphenez était rab sarïsîm de Nabuchodonosor. La’Vulgate a traduit ce titre par « chef des eunuques », et cette traduction a été universellement acceptée jusqu’à nos jours, d’après le sens du mot hébreu sarîs. Mais une tablette cunéiforme du British Muséum (n° 82-7-14, 3570), contenant une liste de noms, écrit ce titre rabû-sa-reêu (rabû-sa-ri-e-su), c’est-à-dire « chef des têtes ou des princes », celui qui est chargé des princes royaux. Th. G. Pinches, Rab-saris, dans Y Academy, 25 juin 1892, p. 618. Cf. H. Winckler, Untersuchungen zur altorienlalischen Geschichte, in-8°, Leipzig, 1889, p. 138.

Asphenez fut chargé par Nabuchodonosor de choisir un certain nombre de jeunes captifs d’origine juive et de race royale, destinés à être élevés dans l’école du palais royal, pour y être instruits dans la langue et les sciences des Chaldéens. Il reçut en même temps l’ordre de les entretenir et de veiller sur eux. Parmi ces enfants de Juda se trouvèrent Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. Selon l’usage du pays, Asphenez leur donna des noms chaldéens : Baltassar, Sidrach, Misach et Abdénago. De peur de violer la loi mosaïque en mangeant des viandes impures, Daniel demanda à Asphenez, pour lui et ses compagnons, l’autorisation de ne manger que des légumes et de ne boire que de l’eau. Le rab sarïsîm hésitait à le permettre, craignant que ce régime ne fut nuisible à leur santé, et appréhendant dans ce cas la colère du roi. Daniel lui proposa d’être soumis, avec Ananias, Misaël et Azarias, à une épreuve de dix jours ; il y consentit, et elle fut tout à fait à leur avantage. Dan., i, 3-15. F. Vigouroux.

    1. ASPIC##

ASPIC (hébreu : pétén, « l’animal qui se recourbe, » et’akSûb, même sens ; Septante : àainç ; Vulgate : aspis). L’aspic de notre Vulgate désigne donc deux espèces différentes de serpent, le péten et le’aksûb.

1° Le pétén est le naja ou vipère haje, le cobra des Égyptiens. C’est un ophidien de l’ordre des vipéridés, dont on connaît deux espèces : le naja tripudians, ou serpent à lunettes, qui habite l’Inde et la Perse, et le naja aspis, qui se trouve en Afrique et au sud de la Palestine Le