combien est vague et obscure cette phrase, qui reste ainsi suspendue sans verbe. Telle que nous l’avons elle est évidemment incomplète, et pour lui donner un sens il faut y ajouter quelques mots. Mais lesquels ? Le concile a-t-il voulu dire que la Vierge Marie et saint Jean ont leurs tombeaux à Éphèse ? N’a-t-iî point voulu dire simplement que cette ville contient une église dédiée à la sainte Vierge et à saint Jean ? Tillemont défend la première interprétation, mais la plupart des auteurs ont abandonné Tillemont sur ce point et ont entendu le texte de la seconde manière. Il s’ensuit donc que l’opinion qui place l’Assomption à Éphèsé n’a aucune base solide.
Saint Grégoire de Tours, saint André de Crète et saint Jean Damascène nous disent que c’est à Jérusalem que Marie rendit le dernier soupir et monta au ciel. D’après les détails dont ils accompagnent le récit du mystère de l’Assomption, on sent que ces vénérables Pères ont emprunté la plupart de leurs renseignements à un livre intitulé De transitu Mariée virginis, livre dont l’auteur s’est dissimulé sous le nom de Méliton, le célèbre apologiste du IIe siècle, mais qui, en réalité, n’a été composé qu'à la fin du v ». Voir Marguerin, Bibliothèque des Pères de Lyon, t. ii, 11e partie. L’opinion qui place à Jérusalem la mort et l’assomption de la sainte Vierge n’a donc pas, elle non plus, une autorité incontestable. Est-ce à dire que l’on doive n’en tenir aucun compte ? Non, certes. Le récit du faux Méliton dérive d’un écrit beaucoup plus ancien, et qui remonte probablement au IIe siècle ; récit entaché, il est vrai, de graves erreurs, et qui pour cela a été condamné par le pape Gélase, mais qui prouve du moins que la croyance à l’Assomption remonte aux âges les plus reculés. Benoît XIV, examinant, dans son livre Ses fêtes, les deux opinions que nous venons de résumer, n’osa prendre parti pour aucune. Il ne nous siérait pas d'émettre un avis que ce savant pape a refusé de donner. Nous dirons seulement que l’opinion qui met l’Assomption à Jérusalem est plus généralement admise aujourd’hui.
Dans tout ce qui précède, nous avons supposé que la sainte Vierge était morte, et que son assomption avait été précédée du privilège de la résurrection. Pour être complet, nous devons dire que la mort de Marie a été mise en doute par saint Épiphane, Hseres., 78 ; t. xlii, col. 716, et que le grand évêque de Salamine n’a pas voulu décider si les anges étaient allés chercher dans le tombeau le corps de leur reine, ou si, au contraire, ils l’avaient transportée au ciel avant qu’elle eût subi les atteintes de la mort. Mais, comme le remarque Baronius, saint Épiphane s’est laissé entraîner par l’ardeur de la controverse ; il a trop cédé au désir de rabaisser les hérétiques, qui rabaissaient la Mère de Dieu au rang des autres femmes. L'Église a abandonné sur ce point le grand docteur du IVe siècle, et elle affirme, dans la Messe de l’Assomption, que Marie a été soumise à la loi commune de la mort : « Subveniat, Domine, plebi tuae Dei Genitricis oratio, quam etsi pro con ditione carnis migrasse cognoscimus, » etc.
III. Histoire de la fête de l’Assomption. — Nicéphore nous rapporte, au 1. xvii, cli. xxviii, de son Histoire, t. cxlvii, col. 292, que l’empereur Maurice fixa, pour l'Église d’Orient, la fête de l’Assomption au 15 août. A la même époque (vers l’an 600), le pape saint Grégoire établissait aussi, pour Rome, la célébration de cette fête au jour fixé en Orient par Maurice. Avant saint Grégoire le Grand, l’Assomption était célébrée dans l'Église d’Occident, mais à la date du 18 janvier. C’est ce qui ressort des Martyrologes hiéronymiens, du Sacrameniaire de saint Gélase, et surtout d’un texte de saint Grégoire de Tours, De gloria martyrum, ix, t. lxxi, col. 713. Voir l’explication de ce texte dans Mabillon, Liturgia gallicana, p. 118. L'Église gallicane conserva plusieurs siècles encore cette date du 18 janvier, et ce fut seulement sous le règne de Louis le Débonnaire que la France adopta l’usage de Rome. Vers la fin du vne siècle, le pape Sergius instituait une procession pour rehausser la solennité de l’As somption. Au ix 8 siècle, le pape Léon IV donnait à cette fête une Octave. Vers le même temps, le pape Nicolas, dans une lettre aux Bulgares, nous apprend que les fidèles se préparaient par un jeûne à célébrer le 15 août. Et ainsi la fête de l’Assomption a grandi en éclat dans le cours des âges. Voir Baronius, Annales ecclesiast., ad annum 48 ; Tillemont, t. i, Notes sur la sainte Vierge ; Thomassin, Traité des fêtes, 1. ii, ch. xxj Benoît XIV, Tractatus de festis Mariée, c.vm ; Le Hir, Études bibliques, 2 in-8°, Paris, 1869, t. i, art. 3 et 4. J. Turmel.
2. ASSOMPTION DE MARIE, livre apocryphe attribué à Méliton. Voir Méliton.
3. ASSOMPTION DE MOlSE, livre apocryphe. Voir Apocalypses apocryphes, col. 759.
- ASSON##
ASSON, Act., xx, 1$1-$24. Voir Assos 1. — Asson, Act., XXVH, 13. Voir Assos 2.
1. ASSOS ("A<7<ïo< ; ), ville de Mysie (fig. 308). Saint Paul, dans son voyage de Corinthe à Jérusalem par la
308. — Monnaie d' Assos. Tête de Pallaa, coiffée d’un casque orné d’une couronne de laurier. — ij. AEEION. Griffon accroupi ; à l’exergue, u.i caducée.
Macédoine et là côte d’Asie, traversa Assos pour se rendre à Mitylène et de là à Milet. Il fut rejoint à Assos par saint Luc et ses autres compagnons, qui étaient venus d’Alexandrie de Troade dans cette ville par la route de mer. Act., xx, 13-14. Assos, ville de l’ancienne Mysie (province d’Asie), était un port situé sur la côte septentrionale du golfe d’Adrumète, en face de l’Ile de Lesbos, dont elle était séparée par un bras de mer d’une dizaine de kilomètres. Une route romaine reliait les principaux ports de la côte d’Asie. D’Alexandrie de Troade à Assos, elle coupait en diagonale la presqu'île, que devait contourner le vaisseau monté par les compagnons de saint Paul ; la distance était de trente kilomètres. Cette disposition des lieux explique que l’Apôtre a pu, à pied, faire le voyage aussi rapidement que le vaisseau, parti de Troade en même temps que lui. — Assos était autrefois une ville importante et toute grecque. Sa situation sur un rocher d’un accès difficile en faisait une place très forte. Ses restes sont encore magnifiques (fig. 309) ; plusieurs archéologues, Texier, Clarac, Fellows, Choiseul-Gouffier, Clarke, les ont décrits et reproduits. « De nombreuses colonnes finement sculptées et de la plus belle époque, une rue des Tombeaux, des remparts en blocs de granit, reliés sans ciment, intéressent les touristes. La porte par laquelle Paul entra dans la ville est toujours debout. De la mer on voit l’acropole, autour de laquelle la ville était bâtie. » Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, t. iii, p. 169. Il existe sur Assos trois monographies : Quandt, De Asson, Ratisbonne, 171Ô ; Amnelle, De "Ao-ow, Upsal, 1758, et Jos. Thacher, Report on the investigations at Assos, Clarcke, in-8°, Boston, 1882. — Le bourg qui occupe l’emplacement de l’ancienne ville s’appelle aujourd’hui Behram-Kalessi.
E. Jacquier. 2. ASSOS, ville de Crète. Elle n’est mentionnée dans notre version latine que par suite d’une fausse traduction. Au chap. xxvii, 13, des Actes des Apôtres, nous lisons dans la Vulgate : Cum sustulissent de Asson, legebant Cretam, « Quand ils eurent levé l’ancre d’Assos, ils côtoyaient la Crète. » Le navire que montait saint Paul pri-